For the sixth session of the CEOGS webinar, the guest speaker is Raphael Schapira, Doctor in Anthropology and Sociology (2021) at the Graduate Institute of International and Development Studies (Switzerland). He will present his thesis on Good citizens on the mats: Fadda Brazilian jiu-jitsu in Rio de Janeiro’s periphery / Pour la sixième séance du webinaire du CEOGS, le conférencier invité est Raphael Schapira, Docteur en anthropolgie et en sociologie (2021) à l’Institut de hautes études internationales et du développement (Suisse). de Rio de Janeiro. Il présentera sa thèse sur Les bons citoyens sur le tapis : incarner le jiu-jitsu brésilien fadda dans la périphérie.
Since the 1990s, embodied research on sports and martial arts has proliferated, inspired by the idea of using the ethnographer’s body and sensory experiences as an object and method to comprehending other people’s lives. However, embodiment in sports research tends to overemphasize the researcher’s description of bodily sensations without adequately contextualizing them. I, therefore, analyze the martial art of Brazilian jiu-jitsu (BJJ) as an education of the body and the senses that creates a specific habitus, putting practitioners into a dynamic relationship with their urban environment. To grasp the life-changing quality attributed to BJJ by its practitioners, between 2017-2018, I became a disciple of coaches self-identifying as belonging to the Fadda lineage founded in 1950 in Rio de Janeiro by Grandmaster Oswaldo Fadda. The Fadda BJJ practitioners in Rio de Janeiro view their identity as closely related to Rio’s North Zone in delineation to both the rich touristic South Zone and the drug trafficking affecting significant parts of Rio’s periphery. In this urban context, evangelical jiu-jitsu coaches fuse sport and religion to educate “faithful disciples,” making it part of their spiritual and worldly battle against evil forces. Fadda coaches strive to educate underprivileged youths into “good citizens” by integrating them into their Fadda jiu-jitsu community so that they do not become drug traffickers. The hypermasculine aspects of the sport producing a forced athletic body are countered by the undoing of stereotypical male gender norms through practices of care. Since Fadda practitioners see society as lacking fundamental values like respect, discipline, and hierarchy, they put exactly these values into their pedagogy of the body. Fadda Brazilian jiu-jitsu skills are, therefore, not mechanic movements but a way of being in the world.
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Depuis les années 1990, les recherches sur l’embodiment dans le sport et les arts martiaux ont proliféré, inspirées par l’idée d’utiliser le corps et les expériences sensorielles de l’ethnographe comme objet et méthode pour comprendre la vie des autres. Cependant, l’embodiment dans la recherche sur le sport a tendance à accorder trop d’importance à la description des sensations corporelles par le chercheur sans les contextualiser de manière adéquate. J’analyse donc l’art martial du jiu-jitsu brésilien (JJB) comme une éducation du corps et des sens qui crée un habitus spécifique, plaçant les pratiquants dans une relation dynamique avec leur environnement urbain. Pour saisir la qualité du changement de vie attribuée au JJB par ses pratiquants, entre 2017-2018, je suis devenu disciple d’entraîneurs s’identifiant comme appartenant à la lignée Fadda fondée en 1950 à Rio de Janeiro par le grand maître Oswaldo Fadda. Les pratiquants de Fadda jiu-jitsu à Rio de Janeiro considèrent leur identité comme étroitement liée à la zone Nord de Rio délimitée à la fois par la riche zone Sud touristique et par le trafic de drogue qui touche une partie importante de la périphérie de Rio. Dans ce contexte urbain, les entraîneurs évangéliques de jiu-jitsu fusionnent le sport et la religion pour éduquer des « disciples fidèles », en l'intégrant dans leur combat spirituel et mondial contre les forces du mal. Les entraîneurs de Fadda s’efforcent d’éduquer les jeunes défavorisés pour en faire de « bons citoyens » en les intégrant dans leur communauté de jiu-jitsu Fadda afin qu’ils ne deviennent pas des trafiquants de drogue. Les aspects hyper-masculins de ce sport, qui produit un corps athlétique, sont contrebalancés par l'élimination des normes stéréotypées du genre masculin par des pratiques de soins (physiques et émotionnels). Comme les pratiquants de Fadda considèrent que la société manque de valeurs fondamentales comme le respect, la discipline et la hiérarchie, ils mettent exactement ces valeurs dans leur pédagogie du corps. Les techniques de jiu-jitsu brésilien Fadda ne sont donc pas des mouvements mécaniques mais une façon d’être dans le monde.