Les sociétés contemporaines sont entrées dans l’âge d’un capitalisme avancé marqué par une colonisation des espaces de la vie mentale et de l’intimité, véritable mutation anthropologique centrée sur une logique productive « totale » - à laquelle commence à résister de plus en plus l’« affect écologique ».
Le capitalisme s’est profondément transformé depuis trente ans. Des formes apparemment plus douces d’une domination « totale » se développent actuellement, qui prend l’allure de l’émancipation subjective : critique des règles et de la bureaucratie, entreprise « libérée » des managers, organisation « agile », valorisation de l’entrepreneuriat, etc. La vie sociale tout entière repose sur la ressource essentielle de la performance économique, tant au travail que dans une mobilisation continue du consommateur.
Nous sommes entrés dans l’âge du capitalisme avancé, combinaison unique entre des nouveaux modes de fonctionnement organisationnels et psychiques dans l’entreprise, et leur déploiement social jusque dans l’espace privé, éventré par le télétravail. La logique du mode de production capitaliste a envahi l’ensemble du champ social et ce jusqu’à l’intimité, puisque le modèle économique est devenu le prototype de la manière d’être au monde : échange et négociation, esprit de calcul, utilité et instrumentalité définissent les coordonnées naturelles de nos façons d’agir, de penser et d’interagir. Le terme de colonisation mentale désigne cette mutation anthropologique, qui pose les jalons d’une résistance possible dont l’affect écologique est le principal symptôme.
La conférence se déroulera en présentiel et en ligne [https://unil.zoom.us/j/9387782671 - Key: 130211]