Intervention de l'Institut Social et Coopératif de Recherche Appliquée (ISCRA) dans le cadre d'une conférence
Description :
L’apparition de l’Islam comme une question sur les scènes nationales européennes, depuis les années 1980, a crée un profond malaise. Elle a traduit, en France, les effets de l’impensé de l’installation définitive des populations coloniales et post-coloniales, et une forme de déni persistant de la question immigrée, comme si le problème du « statut de l’autre » ressurgissait avec une grande acuité 50 ans plus tard.
Les controverses, parfois violentes autour de l’Islam, les injonctions et discriminations à l’égard de ceux qui se retrouvent désignés comme « musulmans », les tentatives régaliennes d’organiser des autorités religieuses représentatives, reflètent plus largement l‘hésitation et l’évolution des modèles de laïcité européens et réactualise le problème posé par la difficulté à concilier les libertés de conscience et de culte avec la représentation normative que s’en font l’Etat et la société dans sa dimension majoritaire.
La « visibilité » nouvelle de l’Islam vient rappeler que toute sécularisée qu’elle se pense la société européenne n’a pas évacué la question de la religion. En France, l’idée d’universalisme revient en réaction comme défense face à ce qui est perçu comme une remise en cause du modèle français de citoyenneté.
En s’appuyant, sur les cas français et suisse en particulier, l’anthropologue Mondher Kilani plaidera pour un universalisme critique, c’est-à-dire « déconfessionnalisé », approprié et renouvelé, dont il décrira les contours et les implications concrètes pour les citoyens.