Journée d'études organisée par Sélim Smaoui.
Cette rencontre a pour but de réfléchir ensemble aux conditions méthodologiques et institutionnelles qui donnent vie à une sociologie des situations d'après-violence politique. Quel est l'objet d'une telle sociologie ? Ce périmètre d'analyse se caractérise d'abord par la temporalité étudiée. Il ne s'agit non pas de rendre compte du "passage" à la violence (C.Browning, 1992 ; H.Welzer, 2008), ou d'analyser la violence "en situation" (R.Collins, 2008), mais d'étudier les mobilisations collectives, interventions expertes et politiques publiques qui se déploient au lendemain d'un conflit violent (guerres civiles, répressions dictatoriales, crimes de masse). Dans ce cadre, et ensuite, le sociologue est soucieux d'opérer une rupture méthodologique. Celle de considérer que le fait violent ne fixe pas, par lui-même, des critères à partir desquels il doit être interprété. Refusant de dresser un continuum entre l'effectivité de l'acte violent et les manières dont il va être socialement traité (Latté, 2012), le sociologue de l'après-violence préfère porter son attention sur des jeux sociaux qui se déploient après-coup. Son objet est d'analyser les activités des différents médiateurs qui "qualifient" la violence et ses effets, de repérer les multiples normes (morales, juridiques, scientifiques, médicales, psychologiques...) qui sous-tendent ce travail d'interprétation, de sorte à mieux retracer les logiques qui innervent le traitement (militant, expert, institutionnel) de la violence perpétrée. Ce faisant, et enfin, le sociologue de l'après-violence s'intéresse à un processus proprement politique : l'institution conflictuelle d'un ordre politique, qui prétend conjurer la violence et réguler les conduites des gouverné.e.s.