Juger l’inceste, qualifier le viol (France, XVIIIe siècle)

Résumé

Aujourd’hui, l’inceste renvoie à une forme de violence sexuelle commise sur un enfant dans le
cadre familial. Tel n’a pas toujours été le cas. À l’époque moderne, le crime d’inceste était
pensé dans le registre du péché et avait pour cadre de référence le droit matrimonial
ecclésiastique. Dans la doctrine pénale française, le crime d’inceste désignait les unions
sexuelles illicites et/ou les alliances interdites dans les degrés de parenté prohibés par l’Église
catholique. Dès lors, dans la pratique des tribunaux, le crime d’inceste était-il dissocié du viol ? 

Comment l’inceste était-il dit, nommé, traité en justice ? À partir des dossiers d’instruction
de la plus haute cour de justice du royaume de France, cette conférence propose d’identifier
les critères tant personnels (âge, genre, lien de parenté…) que matériels (actes, traces…) de la
qualification de viol incestueux dans la jurisprudence criminelle du XVIIIe siècle.

À propos de la conférencière

Julie Doyon est maîtresse de conférences en histoire moderne à l’Université Lumière Lyon 2
(LARHRA, UMR 5190). Elle a été chercheuse FNS à l’Université de Fribourg, puis professeure
invitée à l’Institut des Études Genre (Genève) et a également coordonné l’ANR DERVI (Dire,
entendre, restituer les violences incestueuses ; CEMS-EHESS/CNRS, CRHXIXe - Université de
Paris 1). Ses recherches portent sur les violences intrafamiliales au carrefour des études
juridiques et de l’histoire sociale, de la justice, de la famille, de la parenté, de l’enfance et des
sexualités. Elle a notamment publié, avec Anne-Emmanuelle Demartini et Léonore Le Caisne
(dir.), Dire, entendre et juger l'inceste. Du Moyen Âge à nos jours, Paris, Seuil, 2024.