Halawi H. W., Le droit ismaélien druze (XVe-XVIIe siècle). Édition critique et traduction annotée du Précis inédit du Shaykh al-Fāḍil, Editions de la Sorbonne, 2024.
Les Druzes forment une communauté musulmane ésotérique dont la doctrine spirituelle a pris racine dans l'ismaélisme du Caire fatimide du Ve/XIe siècle. Leur pensée, en harmonie avec le shi'isme primitif, porte un regard nouveau sur la notion de divin, ainsi que sur le statut du Coran et du prophète Muhammad ; elle fut ainsi reléguée au rang d’hérésie étrangère à l’islam. La doctrine juridique des Druzes a ensuite été élaborée dans le contexte rural et clanique de la Syrie mamelouke du IXe/XVe siècle, lors de la formation d’une école doctrinale de droit (madhab) druze. Leurs traités juridiques, rédigés entre le IXe/XVe siècle et le XIe/XVIIe siècle, jettent les fondements de ce nouveau madhab en Islam.
Quelles relations les principes de la religion druze, au cœur de la doctrine juridique, entretiennent-ils avec l’ismaélisme ? Le Coran est-il une source de droit druze ? Et qu’en est-il de la Hikma (Sagesse), le livre saint des Druzes ? L’influence du fonctionnement des grandes familles rurales sur l’élaboration d’un droit religieux druze permet enfin d’interroger la place du droit coutumier dans l’organisation de la communauté. Les femmes druzes avaient-elles un statut particulier différent du droit sunnite et shi’ite ? Le droit matrimonial druze et l’interdiction des mariages mixtes présentaient-ils une particularité religieuse ou sociale ? Wissam Halawi étudie ces thèmes d’après un traité juridique inédit du XIe/XVIIe siècle, qu’il confronte au corpus juridique druze du IXe/XVe siècle.
Bancel N., Marcellini A., Mobio F. et Rousseleau R. (eds.), La conversion des corps. Entre évangélisation et colonisation, revue Corps, numéro spécial.
La conversion des corps, entre évangélisation et colonisation ;
La ponctuation du temps et de l’espace sous l’action missionnaire
et coloniale en Polynésie orientale : 1797-1897. Un exemple d’acculturation par le biais des courses sportives de pirogue ;
Couvrez ces parties que je ne saurais voir ! Les missionnaires en Polynésie, face à la "nudité", au tatouage et aux rapports "intimes entre hommes" ;
Quand des pentecôtistes dansent la hula. Une idéologie charismatique de la culture et ses résonances en Polynésie ;
Danser dans le temple : protestantisme, tourisme et politiques culturelles en Polynésie française ;
Chanter, à corps perdu (I) et (II) ;
Le hïmene tahitien, musique traditionnelle ou acculturée ? ;
Le vocabulaire premier des danses, chants, instruments musicaux et art oratoire recueilli dans les codes de lois de Tahiti, des îles sous le vent, des îles Marquises et des îles australes (1835-1917). Parcours des éléments significatifs dans leur contexte d’usage, et leur évolution et adaptation aux transformations de la société ma’oh (polynésienne) sous influence occidentale ;
Des sons et des images de la conversion ;
De l’implantation hymnologique anglo-saxonne à l’éclosion de genres musicaux tahitiens et malgaches ;
Des chants et des postures : missionnaires au XXe siècle ;
Nos corps aussi. Évangéliser, coloniser et manger les chairs de l’autre au théâtre et ailleurs ;
Du rituel à l’événement. Déplacements d’un anthropologue cinéaste
Becci I. (dir.), Les éco-spiritualités contemporaines. Un changement culturel en Suisse, Seismo, 2024.
Alors que des voix et des actions dénonçant la dégradation environnementale se font entendre à l’échelle globale depuis les années 1960, ce livre considère que c’est autour de 2015 que les mobilisations environnementales en Suisse prennent un tournant socio-culturel particulier. La Conférence des Nations Unies sur le Climat (COP21) se réunit à Paris, le pape François publie l’encyclique Laudato si’ comme un appel à l’humanité à considérer les enjeux écologiques, des initiatives écoféministes ainsi que des thèses collapsologues se diffusent dans les médias. Ce livre présente les enjeux, les analyses et les résultats de six ans de recherche empirique à partir de ce tournant. Il montre la signification du changement culturel qu’il entraîne en Suisse et particulièrement en Romandie. Un processus de « spiritualisation de l’écologie » est identifié et discuté en lien avec une « écologisation du religieux ». L’équipe de recherche, composée de sociologues et d’anthropologues, s’est penchée sur l’observation d’événements publics de l’action écologique ainsi que la rencontre avec nombre d’acteurs et actrices de l’action éco-spirituelle.
