Dans le cadre d'une conférence co-organisée par le LACS et le Centre en études genre CEG, Niko Besnier, professeur d'anthropologie à l'Université d'Amsterdam parlera des transgenres aux îles Tonga.
Au cours des dernières décennies, les ONG européennes et américaines travaillant à la reconnaissance des droits de l'homme en matière sexuelle ont développé dans le Sud globalisé une politique libératrice fondée sur une lecture occidentale des pratiques sexuelles entre personnes de même sexe. Mais, comme certains auteurs l’ont soutenu, loin d’avoir un effet libératoire, cette politique a autorisé de nouvelles structures locales de répression. C’est ainsi qu’aux îles Tonga, tous les projets sociaux, personnels et sexuels s’effectuent dans le cadre d'une « vision à double foyer » associée à une instabilité profonde du contexte local engendrée par la dispersion diasporique ayant cours depuis les années 1960. Les transgenres à physiologie masculine sont particulièrement sensibles à ces dynamiques plurielles et contestent les moralités locales en prétendant que leurs pratiques doivent être évaluées par rapport à un contexte cosmopolite associé en particulier aux discours des ONG de prévention du VIH. La circulation globale du discours sur la question est donc constituée d’un ensemble complexe de positions et d’idées qui contredisent les distinctions entre le local et le global.