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Conflit vs entrelacement des valeurs marchandes et non-marchandes : le travail de gestation pour autrui entre consécration et subversion de la valorisation capitaliste.

Dans le cadre du Séminaire Valeur, nous avons le plaisir de recevoir Marlène Jouan de l'Université de Grenoble.

Publié le 14 mai 2018
Lieu
Geopolis, 5899
Format
Présentiel

La gestation pour autrui, en particulier sous sa forme commerciale et transfrontalière par contraste avec sa forme dite « altruiste » et domestique, constitue aujourd’hui une cible incontournable de la critique de la « marchandisation du corps humain » et plus spécifiquement du corps féminin. On peut avec Ruwen Ogien regretter que dans le débat bioéthique, la dénonciation massive de ce phénomène se réduise souvent à l’invocation d’un « slogan confus » qui, s’autorisant à la fois de Kant et de Marx, rend justement tout débat impossible. Mais le champ pluridisciplinaire des commodification studies qui s’est développé depuis la fin des années 1980 fournit les outils d’une analyse plus rigoureuse et plus nuancée. Elle conteste en effet une vision à la fois abstraite, hégémonique et dichotomique du marché dans son rapport avec d’autres modes d’échange, d’autres sphères d’interaction et d’autres normes d’évaluation. Même au sein de ce champ toutefois, il apparaît difficile de dissocier la critique de la marchandisation d’options normatives et anthropologiques contestables. On a ainsi suggéré de l’abandonner complètement, car elle ne permettrait pas de comprendre comment les gestatrices – comme d’autres agents dans des activités de travail comparables – négocient, articulent et revendiquent les différentes valeurs en jeu dans ce qu’elles font. Après une présentation rapide de notre travail sur la gestation pour autrui, on aimerait lancer à partir de ce cas, à situer plus largement dans le cadre de la bioéconomie mondialisée, une discussion sur les conditions contemporaines de possibilité et de pertinence d’une critique de la marchandisation ou, pour reprendre la formulation du groupe de travail, de la valorisation capitaliste des corps et de leurs productions vivantes.
 
 
 
 

Bio pour les deux événements :
 
Marlène Jouan est maîtresse de conférences en philosophie à l’Université Grenoble Alpes et membre du laboratoire Philosophie, Pratiques & Langages. D’abord consacrés à la question de l’autonomie individuelle et des fondements de la normativité morale, ses travaux se concentrent aujourd’hui sur l’autonomie reproductive et la reproduction sociale en croisant les ressources de l’éthique appliquée, des études de genre et de la philosophie sociale. Outre la publication de plusieurs articles dans des revues et ouvrages scientifiques, elle a dirigé les volumes Psychologie morale. Autonomie, responsabilité et rationalité pratique (Vrin, 2008) et Voies et voix du handicap (PUG, 2013) ; ainsi que co-dirigé avec Sandra Laugier l’ouvrage Comment penser l’autonomie ? Entre compétences et dépendances (PUF, 2009) et avec Jean-Yves Goffi le numéro L’animal des Recherches sur la philosophie et le langage (Vrin, 2016). Après avoir organisé un colloque international et interdisciplinaire sur la gestation pour autrui en mars 2017 à Grenoble, elle prépare actuellement une monographie intitulée La gestation pour autrui : de la morale à la justice, dont la parution est prévue début 2019.


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