Römer T., Genèse 11,27–25,18, l'histoire d'Abraham, Labort et Fides, 2023.
Judaïsme, christianisme et islam se réclament de différents dieux et ont pourtant un même père: Abraham.
Son histoire, racontée dans le livre de la Genèse, a été mise par écrit entre les VIIe et Ve siècles avant notre ère. Elle est le résultat de la combinaison de récits de provenances et de rédacteurs divers, d’où l’image d’un patriarche à multiples facettes. Abraham apparaît tantôt comme un croyant exemplaire, tantôt comme un tricheur qui ne fait pas confiance à la parole divine.
À travers le parcours de ce personnage complexe, le lecteur est confronté à des expériences contrastées du divin, allant d’un dieu bienveillant jusqu’à un dieu obscur qui demande à Abraham de lui sacrifier son propre fils (Gn 22). Mais Abraham est aussi celui qui pose la question de la justice divine lorsque Dieu lui annonce la destruction de Sodome et Gomorrhe (Gn 18).
Ce commentaire permettra de comprendre comment Abraham est devenu un ancêtre «œcuménique» à travers lequel les rédacteurs bibliques affirment les liens entre toutes les populations habitant la terre de Canaan.
Escudier A., Gisel P. et Tétaz J.-M. (éd.), Le sacré en questions. Lectures et mises en perspective de Hans Joas, Labor et Fides, 2023.
Cet ouvrage réunit des chercheurs de divers horizons autour du livre de Hans Joas Les Pouvoirs du sacré. Une alternative au récit du désenchantement (Seuil, 2020). Hans Joas, professeur de sociologie aux Universités de Berlin et de Chicago, travaille depuis une vingtaine d’années sur les questions touchant au sacré sous ses différentes facettes. Dans son livre, il replace la théorie du désenchantement brossée par Max Weber dans le cadre plus large des diverses approches de la religion avant d’en instruire la critique et d’esquisser une théorie des formes de sacralisation en rupture avec le grand récit de Weber. Joas souligne en particulier que l’idée de transcendance introduit une modification du sacré et lui confère une portée critique face aux sacralisations du pouvoir ou du collectif.
S’y expriment un politiste de Science-Po (Alexandre Escudier), un philosophe et théologien, grand connaisseur de l’œuvre de Joas (Jean-Marc Tétaz), un théoricien du religieux dans ses
rapports au social (Pierre Gisel), une spécialiste de Weber (Catherine Colliot-Thélène), un spécialiste du pragmatisme étasunien (Stéphane Madelrieux), un penseur du politique
(Bruno Karsenti), un philosophe de l’herméneutique et des sciences sociales (Johann Michel), un théologien spécialisé dans les rapports de la religion et des sciences (François Euvé) et un
systématicien catholique (Christoph Theobald). Hans Joas leur répond dans un texte final.
Bert, J.-F., Le corps qui pense. Une anthropologie historique des pratiques savantes, Schwabe Verlag, 2023.
Derrière tout savoir, il y a des corps. Derrière toute pensée, il y a des individus faits de chair et d’os.
Modelé par son milieu, fabriqué par la nécessité de mener à bien certaines activités cognitives, parcouru par des tensions et des pulsions qu’il a dû apprendre à réfrener, le corps des savants a joué un rôle primordial dans la constitution de groupes et de communautés de savoir.
En partant de la célèbre conférence de l’anthropologue Marcel Mauss sur les techniques du corps (1934), ce livre propose de découper les activités savantes en gestes distincts, en postures, en habiletés et en adresses. Par l’observation des corps savants et de la manière dont ils sont diversement investis, il s’agit de comprendre comment ont évolué certaines postures mais aussi d’examiner certains maniements d’objets ou d’instruments érudits, comme les livres.
Téléchargement gratuit sur schwabeonline.ch
Bert J.-F., Lamy J. (éd.), Les cartes à jouer du savoir. Détournements savants au XVIIIe siècle, Schwabe Verlag, 2023.
À côté des feuilles volantes, des marges de livres, des cahiers et des carnets, les cartes à jouer ont occupé au XVIIIe siècle une place singulière, inédite peut-être, dans l’histoire des pratiques d’écriture des savants. Le nombre de ces cartes ne cesse d’augmenter dans toute l’Europe et leur dos vierge permet d’accueillir la masse d’écrits informels et préparatoires qui nourrissent la recherche savante.
