Conférencière: Sarah Mazouz, CNRS Discutantes : Agnès Aubry (CRAPUL) Lucile Quéré, Centre en Etudes Genre
Les répercussions mondiales de la mort de George Floyd le 25 mai 2020 l'ont montré : plus que jamais il est utile de défendre un usage critique du mot race, celui qui permet de désigner et par là de déjouer les actualisations contemporaines de l'assignation raciale. User de manière critique de la notion de race, c'est décider de regarder au-delà de l'expression manifeste et facilement décelable du racisme assumé. C'est saisir la forme sédimentée, ordinaire et banalisée de l'assignation raciale et la désigner comme telle, quand elle s'exprime dans une blague ou un compliment, dans une manière de se croire attentif ou au contraire de laisser glisser le lapsus, dans le regard que l'on porte ou la compétence particulière que l'on attribue. C'est ainsi expliciter et problématiser la manière dont selon les époques et les contextes, une société construit du racial.
Sarah Mazouz est chargée de recherche au CNRS et rattachée au CERAPS. Ses travaux portent sur l’anti-discrimination en France, les dispositifs publics d’insertion professionnelle à l’attention de jeunes issus de classes populaires et racisés et les politiques de nationalité en France et en Allemagne. Ils se fondent sur une méthode ethnographique et mobilisent les Critical Race studies, la sociologie du droit, la sociologie des politiques publiques et l’anthropologie critique de la morale.
Elle est l’autrice de La République et ses autres. Politiques de l’altérité dans la France des années 2000, Lyon, ENS-Editions, 2017. Elle a coordonné avec Véronique Bontemps et Chowra Makaremi l’ouvrage Entre accueil et rejet. Ce que les villes font aux migrants, Paris, Le Passager clandestin, 2018 et a participé à deux ouvrages en collaboration Juger, réprimer, accompagner. Essai sur la morale de l’Etat, Paris, Seuil, 2013 et At the Heart of State. The Moral World of Institutions, Londres, Pluto, Press, 2015.