Conférence ouverte à toutes et à tous
Depuis le milieu des années 1990, les observateurs et les acteurs du champ scientifique ont commenté (ou critiqué) les nombreuses facettes d’une transformation majeure des conditions structurelles de la pratique scientifique, notamment marquée par l’arrivée dans le système de recherche de l’idéologie de la « gestion des connaissances » avec son insistance sur les mesures quantitatives d’évaluation de la productivité et de « l’impact » de la recherche universitaire.
Passé en trente ans du statut d’unité de connaissance, au rang d’unité comptable, l’article scientifique sert aujourd’hui à évaluer les chercheurs et les organismes de recherche (départements, laboratoires et universités), faisant de la structure actuelle du champ de production scientifique le résultat des interrelations complexes de différentes séries causales qui ont convergé pour transformer la fonction sociale des revues savantes et des articles scientifiques, les rendant conformes aux idéologies du New Knowledge Management » et de l’ « Audit Society ».
Ce sont ces transformations qu’Yves Gingras analyse dans son article « Les transformations de la production du savoir : de l’unité de connaissance à l’unité comptable » en axant notamment sur l’analyse de forces ayant mené à la transformation de l’article en unité comptable, processus qui a aussi stimulé la création de revue dites « prédatrices » et favorisé les comportements déviants de la part des chercheurs et des institutions atteintes par la fière de l’évaluation.
Yves Gingras (https://professeurs.uqam.ca/professeur/gingras.yves/) est professeur à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) depuis 1986. En 1997, il cofonde l’Observatoire des sciences et des technologies, dont il est le directeur scientifique. L’OST est un organisme dédié à la mesure de la science, de la technologie et de l’innovation, qui est rattaché au Centre interuniversitaire de recherche sur la science et la technologie (CIRST). Après quinze années passées au CIRST, il en devint le directeur en 2001. Quatre années plus tard, il quitta la direction du centre afin de pouvoir se consacrer entièrement à sa Chaire de recherche du Canada en histoire et sociologie des sciences.