Prolongeant les récentes réflexions historiographiques autour des liens entre "empire" et "globalisation", ce workshop international a pour objectif de retracer l’histoire de la coopération politique, scientifique et technique en Afrique coloniale aux XIXe et XXe siècles. Il vise à élaborer une approche décloisonnée à l’étude des empires, attentive aux échanges et aux connexions qui se sont tissées entre et par-delà les administrations coloniales européennes.
Le tournant transnational et global des sciences sociales de ces dernières années a stimulé un profond renouvellement de l’histoire coloniale et impériale (Hedinger, Hée, 2018 ; Kreienbaum, Kamissek, 2016). De nombreux travaux ont mis en lumière les dynamiques de la "globalisation impériale" (Potter, Saha, 2015 ; Thomas, Thompson, 2014) ainsi que les acteurs qui, agissant dans les interstices des espaces coloniaux, ont alimenté les processus d’interconnexion entre les pays et des régions du monde (Barth, Cvetkovski, 2015). Ce type d’analyse peut ainsi constituer un "pont" vers l’histoire dite globale et permet d’amener un regard original sur les mécanismes idéologiques, institutionnels et technologiques au cœur de la mondialisation contemporaine (Akita, 2002).
Ce workshop souhaite approfondir et prolonger ces réflexions. Il se focalise plus précisément sur l’histoire de la coopération politique, scientifique et technique en Afrique aux XIXe et XXe siècles. Il vise, d’une part, à élaborer une approche décloisonnée à l’étude des empires, attentive aux circulations et aux collaborations qui se sont tissées entre et par-delà les administrations coloniales européennes dans une multitude de domaines (santé, travail, sécurité, éducation, sciences naturelles, humaines et sociales). Le workshop aspire, d’autre part, à connecter l’histoire de l’impérialisme et de l’internationalisme (Bandeira Jerónimo, Monteiro, 2018). La focale sera placée sur le rôle joué par les acteurs transnationaux – à l’instar des organisations internationales et des firmes multinationales – dans la co-production de savoirs et la structuration des « circuits coloniaux » (Stoler, Cooper, 1997).