Ce livre collectif, qui s’inscrit dans l’historiographie récente sur la matérialité des savoirs, fait surgir un ensemble de pratiques ordinaires, discrètes, invisibles, qui ordonne la vie savante, la scande et en constitue sa texture la plus élémentaire.
Hamidovic D., Les manuscrits de la mer Morte, Que sais-je ?, 2023.
C’est dans les grottes du pourtour de la mer Morte que furent découverts, dans les années 1940-1950, les fameux manuscrits de la mer Morte – plus de mille manuscrits qui ont profondément renouvelé la connaissance du judaïsme ancien au tournant de l’ère chrétienne. Cette période cruciale donna naissance au judaïsme rabbinique et au mouvement de Jésus, qui, quelques siècles plus tard, deviendra le christianisme.
Ces textes véritablement littéraires, rédigés sur des rouleaux, donnent à voir le bouillonnement intellectuel des derniers siècles avant l’ère chrétienne, qui a suscité l’émergence d’idées nouvelles. Les milieux savants comme les milieux croyants n’ont cessé de suivre la publication de ces textes afin d’y trouver de quoi éclairer d’une lumière neuve les idées et les fondements de telle ou telle croyance.
David Hamidovic nous invite à explorer l’une des plus importantes découvertes de manuscrits du XXe siècle qui est aussi une véritable révolution dans les études bibliques.
Brunschwig F., Perrenoud M., Leitenberg L., Ehrenfreund J. (éd.), Albert, Esther, Liebmann, Ruth et les autres. Présences juives en Suisse romande, Alphil, 2023.
Albert, Esther, Liebman, Ruth et les autres. Des prénoms choisis entre mille pour évoquer des personnalités juives de Suisse romande. L’écrivain Albert Cohen, le démographe et militant politique Liebman Hersch, sa fille, la philosophe Jeanne Hersch ou encore Ruth Dreifuss, la première femme présidente de la Confédération. Figures éminentes ou personnes ordinaires, les Juifs de Suisse romande forment une population au large rayonnement religieux, économique et culturel.
Sait-on que Montreux a abrité autrefois ce qui fut longtemps une des plus grandes yeshivot (centres d’études bibliques) d’Europe? L’Université de Fribourg, quant à elle, a accueilli dès les années 1970 l’enseignement du philosophe juif Emmanuel Levinas dont les cours se terminaient souvent autour d’une réunion informelle avec les pères dominicains. Quant à Chaim Weizmann, le premier président de l’État d’Israël, après avoir préparé et obtenu son doctorat en chimie à l’Université de Fribourg, c’est à Genève qu’il jeta les bases de l’Organisation sioniste mondiale.
L’histoire des diverses communautés et la vie juive ont fait l’objet de publications bien documentées. Mais les Juifs de la partie francophone de la Suisse n’ont à ce jour pas reçu l’attention qu’ils méritent du point de vue de la recherche historique. En réunissant vingt-six auteurs et en abordant plusieurs thèmes inédits, ce livre offre une approche plurielle pour appréhender le paysage juif suisse romand passé et actuel.
Édité avec la Fédération suisse des communautés israélites (FSCI)
Gay J.-P., Mostaccio S., Tricou J. (eds), Masculinités sacerdotales, Brepols, 2023.
Ce volume, fruit d’un colloque tenu à Louvain-la-Neuve en mars 2018, est le premier à rassembler des études de chercheurs venu d’horizons historiographiques différents (histoire religieuse, histoire du genre, histoire de l’art, histoire culturelle) pour traiter de l’histoire des masculinités sacerdotales et cléricales du Moyen-Âge à l’époque contemporaine. À l’intersection de l’histoire religieuse et de l’histoire du genre, ces études manifestent l’importance de la prise en compte de l’outil du genre pour l’histoire des clergés, mais mettent ausssi en lumière la manière dont tant les approches historiques que la prise en compte du religieux, interrogent en retour les catégories par lesquelles les études de genre ont interrogé les masculinités contemporaines.
Amsler F., Butticaz S., Scandale ou salut ? Comprendre la mort de Jésus, Labor et Fides, 2023.
La croix du Golgotha: dans la vie de Jésus, c’est l’événement dont l’historicité est réputée la plus fiable et le sens le plus énigmatique. Qu’un homme meure fait partie de sa condition, dès la naissance. Que le «Fils de Dieu» trépasse constitue un désaveu de la toute-puissance divine.
