Dans le cadre du séminaire « Penser (avec et par) le tourisme »
Fort de sa position géographique aux portes de l’Europe et à la rive sud du bassin méditerranéen, le Maroc, pays du nord-ouest de l’Afrique, a choisi, entre autres, le tourisme comme « moteur de développement » et il y a vu longtemps une manne économique considérable et plus récemment un outil d’aménagement du territoire. C’est ainsi que les espaces marginalisés, fragiles et longtemps laissés pour compte, telles que les oasis sud- atlassiques, se sont vus reconsidérées grâce au tourisme international et se sont érigées d’un statut d’espaces de marges à celui d’espaces touristiques de référence.
Cherchant ainsi à la fois à diversifier son offre touristique et à impulser un développement local dans ces zones marginales que sont les oasis, l’Etat marocain y a lancé dès la fin des années 1970 des opérations d’aménagement touristique. Néanmoins, ce passage d’espaces excentriques -à l’échelle nationale- à de vrais pôles touristiques -à l’échelle internationale- était brusque. Les acteurs locaux n’y étaient pas préparés, encore moins accompagnés. Les initiatives bonnes et moins bonnes foisonnaient de toute part pour répondre à cette demande croissante. Le rôle des voyagistes ou tour-opérateurs n’est pas à négliger. Ils sont même décrits comme les déterminants des destinations touristiques puisque leur programmation affecte positivement ou négativement l’espace touristique concerné.
Cette multitude d’acteurs et cette gouvernance multi-scalaire remettent sérieusement en question la durabilité du tourisme oasien et invitent à une réflexion-action-évaluation pluridisciplinaire.
Asmae Bouaouinate est professeure de géographie à l’Université de Hassan II Casablanca, à la faculté des Lettres et des Sciences Humaines Mohammedia et membre du Laboratoire des Dynamiques des Espaces et des Sociétés. Ses recherches portent sur le tourisme dans les espaces vulnérables au Maroc, notamment dans les oasis, le désert et la montagne, sur la valorisation éco- touristique des zones humides, classées RAMSAR au Maroc, sur la gestion des déchets solides touristiques et sur le tourisme culturel et les processus de patrimonialisation.
Cette conférence a lieu dans le cadre du séminaire Penser (avec et par) le tourisme. Elle est co-organisée par les groupes de recherche de l’IGD « Cultures et natures du tourisme » et « Eau et géopatrimoine ».