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Séminaire Conférence Société

Sur la haine fratricide. Réflexions sur l’irréductible division du social à partir de la complicité criminelle

Dans le cadre des séminaires de recherche du laboratoire, le THEMA a le plaisir d'accueillir Monsieur Kamel Boukir, EHESS, Paris.

Publié le 04 oct. 2023
Lieu
Géopolis, 2152
Format
Présentiel

Kamel Boukir, maître de conférence à l’EHESS à Paris, dont les remarquables talents d’ethnographe permettent d’éclairer les différentes déclinaisons de la vie morale des « cités ». Ses travaux portent notamment sur l’éthique du défi et le sens de la démesure que les jeunes cultivent dans leur entre soi. Afin de mieux comprendre les  hiérarchies juvéniles, il a suivi pendant plusieurs années des cohortes de jeunes d’une banlieue parisienne, issus pour la plupart de familles de migrants, depuis la bande d’adolescents à l’école au business de stupéfiants et aux « embrouilles », en passant par le terrain de football et la salle de jiu-jitsu. Il a également travaillé sur les manifestations matérielles, rituelles et spirituelles de l’islam, aussi bien dans les contextes liturgiques que dans les espaces domestiques. 
Son approche vise à développer une perspective d’écologie urbaine dans le sillage de la première école de Chicago. Sur la base d’un matériau ethnographique, archivistique et oral, Kamel Boukir retrace la genèse des « bandes » dans des quartiers « sensibles », de la partie informelle de poker au deal de stupéfiants en passant par la création d’une liste municipale. Il s’intéresse tout particulièrement à l’importance de l’amitié, de l’inimitié et de la complicité dans les différentes déclinaisons des « bandes ». Parmi ses articles, souvent primés: « “Nique sa mère la justice”, « Le soupçon de déni de justice entre défi et colère », « Violence partout, justice nulle part ! », « “Délire de ouf”. La vie interne d’un groupe de “casseurs”… », « Les ambiances de la mort.  Frayer une voie à la vengeance entre les cris, le sang et les larmes ». Le 4 décembre, il parlera plus particulièrement de la question de l’honneur et de la vengeance dans les bandes de jeunes, tout en montrant qu’une « morale transgressive » n’est pas, contrairement à ce que l’on pourrait penser, un oxymore du moment que l’on prend au sérieux les appuis, les prises et les modes d’engagement moraux qui sont disponibles dans une situation donnée.

Lorsque les sciences sociales étudient la vengeance chez les « mecs de cité », elles l’envisagent tantôt comme un système vindicatoire tantôt comme un code d’honneur, oblitérant ce faisant ce que le sentiment vindicatif et haineux doit aux prises d’une situation. Avant de relever d’un commandement, la vengeance, notamment, est un effroi sensoriel. Une approche phénoménologique de la vengeance permet de saisir ce que l’obligation morale doit à l’emprise d’ambiances, en l'occurrence l’« ambiance de merde » du quartier que décrivent les jeunes, une ambiance qui se traduit par la tonalité affective et éthique de « l’écrasement » et de l’inimitié mais aussi de l’amitié et de la loyauté.   


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