Cette tension accompagne toute l’histoire du christianisme: depuis les origines, les croyants en Jésus ont tenu ensemble la factualité de cette mort en croix, châtiment antique particulièrement cruel, et la nécessité d’en comprendre le sens.
C’est ce saisissant travail d’interprétation que le présent volume collectif, fruit d’un cours public, retrace. Esquissant un parcours de l’apôtre Paul au Coran, en passant par l’Évangile de Pierre ou encore les Actes de Pilate, il s’ouvre sur la réception de la crucifixion au diapason des enjeux écologiques contemporains.
Brandt P.-Y., Dandarova Z., Cocco C., Vinck D., Darbellay F. (eds), When Children Draw Gods. A Multicultural and Interdisciplinary Approach to Children's Representations of Supernatural Agents, Springer, 2023.
Butticaz S., Avant le péché originel, Labor et Fides, 2022.
«Une religion de la peur»: c’est avec ces mots que Jean Delumeau, ancien professeur au Collège de France, qualifiait l’histoire du christianisme en Occident, son entreprise de culpabilisation et son obsession de la faute. L’Église n’a-t-elle pas inventé la doctrine du «péché originel» et les affres du «purgatoire»?
Cette sulfureuse réputation appelle clarification. D’où vient-elle? En quoi le Nouveau Testament est-il responsable de cette tyrannie de la culpabilité? Et comment comprendre la fortune du péché dans le sillage du Dieu d’amour annoncé par Jésus de Nazareth?
À la suite d’autres, c’est l’histoire d’un mal(-)entendu que ce petit livre se propose de retracer, examinant la représentation de la faute et du péché que livrent aux origines du christianisme l’homme de Nazareth, Paul l’apôtre ou encore les évangélistes Matthieu et Jean.
Meylan N., The Pagan Earl. Hákon Sigurðarson and the Medieval Construction of Old Norse Religion, University Press of Southern Denmark, 2022.
This monograph comprises a close investigation of the use of ‘pagan’ concepts by the authors and redactors of medieval Norwegian royal history, the vernacular and Latin works commonly called kings sagas. The work is structured as a biography of Hákon jarl Sigurðarson, who is portrayed as a staunch pagan, with the various chapters departing from some incident in Hákon’s biography to consider one of the major categories of pre-Christian religion posited by scholars. These range from divine and sacred kinship through ritual, sacrifice, and temples, to myth and fate, and by the end, effectively all the significant categories have been treated. The various chapters show how authors and redactors put the relevant religious concepts to ideological service, primarily relating to notions of the extent to which kingship should be centralized.
Ehrenfreund J. et Butticaz S. (éd.), Regards de savant juifs et chrétiens sur le judaïsme du Second Temple. Récit d'une controverse allemande, Labor et Fides, 2022.
L’héritage du judaïsme a été revendiqué dans l’histoire par les traditions juives et chrétiennes. Cette lutte d’héritage a généré une longue histoire conflictuelle. La modernité ne fait pas exception. Une page d’histoire, en particulier, en témoigne: l’approche du judaïsme ancien dans l’Allemagne des XIXe et XXe siècles. Cette période a vu s’affronter deux courants antagonistes, revendiquant chacun une étude historique du judaïsme: l’école de l’histoire des religions (la Religionsgeschichtliche Schule), un cercle de théologiens protestants diplômés de l’Université de Göttingen, et la Wissenschaft des Judentums emmenée par Leopold Zunz et Heinrich Graetz.
Offrant un récit croisé de cette controverse, le présent volume en présente les principaux acteurs ainsi que certains savoirs produits. En même temps, les enjeux soulevés par la science historique, dans l’étude du judaïsme notamment, sont posés et ses conditions d’exercice interrogées dans une perspective contemporaine.
Gisel P., Gonzalez P. et Ullern I. (éd.), Former des acteurs religieux. Entre radicalisation et reconnaissance, Labor et Fides, 2022.
Former des acteurs religieux, la question est au cœur de l’actualité sociale et mobilise le politique, sur fond d’interrogations brûlantes qui touchent à la présence des religions dans la vie sociale. Entre radicalisations, à bien cerner, et reconnaissance, dont penser les conditions et la visée.
