Dans le cadre des ateliers du semestre d'automne, le THEMA a le plaisir d'annoncer la conférence de Clio Devantery (UNIL).
Une photographie ne nait pas icône, elle le devient en raison du sens, mais surtout de la valeur que les acteurs lui allouent. Cette remarque bien qu’élémentaire est fondamentale. En plus de démystifier la photographie, de lui enlever ses composantes « magiques », elle rappelle le rôle des acteurs dans la construction de l’objet « photographie icône ». Car, bien que l’usage de ce terme soit aujourd’hui intégré, il est le résultat d’un long processus d’acculturation. Sous cet attribut se cache une pluralité d’acceptions qui en plus de renseigner sur la nature de l’objet, permettent d’en comprendre le caractère polysémique. Aujourd’hui utilisé pour qualifier certaines photographies issues en majorité du photojournalisme d’actualité, le terme icône accorde un caractère exemplaire aux images qu’il désigne. Attribué aux photographies ayant « marqué notre temps », ce qualificatif est producteur de valeurs. Ainsi, travailler sur les photographies icônes revient à travailler sur une catégorie valorisée et valorisante. C’est pourquoi, en vue de comprendre comment cette catégorie s’est créée, comment elle a acquis de l’importance mais aussi comment elle s’est, au cours du temps, transformée, il est question d’interroger les « modalités d’attribution de la valeur » ainsi que les « actes d’évaluation et de justification » qui les sous-tendent. (Heinich, 2017).