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Colloque : "Les voix de l'interaction"

Deux journées d'études interdisciplinaires organisées conjointement par l'Institut des sciences sociales et l'Institut de Psychologie qui visent à mettre en commun des réflexions tout à la fois théoriques et méthodologiques qui sont restées jusqu’à présent disjointes

Publié le 31 août 2017
Lieu
Amphimax, 414
Format
Présentiel

En sociologie comme en psychologie, l’étude des interactions se trouve face à un double défi analytique. D’une part, elle ne peut ignorer les rapports sociaux et les contextes institutionnels, bien souvent asymétriques, qui configurent d’emblée les échanges et instaurent un cadre prédéfini dont témoignent l’ordonnancement des corps et le réglage minutieux des marqueurs cérémoniels, qu’ils soient linguistiques, gestuels ou spatiaux. Privilégié à outrance, ce type de perspective risque, cependant, de faire de l’interaction le relais de l’actualisation docile, dans une situation donnée, de l’état des positions sociales. D’autre part, l’étude des interactions doit prendre en compte le jeu dynamique des positionnements énonciatifs, des constructions dialogiques et des déplacements pronominaux qui ébranlent hic et nunc le système de places préétablies et créent une nouvelle communauté de sens et de référence. L’insistance sur « l’épaisseur interactionnelle » et les ajustements réciproques risque, toutefois, d’aboutir à une conception idéalisée des interactions, qui ne connaîtraient que la félicité et ignoreraient le devoir, le savoir et le pouvoir. Le double défi analytique que doit relever l’étude des interactions consiste ainsi à rendre compte de la dimension structurelle des échanges sans pour autant faire des interactants les suppôts désincarnés d’un ordre qui échapperait à leur volonté et à leur action.

Afin de relever ce double défi analytique et d’éviter aussi bien l’écueil d’un ordre interactionnel sans sujets que celui des relations intersubjectives sans structure, ces journées d’étude se proposent de déployer différentes approches qui répondent, chacune à leur manière, à un même pari théorique et méthodologique : seule une analyse fine du déroulement endogène des interactions est à même de saisir le flot des « voix », des autorités et des personnages que les individus « présentifient », invitent ou imposent sur la scène de l’interlocution. Les interactants, loin de tenir « en place », passent leur temps à sortir de « l’entre-nous » de l’interaction pour convoquer des êtres, humains et non-humains, dont ils se font les porte-parole plus ou moins autorisés. Ces voix multiples « disloquent » la nature locale de l’interaction ; non seulement elles « débordent » ses frontières spatiales et temporelles, mais elles s’inscrivent dans un maillage serré de renvois interdiscursifs et de reprises polyphonique qui « dilatent » ou au contraire rétrécissent les contours de l’interaction.

Bien entendu, la pluralité des voix n’est pas illimitée ; elle est limitée par des dispositifs interactionnels qui mobilisent les sens, orientent les conduites et instaurent des frontières entre les voix d’emblée légitimes et celles qui dépendent des interpellations fluctuantes et des instanciations obliques dont elles font l’objet. En chaque interaction se rejoue alors un enjeu micro-politique : celui de la délimitation des voix crédibles ou appropriées qui peuvent être relayées sur la scène interactionnelle. Parmi les voix qui ont, précisément, voix au chapitre, la plus importante est sans doute celle du « sujet » lui-même, tout au moins s’il se définit comme celui qui manifeste sa « capacité à se poser comme un sujet », que ce soit par ses paroles, ses jugements ou ses actions. La référence à un je ne pouvant se faire qu’en relation à un tu et à un nous, c’est au niveau interactionnel que se situe l’acte performatif par excellence qu’est le « faire sujet ». L’ordre de l’interaction est ainsi le lieu de la subjectivation et de l’affirmation de soi ; mais il peut aussi être celui de l’effacement énonciatif, de la dépersonnalisation et des arguments d’autorité.

Qu’elle soit « débordée » par « l’au-delà » des dispositifs dans lesquels elle s’inscrit ou « par l’en-deçà » des processus de (re)subjectivation, l’interaction déploie ainsi un espace dense, peuplé d’instances énonciatives et d’agrafes narratives mais aussi de sensations et d’émotions, qui nécessite une enquête interdisciplinaire. C’est à une telle enquête, éminemment collective, que ces journées d’étude se proposent de contribuer.


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