L’ouvrage présente quatre expériences, françaises et suisses, de formation d’acteurs religieux à l’aune de la société civile. En question sous-jacente: former, ici, est-ce d’abord donner accès aux valeurs républicaines? Ou faut-il aussi entrer sur le terrain des religions et de leurs traditions? L’ouvrage valide la seconde option. C’est qu’il convient de ne pas laisser les religions intouchées ni de penser qu’elles se déploient à part du social. On ouvrirait, au mieux, sur de la juxtaposition communautariste.
L’ouvrage porte aussi un regard sur le terrain du travail social, donne la parole à un acteur à a fois imam et psychologue, présente et discute des dispositifs étatiques de prévention des radicalités, suit des procès de jihadistes et réfléchit à la métaphore comme opération de décalage à l’encontre du fanatisme.
Farahmand M., Néochamanisme maya. Passé revisité, pouvoir au féminin et quête spirituelle, éditions Antipodes, 2022.
Ce livre porte sur les chamanismes contemporains nés dans un contexte globalisé, plus communément désignés sous l’appellation néochamanisme. Le néochamanisme spécifiquement à l’étude ici fait référence à une spiritualité autochtone d’origine centraméricaine : la spiritualité maya. Partant d’un travail d’enquête ethnographique, cet ouvrage expose les résultats d’observations menées pendant six ans dans quatre pays (Guatemala, Mexique, Allemagne, Suisse). L’autrice apporte un éclairage original sur ces mouvances, en privilégiant une étude à partir des récits de vie, des trajectoires religieuses, du genre et de la mobilité.
La recherche soulève des questions actuelles, telles que l’empowerment des femmes, le rapport à la terre, la récupération d’héritages anciens et les rituels contemporains. Elle s’adresse à tout public intéressé par le chamanisme moderne et les religiosités contemporaines.
Hamidovic D., Dans l'antichambre. Pour un dialogue entre la pensée juive et la connaissance renouvelée du judaïsme ancien, Paris, Hermann, 2022.
La connaissance du judaïsme ancien s’est profondément renouvelée depuis les années 2000. Les déchiffrements achevés, les manuscrits de la mer Morte (notamment ceux de Qumrân) concourent grandement à ce renouveau : soit ils enrichissent le corpus avec des textes inconnus rédigés avant l’ère chrétienne, soit ils jettent un éclairage nouveau sur des questions anciennes qui structurent la pensée juive.
Le présent ouvrage a deux objectifs : d’abord, il réunit les derniers résultats de la recherche sur des thèmes majeurs comme le temps et les temporalités (apocalyptique, eschatologie, vie post-mortem, liturgie), l’identité, l’ethnicité et la société (statut des prêtres et des sages, place de la femme, « identité juive », antijudaïsme, création d’un groupe religieux), Dieu (place des démons et des anges, pauvreté, messianisme et salut, dualisme), le rapport au texte et son autorité (écriture et réécriture, processus d’autorité, concept de révélation, place de l’hébreu). Mais surtout, ce livre plaide pour un renouvellement du dialogue, dans l’esprit de la Wissenschaft des Judentums, entre les historiens du judaïsme ancien et les spécialistes de la pensée juive.
Bert, J.-F., Lire les "Techniques du corps", relire Marcel Mauss, Editions de la Sorbonne, 2022.
C’est en 1934, devant un parterre de psychologues, que Marcel Mauss énonce sa célèbre conférence "Les techniques du corps". L’enjeu est de taille car il s’agit de démontrer 1−que les gestes techniques sont une coordination de différents mouvements du corps organisés en vue d’obtenir un résultat et une certaine efficacité, 2− que les actes techniques sont valorisés par le groupe dans son ensemble, car c’est lui qui les reconnaît comme efficaces physiquement, socialement et matériellement, et 3− que le social s’insère au plus profond de l’individu non pas uniquement pour le déterminer négativement, mais aussi pour l’adapter aux différents changements de la vie sociale. En proposant cette nouvelle hypothèse, Mauss fait du corps un objet central pour la réflexion anthropologique. Dans ce livre, Jean-François Bert, spécialiste de Mauss et de l’histoire de l’anthropologie française, propose une nouvelle édition commentée de la conférence de Mauss ; il retrace aussi l’histoire de sa réception et de sa diffusion en proposant un recueil des différents textes écrits à partir des années 1950 qui utilisent, discutent ou précisent les hypothèses originales de l’anthropologue.
Tricou J., Des soutanes et des hommes. Enquête sur la masculinité des prêtres catholiques, PUF, 2021.
