Maria Pedrosa obtient une licence en science politique en 2008. Dès le début de sa formation, elle choisit des cours de sociologie politique, sociologie du travail et qui traitent de la migration. A côté de ses études, elle est active comme bénévole dans plusieurs associations d’aide aux migrants et intègre une jeune association "Franc parler" à Renens : cette dernière propose dans un premier temps des cours de français, mais elle élargit peu à peu son panier de prestations et sous l’impulsion de Maria, des activités nouvelles voient le jour comme des cours de couture donnés par des migrantes en échange de cours de français. Maria doit travailler pour financer ses études. Elle combine donc études, bénévolat et jobs (serveuse, vendeuse) durant 6 ans.
Elle effectue son mémoire de licence dans le domaine pour lequel elle se passionne, la migration, et plus précisément sur le sentiment d’appartenance collective dû à l’accès au droit de vote au niveau communal. Ce travail lui permet de rencontrer des migrants de longue date et de se frotter aux réalités liées à l’intégration.
La période de la fin des études, le passage à l’emploi
A la fin de ses études, Maria n’a pas de travail. Sa licence en poche, elle s’inscrit au chômage et cherche un emploi dans la migration ou le développement, et vise par conséquent les associations et les ONG. Elle propose à sa conseillère ORP d’être inscrite dans un emploi temporaire subventionné (une mesure d’insertion qui n’existe plus aujourd’hui). Elle reçoit très vite des offres d’associations et d’ONG intéressées par son profil et est engagée par l’Entraide protestante suisse (EPER). L’EPER déploie ses activités dans deux directions : le développement international et l’intégration. Maria est engagée pour travailler plus particulièrement dans le cadre du Service d’aide juridique aux requérants d’asile, mais s’occupe également d’autres projets liés à la migration en Suisse.
Son rôle consiste à mettre en contact des requérants avec des juristes. Elle participe aussi à deux projets de l’EPER : tout d'abord, elle est chargée d’évaluer une action de prévention des maladies sexuellement transmissibles auprès de femmes migrantes (il s’agit de cours collectifs donnés par une psychologue et une travailleuse sociale). Puis elle fait des statistiques pour le service administratif Chèques-emploi (service qui s’adresse aux personnes travaillant dans l’économie domestique et qui doit leur faciliter l’accès à une couverture sociale).
Elle constate que ses études en science politique l’aident énormément pour ces deux activités car, comme pour le travail de mémoire, elle doit définir des objectifs, déterminer les critères à évaluer et les modalités d’évaluation, faire des statistiques, rédiger des rapports, etc.
Ses activités auprès de l’EPER ont permis à Maria de rencontrer des personnes dont les expériences professionnelles variées lui donnent des idées pour la suite de son propre parcours : dans le cadre de Chèques-emploi, elle a fait la connaissance d’une juriste qui avait travaillé dans les syndicats. Maria se renseigne alors sur les syndicats en Suisse. Elle remplace encore deux mois son encadrant de stage tombé malade. Pendant ce temps, sa collègue juriste apprend qu’un poste se libère au Syndicat des services publics (SSP) et elle en parle à Maria.
L’entretien d’embauche
Les secrétaires syndicaux sont engagés uniquement s’ils sont élus à l’unanimité par le comité. Il est composé de militants et travailleurs des secteurs dont s’occupe le syndicat, tous susceptibles de poser des questions au candidat. Ce type d’entretien d’embauche exige par conséquent une préparation extrêmement poussée.
Durant l’entretien d’embauche, Maria peut mettre en avant tous les petits boulots qu’elle a eus pendant ses études, le fait qu’elle a travaillé quatre ans dans un magasin, qu’elle a eu des contacts avec des travailleurs dans des secteurs variés. Le comité relève qu’elle a su mener de front des activités différentes pendant ses études, qu’elle sait donc faire preuve d’organisation, de flexibilité et de résistance au stress, autant d’atouts pour travailler pour un syndicat. Enfin, durant l’entretien d’embauche, elle pose énormément de questions, montrant par là qu’elle s’est renseignée sur les activités du syndicat et qu’elle s’y intéresse véritablement, attitude qui est très appréciée par les membres du comité.
Son travail au Syndicat des services publics (SSP)
Maria travaille depuis novembre 2009 comme secrétaire syndicale auprès du SSP. Elle s’occupe du secteur de la Santé et du secteur de l’enfance. Elle a dû se familiariser avec la législation du travail, le code des obligations, le droit privé, public, etc. Ses activités concernent la défense individuelle et la défense collective. Si la défense individuelle exige une très bonne capacité d’évaluation, la défense collective implique des aptitudes à l’organisation de collectifs et à la négociation. Comme secrétaire syndicale, Maria est aussi très exposée au public puisqu’elle est amenée à rédiger des communiqués de presse et à participer à des conférences de presse, mais aussi à organiser des actions de mobilisation.
Quelques conseils
Maria s’est rendu compte que les employeurs ne savent pas toujours en quoi consiste la formation universitaire en sciences humaines. Il faut donc se préparer à parler du contenu des études, à expliquer ce qu’on sait faire, en quoi le poste et la formation sont liés, ce qu’on peut apporter au poste. Même si elle devait travailler pour gagner sa vie comme étudiante, Maria a aussi privilégié les activités bénévoles durant ses études. Elle a gardé des contacts avec les personnes qu’elle avait rencontrées et elle a pu bénéficier de leurs conseils et de leur propre réseau à des moments importants de son parcours.