La disparition d’un Judo club universitaire : Anatomie d’un échec

Cette intervention a pour objet de mettre en lumière les tensions entre la tradition et les techniques, deux principes légitimant l’existence des Judo clubs universitaires. Cette intervention est basée sur le cas d’étude d’une des plus anciennes universités japonaises à travers une longue observation participante.

Au Japon, les Judo clubs universitaires sont des centres de judo de haut niveau. Ils recrutent des volontaires chez les judokas lycéens, en leur proposant des privilèges comme l’admission spécifique (dispense de concours normal), octroi de bourses etc. Plus les Judo clubs universitaires sont forts, plus le nom des universités est reconnu socialement et impactent leur visibilité dans les classements du ministère de la recherche et de l’éducation. Ces Judo clubs sont souvent considérés comme les plus anciennes formations du sport. Ils sont appréciés par l’Université comme association des diplômés. Les Judo clubs universitaires incarnent alors une certaine tradition universitaire. Le cas des anciens judokas du club l’illustre en n’hésitant pas à s’investir dans les activités des Judo clubs dont ils sont issus.

Cependant, entre les entraineurs qui sont payés pour la charge de rendre les clubs plus compétitifs et les anciens judokas dont ils sont issus, des tensions se créent autour de l’enseignement des judoka étudiants. Les entraineurs essaient de les transformer en judoka compétitifs, alors que les anciens judokas préfèrent les transformer en judokas « respectables » de leur lignée. Ces tensions s’exercent alors à plusieurs niveaux, autour l’accompagnement, des financements et tout souplement la figure tutélaire du club. Beaucoup d’universités sont alors obligées de gérer celle-ci par le biais du responsable des Judo clubs qui est professeur titulaire de l’Université. Mais dans le cas étudié, cet échec a conduit à la disparition du Judo club.