Célibat perçu comme toxique, violences sexuelles et sexistes tues par l’Église, mais aussi refus d’ordination des femmes, luttes politiques contre toute reconnaissance de la conjugalité et de la parentalité homosexuelles… Autant de raisons de remettre en cause la figure du prêtre catholique au sein de sociétés occidentales largement sécularisées. Cet homme qui porte la robe, fait le serment de renoncer à toute sexualité mais donne l’impression de dicter celle des autres, est-il un homme comme les autres ?
Dans un contexte marqué par la perte d’emprise de l’Église et par l’émergence de la « démocratie sexuelle », Josselin Tricou analyse la trajectoire sociohistorique de cette forme de masculinité. Il montre les efforts de l’appareil catholique pour contrer sa disqualification tout en perpétuant un ensemble de normes faisant du mariage hétérosexuel une institution naturelle. Or, plus l’Église refuse l’idéal d’égalité entre les sexes et les sexualités, plus elle prend le risque d’attirer l’attention sur la sexualité et le genre si particuliers du prêtre.
Mauss M., Essai sur le don, préface de Jean-François Bert, Flammarion, 2021.
Qu’est-ce qui pousse les individus, mais aussi les groupes, à faire des dons ? Pourquoi un présent reçu appelle-t-il une faveur en retour ? Quelle force y a-t-il dans la chose que l’on donne ? D’où vient la gêne que nous éprouvons parfois lorsque nous recevons un cadeau ?
Marcel Mauss répond à ces questions en analysant les différentes formes du don et de l’échange, des phénomènes certes économiques mais aussi politiques et religieux qui régissent nos relations en mettant en œuvre une triple obligation : donner, recevoir, rendre. Le père de l’anthropologie moderne montre surtout comment le don lie les individus entre eux, fonde l’alliance, construit la paix.
Par cet essai fondateur, Marcel Mauss livre l’un des plus célèbres textes de la littérature anthropologique, qualifié par Claude Lévi-Strauss de « révolutionnaire ».
Cette édition propose le texte intégral de l’Essai sur le don, suivi de quatre textes de Mauss qui en éclairent la lecture : « L’extension du potlatch en Mélanésie » (1920), « Une forme ancienne de contrat chez les Thraces » (1921), « Gift-gift » (1924), « Phénomènes économiques » (1947).
Bert J.-F., Lamy J., Voir les savoirs. Lieux, objets et gestes de la science, éditions Anamosa, 2021.
Que serait Michel Foucault sans ses bibliothèques, Galilée sans sa lunette, Jules Maciet sans ses ciseaux, James Prescott Joule sans sa science tactile des températures, Jean Antoine Nollet sans ses expériences mondaines, Pascal sans sa machine arithmétique, Jean Piaget sans son bureau-collection de coquillages, Umberto Eco sans ses déambulations ou encore Marcel Jousse sans ses basculements de chaise ?
Ces savants et scientifiques le montrent : manipuler, observer, ordonner, hiérarchiser, catégoriser, sélectionner, citer ne sont pas des actes uniquement mentaux, intellectuels, discursifs, ils sont aussi pleinement matériels. Ils se déploient dans des lieux dédiés (bibliothèques, laboratoires, observatoires). Ils impliquent des objets et des instruments qui ont été pensés, inventés, fabriqués pour être manipulés. Ils imposent des gestes, produisent des habitudes corporelles, convoquent des sensations.
Voir les savoirs de la sorte, en prenant en compte cette matérialité, c’est ouvrir la boîte noire de l’ordinaire des manières de faire science, hier et aujourd’hui.
Bert J.-F., Le courage de comparer. L'anthropologie subversive de Marcel Mauss, Labor et Fides, 2021.
La démarche comparative que l’anthropologue Marcel Mauss (1872 – 1950) élabore en grande partie avec son jumeau de travail, l’historien Henri Hubert, entre la fin du xixe siècle et le début du XXe siècle, relève de logiques multiples. Comme méthode, elle est une stricte et minutieuse approche philologique des sources. Comme état d’esprit, elle relève d’une manière d’apprivoiser l’inconnu. Comme perspective critique, elle constitue un formidable outil scientifique d’objectivisation de la recherche, en particulier en histoire des religions.
Cet ouvrage se propose de montrer quels ont été les principaux effets de ce comparatisme ni systématique, encore moins achevé, mais que l’on peut reconstituer en suivant la manière dont Marcel Mauss aborda certains phénomènes religieux, comme le sacrifice, la magie ou la prière.
