Partant du postulat de Monique Wittig selon lequel « les lesbiennes ne sont pas des femmes », Salima Amari présente son ouvrage « Lesbiennes de l'immigration, construction de soi et relations familiales » et interroge: est-ce que toutes les lesbiennes dans toutes les configurations familiales échappent réellement à la catégorie « femmes »?
Ce livre, issu d'une thèse, traite de la question du lesbianisme dans un contexte migratoire et post-migratoire en France. Comment les rapports sociaux de sexe, de race, et de classe influencent-ils la construction sociale du lesbianisme ? Quel est le processus par lequel ces femmes construisent des parcours lesbiens dans un contexte migratoire et post-migratoire ? Pour l'auteure, ces lesbiennes agissent sur deux fronts : ce qui relève de la construction de soi d'une part et ce qui concerne la gestion de leurs relations familiales qu'elles tentent souvent de préserver, d'autre part. Interroger scientifiquement les questions de genre et de sexualité n'est pas sans conséquences sur les débats politiques. Lorsque ces interrogations concernent le groupe social des "immigrés musulmans", la vigilance intellectuelle doit être renforcée. En effet, il est indispensable de garder un regard socio-historique critique sur les différentes catégorisations en matière de genre et de sexualité. Il ne doit être ni culturaliste, ni ethnocentré, ni androcentré. Au terme de son travail de recherche, l'auteure conclut face aux contraintes socio- familiales hétéronormatives, de nombreuses lesbiennes maghrébines migrantes et d'ascendance maghrébine privilégient les loyautés filiales et familiales tout en continuant à vivre leurs vies affectives et sexuelles lesbiennes. Comment les lesbiennes maghrébines migrantes et d'ascendance maghrébine se saisissent-elles de ces "nouvelles problématiques" en France ?