Dans le cadre du cycle de conférence de l'OBSEF "Le corps en éducation", les mardis de LEduc reçoivent Frédéric Saujat, docteur à l'Université d'Aix-Marseille
Alain, professeur des écoles rencontré lors d’une enquête sur la prise de fonction, décrivait ainsi ses difficultés : « Ça voulait dire qu’il fallait être bicéphale, avoir les oreilles partout c’était dur et ça demandait beaucoup d’énergie, j’étais épuisé ! ».
Le prototype clinique auquel je me réfère ici incite à pousser l’idée de compétences incorporées (Leplat, 1997) jusqu’à son sens propre. En effet, l’analyse de l’activité des enseignants débutants ouvre une trappe, à travers la compétence professionnelle à l’état naissant
qu’elle offre au regard, sur l’existence et l’exigence d’un tel travail d’incorporation. Ce dernier résulte d’un engagement dans une activité psycho-corporelle à travers laquelle le « corps-soi » négocie, incorpore des repères, des valeurs (Schwartz, 2000).
La présentation s’intéressera donc à la compétence professorale en tant qu’elle ne se situe pas uniquement « dans la tête », mais qu’elle se réalise et s’objective à travers le corps, ce « moyen de tous les moyens d’action possibles » (Canguilhem, 1984). La référence au corps est aussi une référence à une manière d’être-là, dans l’interaction, qui engage l’ensemble de la présence de la personne. En appui sur des travaux portant sur les gestes professionnels mis en oeuvre par les enseignants débutants pour « prendre » et « faire » la classe, sera discutée l’hypothèse d’un usage débutant du genre professionnel.