Aujourd’hui professeur ordinaire à l’Institut de géomatique et d’analyse du risque (IGAR), le géologue lausannois se définit prioritairement comme environnementaliste : «J’aime la recherche fondamentale, mais il faut pouvoir en tirer des applications utiles. Une des préoccupations de notre institut est d’être impliqué dans la société.» Le programme de recherche européenne SafeLand (domaine Cooperation- Environnement) auquel participe l’institut s’inscrit parfaitement dans ce cadre.
Sous la houlette du coordinateur, le Norwegian Geotechnical Institute (NGI), 25 partenaires, académiques et sociétés privées, mènent une recherche globale sur les glissements de terrain en Europe. L’étude comporte de multiples volets, notamment l’incidence des précipitations intenses sur les glissements de terrain, le calcul de risques liés aux mouvements de versants, les systèmes d’alerte, le suivi sur le terrain, l’implication de l’homme. Quelques sites à hauts risques, autrichiens et italiens entre autres, ont servi de modèle. Par ailleurs, le professeur Jaboyedoff relève que le rapport d’étude concernant la détection, la cartographie et la caractérisation des mouvements de versant remis par son groupe a été très remarqué. L’Institut de géologie du Canada a souhaité acquérir cet outil de travail.
Un deuxième projet engage l’Institut de géomatique et d’analyse du risque dans une étude européenne. Une doctorante du Myanmar, Zar Chi Aye, a décroché une bourse Marie Curie (domaine People - ITN) et rejoint la douzaine de jeunes chercheurs du réseau CHANGES. Il s’agit d’abord de faire une analyse de risque en ce qui concerne les inondations et les glissements de terrain, de mesurer l’impact de ces dangers sur les populations et au final, de mettre en œuvre une planification territoriale. La doctorante birmane s’occupera de mettre en place une application sur le web indispensable à la gestion d’une base de données permettant de faire des calculs de risques et d’établir des outils d’aide à la décision.
La participation de l’IGAR à des projets d’envergure atteste de son label de qualité scientifique et le hisse aux côtés des meilleurs groupes européens. C’est doublement valorisant pour le jeune institut, créé en 2004 seulement. Toutefois à l’automne 2012, l’IGAR sera fondu dans une nouvelle entité à l’occasion d’une restructuration de la Faculté des géosciences et de l’environnement. Au grand dam de l’environnementaliste, enseignant à l’Institut depuis mars 2005.
Lui qui, enfant, s’imaginait volcanologue, parcourant le monde sur les traces d’Haroun Tazieff, a suivi toute sa formation à Lausanne, jusqu’au doctorat. «J’ai défendu ma thèse à 37 ans, alors que j’avais déjà un enfant de 5 ans», remarque-t-il. Son parcours professionnel s’inscrit à la fois dans le monde académique (UNIL et EPFL) et dans celui des entreprises privées. Il a travaillé durant 10 ans au sein d’une entreprise (Sorane SA) active dans le domaine de l’énergie et de l’informatique, parallèlement à la rédaction de sa thèse. Aujourd’hui spécialiste des dangers naturels, cet ancien géologue à l’esprit entrepreneurial a mis sur pied, en 2003, la Fondation Quanterra. Il a également multiplié les recherches appliquées pour le compte du CREALP (Centre de recherche sur l’environnement alpin). Créatif, sportif (judoka, ceinture noire 1er dan), le professeur au caractère bien trempé qui se qualifie d’ «assez impulsif», espère trouver un jour le temps d’écrire un essai sur l’environnement. Il est intarissable sur les solutions possibles en matière d’économies d’énergie.
Marie-Françoise Macchi