Ceci n’est pas seulement un nouveau livre sur Mauss et sur sa manière d’observer les phénomènes sociaux. C’est un livre sur les effets d’un comparatisme radical et subversif qui ne laisse jamais en paix celui qui décide de le mettre en oeuvre pour explorer et comprendre la diversité humaine.
Bastian J.-P., Grosse C., Scholl S. (éds.), Les fractures protestantes en Suisse romande au XIXe siècle, Labor Et Fides, 2021
Cet ouvrage renouvelle nos connaissances historiques sur les causes et les effets de la formation des églises libres ou indépendantes de Genève (1817, 1831, 1849), Vaud (1847-1966) et Neuchâtel (1874-1943), en portant sur ce processus un regard interdisciplinaire. L’objectif est de fournir les bases d’une histoire à la fois religieuse, sociale et politique des protestantismes romands au XIXe siècle, en traitant conjointement les questions institutionnelles et les dimensions culturelles, artistiques et théologiques. Se saisir de cette manière des fractures religieuses du protestantisme romand dans le prolongement du mouvement du Réveil permet de comprendre, à partir d’un contexte encore mal étudié, ce que la modernité fait à la religion, avec l’introduction des libertés individuelles et de la démocratie par exemple, et, à l’inverse, ce que la religion fait la à modernité.
Butticaz S., Comment l'Église est-elle née ? Genève, Labor et Fides, 2021
«Jésus annonçait le royaume, et c’est l’Église qui est venue.» C’est avec cette formule de sa plume qu’Alfred Loisy, grand historien français des religions, résumait dans un opuscule qui fit date le devenir du christianisme après Pâques. Bien loin de dénoncer la déviation de l’Église face au projet de l’homme de Nazareth, Loisy cherchait par cette enquête à en saisir la continuité et la nécessaire institutionnalisation.
À sa suite, nombreux sont les historiens et biblistes à s’être engagés dans cette quête des origines chrétiennes. À l’heure où les Églises en Occident se cherchent un second souffle et repensent leur raison d’être, elle s’impose même comme une urgence.
C’est à revisiter cette fascinante entreprise d’innovation ecclésiale qui a accompagné le premier siècle d’existence du christianisme que s’attelle ce livre: comment les croyants en Jésus ont-ils actualisé l’héritage de leur maître après sa mort? Pourquoi se sont-ils regroupés en communautés? Où et à quelle fréquence se réunissaient-ils? Ont-ils inventé des rites et des pratiques de foi? Et à quand remonte l’institution des ministères, celui de l’évêque et des diacres en particulier? Autant de questions et d’autres encore qui guident cette remontée aux sources de l’Église.
Solfaroli Camillocci D., Fornerod N., Crousaz K., Grosse C. (eds.), La Construction internationale de la Réforme et l’espace romand à l’époque de Martin Luther, Paris, Classiques Garnier, 2021.
Dans les premières années de diffusion de la Réforme, l’espace romand a représenté un laboratoire d’expériences originales et cruciales pour l’histoire religieuse européenne. À partir des marges géographiques et zones de passages, ce collectif interroge les dynamiques complexes des confrontations religieuses.
In the first years of the spread of the Reformation, the French-speaking part of Switzerland was a laboratory for original experiments crucial to European religious history. From the geographical margins and zones of passage, this collective work questions the complex dynamics of religious confrontations.
Halawi H. W., Les Druzes aux marges de l'Islam. Esotérisme et normativité en milieu rural XIVe-XVIe siècle. Editions du Cerf, 2021.
Minorité religieuse du Moyen-Orient actuel, les Druzes de Syrie, du Liban et d’Israël forment des communautés dont les chefs spirituels se caractérisent par une pensée ésotérique originale. Leur livre saint, la Sagesse, développe une interprétation nouvelle du Coran et jette les fondements d’un ésotérisme dogmatique qui tranche avec le shi’isme ismaélien dont il est issu. Sur le socle de leurs doctrines secrètes, les savants druzes du xve siècle établirent une doctrine juridique singulière en islam et des institutions propres à gérer les affaires privées des croyants. Le droit druze en dit long sur cette normativité, à l’instar de l’interdiction de la polygamie, de la répudiation ou du mariage mixte. Quels sont les fondements historiques de ce particularisme communautaire ? D’aucuns l’attribuent à un personnage mythique, l’émir al-Sayyid (m. 1479), quand d’autres y voient la preuve d’une singularité religieuse. Wissam H. Halawi examine cette période de transition en confrontant sources narratives et juridiques inédites.
