Dans le cadre de l'enseignement « Croire, savoir, douter : perspectives comparatistes et empiriques sur la modalité épistémique » de Jérôme Jacquin
L’évidentialité et la modalité épistémique, et leurs marquages en français : un survol rapide des problèmes linguistiques
Patrick Dendale (Université d’Anvers)
La conférence portera d’une part sur la notion d’évidentialité (et plus particulièrement d’évidentialité inférentielle) et, de façon annexe, sur celle de modalité épistémique et d’autre part sur des unités langagières françaises (les marqueurs) qui convoquent d’une façon ou d’une autre (lexicalement, sémantiquement, pragmatiquement) l’une et/ou l’autre de ces notions.
D’abord, les deux notions théoriques seront caractérisées. Sera présenté ensuite un inventaire organisé des marqueurs évidentiels français. Puis, sera abordée une sélection de problèmes que posent ces notions, illustrés par des éléments d’analyse de marqueurs français :
(1) les définitions concurrentes de l’évidentialité (en termes d’evidence, de source of information, de source of evidence, de justification) et de modalité épistémique (logico-formelle et fonctionnelle) et les rapports (et conflits possibles) entre les définitions concurrentes respectives ;
(2) les relations possibles, dans la littérature spécialisée, entre les notions d’évidentialité et de modalité épistémique et plus particulièrement le débat sur le soi-« recoupement » (overlap, Van der Auwera & Plungian 1998) entre elles. Ce problème sera illustré avec les marqueurs dits « modaux » – forts et faibles – certainement, devoir, peut-être que ;
(3) les frontières externes des trois « sous-catégories » évidentielles qu’on distingue dans la littérature, notamment (a) celle entre marqueurs de « perception directe » et marqueurs d’« inférence sur la base de perceptions » ; (b) celle entre marqueurs « Reportatifs » et marqueurs d’« Inférence sur la base d’informations empruntées ». Ce problème sera illustré (a) avec les expressions à ce que je vois, à ce que j’entends et (b) avec les prépositions selon / d’après versus aux dires de ;
(4) la différence ou le rapport entre la modalité épistémique et des notions proches comme prise en charge, « posture épistémique », fiabilité, plausibilité). ». Ce problème sera illustré par devoir, certainement, le futur conjectural, probablement, peut-être que, selon.
(5) les différents « lieux d’inscription sémiotique » (sub-lexicale (Gosselin), lexicale, phrastique, pragmatique) de la notion d’évidentialité et de modalité épistémique : prédication (première, seconde), implication, implicature, trait sémantique (principal, secondaire). Ceci sera illustré avec une variété de marqueurs épistémico-modaux.
Vous êtes toutes et tous les bienvenu·e·s.