Avec cette présentation, le conférencier évaluera la pertinence d’outils numériques pour certains aspects de l’écriture romanesque, en se concentrant sur deux questions de recherche : Un écrivain peut-il composer des romans plus "optimaux" que ceux qu’il a déjà publiés s’il a à sa disposition des outils adaptés ? Un écrivain change-t-il sa manière d’écrire quand il sait comment il est lu ?
Dans tout processus créatif, les outils utilisés ont une influence immédiate sur le façonnement du produit final. Pourtant, si la révolution numérique a remodelé la plupart des domaines créatifs dans les dernières décennies, son impact sur la littérature a été moindre. Ce travail évalue la pertinence d’outils numériques pour certains aspects de l’écriture romanesque, en se concentrant sur deux questions de recherche : Un écrivain peut-il composer des romans plus "optimaux" que ceux qu’il a déjà publiés s’il a à sa disposition des outils adaptés ? Un écrivain change-t-il sa manière d’écrire quand il sait comment il est lu ?
Ce travail est une étude participative multidisciplinaire, impliquant activement l’écrivain suisse Daniel de Roulet, dans l’établissement de mesures, de visualisations et d’outils numériques visant à faciliter le processus de réorganisation du matériau narratif à la façon d’un logiciel de montage vidéo. Nous avons développé et testé plusieurs outils d’analyse et de visualisation, dont les résultats ont été interprétés et utilisés par l’auteur pour recomposer une saga à partir de textes précédemment publiés sur une période de vingt-quatre ans. Sur la base de cette recherche, nous avons mis en ligne Saga+, un outil d’édition, de publication et de lecture. Cette plateforme a été mise à la disposition de tiers pour l’amélioration de textes existants, résultant en de nouveaux romans déjà mis à disposition du public.
Alors que beaucoup de chercheurs ont étudié la structuration de textes à travers des méthodes statistiques globales ou des analyses micro-syntactiques, nous démontrons que par la visualisation et l’interactivité à un niveau d’organisation intermédiaire, les écrivains peuvent agilement manipuler leurs propres textes. En intégrant des statistiques de lecture à cette nouvelle information structurelle, les auteurs peuvent également commencer à approcher la question de l’optimalité de leur écriture, comme cela se fait déjà dans d’autres industries médiatiques. L’introduction d’outils de ce genre, visant à une composition optimale, ouvre de nouvelles perspectives aux écrivains ainsi qu’un débat controversé autour du futur de la littérature.