Description de la présentation
La finalité de formation d'un acteur social modifie fondamentalement la question de l'autonomie (qui est celle de la compétence d'apprentissage) en didactique des langues-cultures : un citoyen doit être tout autant autonome que solidaire, et une action sociale sur la société elle-même ne peut s'envisager que collectivement ‒ d'où la place des partis politiques, syndicats et autres associations dans les sociétés démocratiques ‒ (cf. 2010f en bibliographie). La question de l'autonomie doit donc être considérée désormais dans une relation complexe avec l'hétéronomie, et on proposera à ce propos un modèle intégrant sept modes possibles de mise en relation de ces deux bornes : l'opposition, le continuum, l'évolution, le contact, la récursivité, l'instrumentalisation et l'encadrement (cf. 1998f et 2005c).
La question culturelle est elle-aussi modifiée fondamentalement : l'agir social implique en effet la prise en compte d'une série de dimensions exactement opposées à celle de l' « agir touristique » sur lequel se fondaient les auteurs des Niveaux Seuils du début des années 70, et à la suite les concepteurs de l'approche communicative : répétitif vs inchoatif, duratif vs ponctuel, imperfectif vs perfectif, collectif vs individuel (cf. 2010j). On sait qu'à la problématique interculturelle, le Cadre Européen Commun de Référence pour les Langues ajoute celle du pluriculturel, à laquelle il faut rajouter à mon avis une troisième, spécifique à la mise en œuvre de la perspective actionnelle, et que j'appelle « co-culturelle » : un acteur social ne peut se contenter en effet de respecter les différences, il doit impérativement, s'il veut agir efficacement avec les autres, construire avec eux des ressemblances (cf. 2002b), c'est-à-dire une co-culture créée et partagée par et pour l'action collective, que celle-ci soit l'activité d'une entreprise ou un projet de société. En fait, la finalité de formation d'un acteur social amène à prendre en compte désormais la totalité des composantes de la compétence culturelle qui ont été successivement privilégiées au cours de l'évolution de la didactique des langues-cultures depuis un siècle : trans-, méta-, inter-, pluri- et co-culturelles (cf. 2010c).
Au croisement de ces deux nouvelles approches de la compétence d'apprentissage et la compétence culturelle se situe la question de la culture commune d'enseignement-apprentissage, qui dépasse celle des « stratégies individuelles d’apprentissage » de l’approche communicative, et sur les enjeux de laquelle nous nous interrogerons collectivement au cours de la discussion suivant mon intervention. On pourra déjà, avant cette journée pédagogique du 2 avril 2011, consulter à ce sujet le texte de l’une de mes conférences données en 2010 (cf. 2010e).