Symposium sur deux livres récents des membres du Centre Walras-Pareto
Résumé : Comment et quand le monde a-t-il basculé dans ce système que l’on appelle « capitalisme » ? C’est dans cette discussion que s’inscrit le Brenner Debate, du nom de l’historien américain Robert Brenner. À l’origine de ce débat important parmi les historiennes et historiens du capitalisme, les travaux de Robert Brenner ont exercé une influence majeure sur le développement de la pensée marxiste à partir des années 1970. Dans une première partie, François Allisson et Nicolas Brisset retracent et contextualisent les principales étapes de ce débat ayant mené aux travaux de Robert Brenner. Les auteurs montrent ainsi que la manière d’aborder l’histoire du capitalisme est intimement liée au regard que l’on porte sur ce système économique. Une seconde partie propose la traduction inédite d’un article de Robert Brenner paru en 2007, « Propriété et progrès : quand Adam Smith faisait fausse route », qui constitue, de l’aveu même de son auteur, la version définitive de son argument développé en 1976. Cet ouvrage est une porte d’entrée sur la pensée d’un économiste méconnu dans l’espace francophone, qui pourtant mérite, au regard de son importance dans l’historiographie anglo-saxonne, toute notre attention.
Résumé : À une époque où les firmes multinationales sont perçues comme une menace pour la démocratie et où nombreux sont ceux qui appellent à une réforme de leur gouvernance pour les rendre socialement et écologiquement responsables, revenir sur les liens entre le monde des affaires et l’émergence de la démocratie représentative moderne se révèle nécessaire.
En dépit d’expressions et métaphores explicites comme l’idée d’un gouvernement « en trust » dans la pensée anglo-saxonne ou la métaphore du citoyen-actionnaire chez le grand constitutionnaliste de la Révolution française, Emmanuel Sieyès, l’historiographie politique et constitutionnelle a jusqu’alors trop souvent négligé ce lien.
En croisant histoire des idées, études des transferts culturels et histoire du droit commercial et de l’entreprise, l’auteur comble cette lacune en mettant en lumière l’importance des idées et pratiques commerciales et financières dans la pensée politique des fondateurs de nos républiques modernes de la fin du XVIIe siècle à la Révolution française.
Loin de l’opposition contemporaine entre démocratie et grande entreprise, cette étude montre que nos conceptions modernes du constitutionnalisme et du gouvernement représentatif doivent beaucoup à la gouvernance d’entreprise et au droit commercial du siècle des révolutions.