Colloque international
Les photographies tendent à exister en masse. Éléments moteurs de la consommation de masse, elles ont, dès l’invention du médium, amené l’industrie à développer de multiples instruments pour accélérer la production, le stockage et la diffusion des images, de la bobine de film à la carte mémoire, des appareils de petit format aux caméras numériques, en passant par la chronophotographie, le bélinographe, l’impression rotative, etc. En parallèle, nombre de techniques et de standards ont dû être mis au point ou adaptés à la photographie pour gérer, organiser et tirer parti de collections sans cesse croissantes : on peut penser aux catalogues iconographiques, aux registres, aux fichiers, aux systèmes de classification de bibliothèques, aux banques d’images, aux algorithmes, ou aux divers instruments de juxtaposition d’images comme les planches-contact ou les atlas. Dans certains cas, la photographie peut y constituer l’objet même de la collection, dans d’autres, elle agit plutôt comme l’outil permettant de rassembler et de donner accès à des matériaux provenant de sources très diverses, comme c’est le cas avec le microfilm, par exemple. Aujourd’hui, la nouvelle « indicialité » de la photographie numérique (André Gunthert) fournit des outils supplémentaires pour saisir les images et associer des données à elles, et pour offrir ainsi de nouveaux moyens de gérer et de donner accès à de grandes quantités d’images dans l’espoir de générer de nouveaux savoirs à partir d’elles.
Ce colloque entend réunir des contributions qui abordent l’histoire de la photographie avant tout comme l’histoire de la collecte, du traitement et de la production de vastes ensembles de données visuelles. Que peut-on apprendre d’une approche de la photographie qui ne la réduise ni aux seules pratiques artistiques ou amateurs, ni à des ensembles limités d’images individuelles, mais l’envisage comme une technologie de l’information ? Que peut-elle apporter aux recherches actuelles menées sur les dimensions scientifiques et pédagogiques du médium ?
Colloque international organisé par Estelle Blaschke, Olivier Lugon et Davide Nerini (Lettres UNIL : Section cinéma/SHC/CdH)
Atelier doctoral, Vendredi après-midi, 17 novembre 2017 / Université de Lausanne
L’atelier du programme doctoral en Etudes numériques de l’UNIL se propose de poursuivre les réflexions sur l’histoire de la gestion d’images en grand nombre développées pendant le colloque (jeudi 16 novembre et vendredi 17 novembre au matin) par une série de présentations de recherches doctorales en cours mobilisant à un degré ou à un autre les humanités numériques. Il mettra l’accent sur des exemples concrets de travaux personnels engageant ou souhaitant engager la photographie ou toute autre donnée visuelle, qu’ils impliquent une interrogation sur l’organisation des banques d’images, l’utilisation ou le développement d’algorithmes pour le traitement automatisé de données iconographiques, la visualisation de l’information, etc.
Ouvert aux doctorants et doctorantes inscrits au programme doctoral en Etudes numériques de l’UNIL, avec ou sans connaissances techniques préalables, ainsi qu’à ceux de la Faculté Informatique et communications de l’EPFL, il prendra la forme de présentations informelles d’une quinzaine de minutes et de plages de discussion faisant dialoguer doctorants et invités du colloque, historiens, théoriciens ou ingénieurs. Bilingue français-anglais, l’atelier sera ainsi l’occasion de croiser travaux de sciences humaines et recherches en informatique et systèmes de communication afin de proposer un moment de réflexion collective interdisciplinaire autour d’exemples pratiques et de questionnements méthodologiques soulevés par les thèses en cours.