Chercheuse, bénévole ou médiatrice culturelle ? Quelques considérations sur l’éthique de la recherche à partir d’un terrain sicilien.

Depuis sa théorisation par Bronislaw Malinowski, la méthode ethnographique prévoit une immersion à long terme dans un contexte social spécifique où l’anthropologue passe par un processus de socialisation plus ou moins réussi.  Les normes éthiques auxquelles sont soumises les recherches en sciences sociales aujourd’hui remettent en question la méthode ethnographique telle qu’élaborée par la tradition anthropologique, délégitimant ce que Didier Fassin appelle le ‘consentement ethnographique’, c’est-à-dire un processus de négociation continu avec ses interlocuteur·ices. L’éthique contractuelle dominante appréhende ce dernier comme situé en dehors de ses principes. Réfléchissant sur ma dernière recherche de terrain en Sicile - qui porte sur l’accès des personnes migrantes aux services de santé - je me propose de questionner l’éthique réglant la recherche académique aujourd’hui en montrant son caractère ethnocentré et historiquement déterminé. Je montrerai également que son application varie en fonction des lieux, des acteurs et des relations entre l’anthropologue et ses interlocuteur.ices.