Table ronde CRHIM - Le (néo)libéralisme en échec?
Sabine Pitteloud est maître-assistante en histoire économique et sociale à l’Université de Genève où elle a obtenu son doctorat en juillet 2019. Auparavant au bénéfice d’une bourse Doc. Mobility, elle a réalisé des séjours de recherche à la Humbolt Universität Berlin et à la New School for Social Research New York. Ses recherches portent sur le rôle politique et institutionnel des entreprises. Elle a notamment étudié la mobilisation politique des multinationales helvétiques pour créer des cadres législatifs favorables à leurs opérations en Suisse et à l’international. Son nouveau projet postdoctoral porte sur le rôle des groupes d’intérêts économiques dans l’implémentation de normes environnementales.
Sabine Pitteloud is a lecturer in economic and social history at the University of Geneva where she obtained her PhD in July 2019. Previously with a Doc. Mobility fellowship, she completed research stays at the Humbolt Universität Berlin and at the New School for Social Research New York. Her research focuses on the political and institutional role of companies. In particular, she has studied the political mobilisation of Swiss multinationals to create favourable legislative frameworks for their operations in Switzerland and internationally. Her new postdoctoral project focuses on the role of economic interest groups in the implementation of environmental standards.
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Ludovic Iberg est assistant doctorant depuis 2017 à l’Institut d’études politiques (IEP) de l’Université de Lausanne, membre du Centre d’histoire internationale et d’études politiques de la mondialisation (CRHIM) ainsi que de l’Observatoire des élites suisses (OBELIS). Actuellement au bénéfice d'une bourse Doc. Mobility à l'Université de Lyon, il réalise une thèse en histoire internationale qui se focalise sur la lutte du patronat suisse au cœur des réseaux européens en faveur d'une Europe libérale entre 1958 et 1984.
Ludovic Iberg has been a doctoral assistant since 2017 at the Institute of Political Studies (IEP) of the University of Lausanne, member of the Centre for International History and Political Studies of Globalisation (CRHIM) and of the Observatory of Swiss Elites (OBELIS). Currently in receipt of a Doc. Mobility scholarship at the University of Lyon, he is writing a PhD thesis in international history which focuses on the struggle of Swiss employers at the heart of European networks in favour of a liberal Europe between 1958 and 1984.
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Résumé / abstract :
Les ambassadeurs helvétiques privés du tournant néolibéral (années 1970-1980)
La crise économique des années 1970 amorce un processus de fort accroissement de l’inégalité dans la répartition des richesses en Suisse et au niveau international. Dans la plupart des pays industrialisés, la réponse des gouvernements à cette crise va se traduire par la mise en place de politiques socio-économiques néolibérales en rupture avec l’orientation keynésienne qui a caractérisé les « Trente Glorieuses ». Cette table ronde se concentre sur les efforts des grandes entreprises suisses et de leurs associations patronales pour diffuser leurs intérêts « néolibéraux » et remettre significativement en cause, au tournant des années 1970, les relations entre employeurs et salariés forgées durant la période de forte croissance de l’après-guerre. À l’aide d’archives historiques, il s’agit notamment de rediscuter le caractère inéluctable du triomphe du néolibéralisme dans le dernier quart du XXème siècle. Les sources privées ainsi que diplomatiques révèlent en effet les inquiétudes des cercles économiques face aux demandes sociales pour davantage d’interventionnisme étatique sous diverses formes : aides aux entreprises et protection des emplois dans le contexte de crise économique, mesures protectionnistes, régulation des sociétés multinationales, etc. Les milieux privés helvétiques perçoivent alors la nécessité de lancer une contre-offensive idéologique, en Suisse, mais aussi à l’international afin de proposer un agenda alternatif.
The Swiss private ambassadors of the neo-liberal turn (1970-1980)
The economic crisis of the 1970s initiated a process of sharply increasing inequality in the distribution of wealth in Switzerland and internationally. In most industrialized countries, the response of governments to this crisis was to implement neo-liberal socio-economic policies that broke with the Keynesian orientation that characterized the "Trente Glorieuses". This roundtable focuses on the efforts of large Swiss companies and their employers' associations to disseminate their "neo-liberal" interests and to significantly challenge, at the turn of the 1970s, the relations between employers and employees forged during the strong post-war growth period. With the help of historical archives, the aim is to re-discuss the inevitability of the triumph of neo-liberalism in the last quarter of the 20th century. Both private and diplomatic sources reveal the concerns of economic circles regarding the social demands for more state interventionism in various forms: aid to companies and job protection in the context of the economic crisis, protectionist measures, regulation of multinational companies... Swiss private circles then perceived the need to launch an ideological counter-offensive, in Switzerland but also internationally, in order to propose an alternative agenda.