Naître et mourir : ethnographie de l'incertitudeDans tout contexte culturel, la naissance et la mort constituent des événements cruciaux dans la vie des individus contribuant à en définir le rôle, le statut et la personnalité. L'importance de ces événements n'a pas échappé aux anthropologues qui ont porté leur regard sur ceux-ci depuis les débuts de la discipline. La nature de processus, le caractère liminal et la gestion ritualisée de ces deux moments ont été au centre des analyses anthropologiques pendant longtemps. Une réflexion nouvelle s'est imposée lorsque la naissance et la mort ont été massivement prises en charge par la médecine. Si la dimension rituelle et le caractère de liminalité n'ont pas disparu, ils ont cependant été redéfinis par les connaissances et la technologie médicales. Ces dernières ont modifié la manière de penser et d'organiser ce que naître et mourir signifie, donnant lieu à de nouvelles définitions de la frontière entre l'existence et la non-existence. Celles-ci se sont ainsi retrouvées au coeur de processus de négociation dont l'objet est de tracer les frontières entre ce qui est vivant et ce qui ne l'est pas, tant d'un point de vue social et institutionnel qu'individuel. La définition de la personne se trouve questionnée, et avec elle d'autres frontières socio-culturelles établies entre le soi et le non-soi, entre l'être humain et la machine ou encore entre la vie et la mort. Ces transformations génèrent de nouvelles incertitudes qui sont au centre de ce qu'aujourd'hui naître et mourir signifient. Ainsi, les négociations autour de ces deux moments apparaissent comme autant de tentatives de saisir l'ampleur de ces incertitudes et d'en stabiliser les
effets.
Comment dans un tel contexte cette incertitude est-elle fabriquée, imaginée et pratiquée par les divers acteurs qui prennent part à ces deux événements? Quels sont les dispositifs psychiques, culturels, sociaux et institutionnels de référence dans l'expérience de la naissance et de la mort? Quel est leur impact sur l'imaginaire et les pratiques sociales? Comment se traduisent-ils dans les pratiques quotidiennes et professionnelles?
Le but de cette journée est d'aborder ces questions et d'y apporter des premiers éléments de réponse en mettant l'accent sur la dimension des pratiques, des interactions et des discours, conçus en tant que formes spécifiques de l'action sociale.
ProgrammeMatin
9 : 30
Introduction: Irene Maffi
Président de session: Ilario Rossi
9 : 45
Ilario Rossi (Professeur associé, LAPSSAD, UNIL)
Présentation du groupe de recherche
10 : 00
Michela Canevascini (Doctorante et assistante, LAPSSAD, UNIL)
« La relation thérapeutique à l'épreuve du « risque suicidaire »
10 : 30
François Kaech (Doctorant et assistant, LAPSSAD, UNIL)
« Dignité et fin de vie en EMS: entre consensus moral et traitement institutionnel »
11 : 00 pause café
11 : 30
Yannis Papadaniel (Doctorant et assistant, LAPSSAD, UNIL)
« Il est mort à mes côtés, c'était magnifique". Analyse d'un engagement ambivalent auprès des mourants »
12 : 00
Marc-Antoine Berthod (Professeur, Haute Ecole de Travail Social et de la Santé, Lausanne)
« Exploiter l'incertitude de la mort »
12 : 30- 14 : 00 Repas de midi
Après-midi
Présidente de session: Marilène Vuille
14 : 00
Line Rochat (Assistante et doctorante, LACS, UNIL)
« Modalités d'accueil des nouveau-nés "à risques" dans un contexte occidental contemporain: pistes de réflexion »
14 : 30
Claudine Burton Jeangros (Sociologue, professeure à la faculté des SES, UNIGE) et Raphaël Hammer (Chargé d'enseignement, Docteur en sociologie, UNIGE)
« Les incertitudes du début de la vie autour du diagnostic prénatal. Le vécu des femmes enceintes »
15 : 00
Anita Truttmann (Médecin associé, Division de Néonatologie, CHUV)
« Affaire de vie, affaire de mort : réflexions sur l'éthique néonatale »
15 : 30
Table ronde
Daniela Cerqui (MER, LACS, UNIL), Stéphanie Ducas (ICUS SI-A, Division de Néonatologie), Irene Maffi (Professeure assistante, LACS, UNIL), Franco Panese (Professeur associé, LABSO, UNIL), Ilario Rossi (Professeur associé, LAPSSAD, UNIL). Marilène Vuille (sociologue, responsable de recherche à l'IUHM).
Par
Irène Maffi
Institut des sciences sociales - Laboratoire d'anthropologie culturelle et sociale