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Cacophonies de l'acritique. Enquêter sur les "contestations régressives"

La montée de partis nationalistes, de mouvements démagogiques, de gouvernements autoritaires, mais aussi du repli, de la brutalité et du mensonge politiques, évoquent souvent l’idée d’un « retour en arrière » : la « régression » serait le signe de notre présent. S’y déploient en effet des contestations s’élevant contre certains d’aspects de la réalité actuelle sans renouer avec les principes de progrès et d’émancipation auxquels la critique sociale se rattache. Ce colloque s’attachera à mieux connaître et comprendre ces « contestations régressives » et cet « âge de la régression » à travers l’examen des critiques qui s’y font entendre.

Publié le 19 sept. 2019
Lieu
Château de Dorigny, 106
Format
Présentiel

On assiste actuellement à la montée de partis nationalistes, de mouvements démagogiques, à l’élection de gouvernements versés dans l’autoritarisme, autant d’acteurs qui cultivent le repli sur soi, le rejet de l’altérité, le mensonge et la brutalité, le tout asséné par un discours d’une véhémence assumée. Ces discours portent une contestation. Certaines de ces contestations respirent la nostalgie d’une grandeur passée (syndrome du « making great again », du « angry white man ») tout en appelant à une prétendue nation « souche » souveraine, antérieure à la société multiculturelle. Elles poussent à revenir sur les avancées de l’égalité entre hommes et femmes, s’insurgent contre la reconnaissance des sexualités et les droits des minorités sexuelles, forcent à défaire les maigres avancées démocratiques de ces dernières décennies. Ces quelques éléments composent le tableau sinistre des « contestations régressives », à savoir des critiques d’aspects de la réalité sociale sans renouer avec les principes de progrès, de réflexivité, d’intelligence du jugement, ou encore d’émancipation, auxquels la critique sociale se rattache.

Pour beaucoup ces tendances marquent un « retour en arrière ». Le thème de la « régression » s’offre aujourd’hui comme un cadre d’intelligibilité de cette situation contemporaine. Loin d’encourager à brosser un portrait noirci de cette dernière, ce colloque entend se donner les moyens de connaître et de comprendre cet « âge de la régression », et de saisir les critiques qui s’y développent. Le « retour en arrière » n’est d’ailleurs pas le seul principe notoire de ces contestations, car elles se font souvent en référence aux principes d’égalité, de liberté, de démocratie qu’elles contribuent à saper objectivement.

Les « contestations régressives » peuvent d’ailleurs prendre la forme attrayante de la critique et sembler « subversives » dans leur apparence première. Ont-elles à voir, cependant, avec la critique ? A s’en tenir au sens même de l’idée de critique (du grec κρι ́τικος « qui juge les ouvrages de l’esprit » ou qui « estime »), à laquelle sont associées l’estimation, le jugement, la capacité réflexive, tout incite à s’en dissuader. Car la critique, c’est la contestation de « ce qui est », l’estimation de ce dernier au nom d’une avancée vers un « mieux », défini en termes moraux, politiques, intellectuels, et donc articulé à l’émancipation individuelle et collective. Au contraire, les « contestations régressives » concourent à une « cacophonie de l’acritique » – à des « mauvaises voix », là encore, du grec kakos, mauvais, et phone, voix – témoignant de liaisons difficiles à expliciter parce qu’elles sont soit sciemment occultées, soit difficilement dicibles.

Diverses modalités de ces « contestations régressives » peuvent devenir des objets d’enquête - dont un des buts est, entre autres, d’expliciter leur structure sous-jacente, de faire voir leur agenda tacite et d’éclaircir le brouillage normatif et idéologique qu’elles alimentent. Il s’agit de comprendre comment elles se formulent, s’organisent et se déploient pour en saisir les termes - et leur opposer une critique sociale avisée. Quels outils développer pour s’orienter dans ces « cacophonies de l’acritique » ? Comment en décoder l’agenda, en lire le « double–fond » sous leur surface énonciative ? Comment les distinguer de la critique « progressiste » ? Le « code » sous-jacent aux « critiques régressives » peut-il être mis au jour pour défaire les possibles attachements discursifs, et tenter de se prémunir contre l’adhésion d’audiences élargies à ces stratégies régressives ? Comment les sciences sociales peuvent-elles s’armer d’un programme de recherches sur les modalités pragmatiques et rhétoriques de ces « contestations régressives » ?


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