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Genre, parentalité et francité dans la médiatisation l’infanticide parental dans les JT (1962-2018)

Séminaire avec Sophie Dubec

Publié le 22 janv. 2025
Lieu
Géopolis, 5799
Format
Présentiel

D’abord invisibilisé par une télévision d’État soucieuse de protéger l’unité nationale, puis mis à distance par des rédactions réticentes à montrer des désordres familiaux, l’infanticide accède à la représentation dans la seconde moitié des années 1980, à mesure que la télévision française s’ouvre à la concurrence. La reconnaissance de l’enfant comme personne ainsi que la promotion des figures de victimes participent de cette monstration simplifiée de la famille comme lieu de danger. Néanmoins, la dimension parentale des crimes est peu abordée : en tendance, les femmes sont montrées comme des mères (malades) et les pères comme des hommes (violents). À partir de 2005, la médiatisation du sujet augmente considérablement. La psychologisation des femmes, majoritairement représentées comme de « bonnes mères », permet d’exposer (sans problématiser) les conséquences de la maternité oblative. La médiatisation des hommes scrute davantage la personnalité des meurtriers, qui restent situés à la périphérie de la famille.

En présentant les femmes comme de (bonnes) mères et les hommes comme des hommes, la couverture journalistique de l’infanticide souligne une construction genrée asymétrique des parentalités. Il serait pourtant faux de dire que les profils de mères défaillantes sont complètement absents des récits télévisés. À partir de 2005, surtout, les JT laissent davantage de place à des femmes (souvent jeunes et issues de milieux populaires) qui dérogent à la norme de l’amour oblatif. En tendance, moins les meurtrier.es s’approchent de la « bonne parentalité » (associée à des mères hétérosexuelles blanches de classes moyennes), moins ils bénéficient de traitements médiatiques compréhensifs. De façon intéressante, ces faits divers ne ciblent pas prioritairement des meurtrier.es issues de minorités : les représentations sont structurées par l’idéologie de l’hétérosexualité, de la blanchité et – par extension – de la francité.

 

Sophie Dubec est maîtresse de conférences en sciences de l’information et de la communication à la Sorbonne Nouvelle, et membre du laboratoire Irméccen. Ses travaux portent sur les représentations médiatiques des infanticides, des violences sexuelles commises dans l’Église catholique et du féminicide dans la presse, écrite et/ou télévisée.


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