Les après-attentats : des mémoriaux éphémères de la rue aux archives de la ville

S’intéressant à différentes formes de configuration qui mobilisent des imbrications complexes d’expériences affectives, Claude Grin a commencé une enquête ethnographique sur les formes de ritualisation qui ont pris place sur les lieux des attentats de 2015 et 2016 en France. Des mémoriaux éphémères ont été constitués par des dépôts de fleurs, de bougies, de mots écrits, de dessins ou de peluches sur les lieux des attentats mais aussi devant des mairies ou sur la Place de la République à Paris. Les destins matériels et symboliques de ces objets, et plus particulièrement des écrits et des dessins, en changeant de contexte temporel ont connu des changements d’usage. Ils connaissent une appropriation mémorielle par des actes de patrimonialisation sous forme d’un collectage et d’un archivage par plusieurs institutions archivistiques ou muséales françaises. Ils connaissent aussi une autre forme d’appropriation par les acteurs sociaux des quartiers où se sont déroulés les attentats, qui réagissent au-delà du traumatisme de l’événement, en maintenant ou en réinscrivant des traces mémorielles dans l’ordinaire de l’espace du quotidien. Ces différents mouvements relèvent de temporalités et d’enjeux différents dont l’analyse me semble particulièrement féconde pour comprendre les dynamiques sociales et leurs ambivalences dans l’après de ces événements.