Amiotte-Suchet L., Frères de douleur. Récit d'un ethnologue en pèlerinage à Lourdes, éditions Alphil, 2021.
Que connaissent de Lourdes celles et ceux qui ne s’y sont jamais rendus ? Quelques images tout au plus : d’énormes basiliques aux architectures variées qui se chevauchent autour de la grotte des apparitions, des magasins de bondieuseries qui envahissent toute la ville, d’interminables files d’attente de malades en chaise roulante qui prient la Vierge Marie pour qu’elle soulage leur existence…
Au début des années 2000, l’auteur a choisi de participer à des pèlerinages à Lourdes pour mieux saisir, de l’intérieur, ce qui pouvait bien motiver ces hommes et ces femmes à effectuer un si long voyage pour réciter des chapelets devant une statue de pierre. Il a revêtu le costume des brancardiers et s’est impliqué dans une association diocésaine franc comtoise. Durant plusieurs années, il a côtoyé les pèlerins, accompagné les personnes malades, partagé la vie d’équipe des brancardiers et des hospitalières, assisté aux offices et aux réunions. Fidèle à la démarche ethnographique, il a consigné dans son journal de terrain tout ce qui lui était donné à voir et à entendre afin de mieux comprendre ce que vivent et partagent les pèlerins de Lourdes.
Hamidovic, D., L'insostenibile divinità degli angeli, Brescia, Queriniana, 2021.
Quest’opera costituisce il primo saggio storico che presenta la comparsa degli angeli. Prendendo in esame le tre grandi religioni monoteiste (giudaismo, cristianesimo e islam), presenta sia la comparsa degli angeli sia la loro diffusione: dalle origini (oltre 4.000 anni fa), lungo tutta l’epoca d’oro, fino al periodo moderno.
Di norma, l’idea corrente è questa: gli angeli sono principalmente delle creature celesti al servizio degli esseri umani. Hamidovic mostra invece che devono la loro esistenza soltanto al loro rapporto speciale con Dio. Ed è rilevante che gli angeli trovino posto proprio nel contesto delle tre religioni che proclamano la credenza in un Dio unico, diventando presenze magari discrete, ma ineludibili.
Lo studio di Hamidovic raccoglie e ordina i dati (continuità e discontinuità, mutazioni di forma nel tempo e nello spazio), scava nelle zone d’ombra, racconta il rovesciamento della situazione, spiega l’onnipresenza degli angeli nell’arte occidentale e, più ampiamente, nella nostra cultura fino a oggi. Per quanto l’infatuazione per gli angeli si sia affievolita con l’avvento del pensiero razionale, ovunque restano tracce dell’antica passione per queste simpatiche creature celesti.
David Hamidovic, Das endlose Ende der Welt. Historischer Essay über die Apokalyptik im alten Judentum und Christentum, Münster-Zürich-Vienne, LIT Verlag, coll. Zeitdiagnosen 48, 2020.
Ansen Zeder E., Brandt P.-Y., Besson J. (dir.) (2020), Clinique du sens, Editions des archives contemporaines, France, 2020.
Dans nos sociétés sécularisées, où sont prônées laïcité et neutralité, on assiste à un effort de conceptualisation pour penser la spiritualité en clinique. Cet effort s’organise autour d’un consensus consistant à placer la personne humaine au centre de la prise en soins. Serait-il alors possible d’envisager un avenir construit sur une « spiritualité universelle » au-delà des religions et des barrières culturelles ? Dans cette perspective, l’anthropologie proposée par Viktor Frankl (1905-1997) constitue un paradigme fédérateur entre théologiens, accompagnants spirituels, soignants, médecins, psychiatres et psychothérapeutes permettant de nourrir et d’entretenir un dialogue fécond pour les questions soulevées par ce que l’on peut ranger sous l’appellation de « clinique du sens ». En effet, le terme « sens » occupe un rôle central aussi bien dans la pensée de Viktor Frankl que dans la plupart des modèles de « Spiritual Care ».
Meylan N. and Rösli L (eds.), Old Norse Myths as Political Ideologies. Critical Studies in the Appropriation of Medieval Narratives, Brepols, 2020.
The mythology of the Norse world has long been a source of fascination, from the first written texts of thirteenth-century Iceland up to the modern period. Most studies, however, have focused on the content of the narratives themselves, rather than the broader political contexts in which these myths have been explored. This volume offers a timely corrective to this broader trend by offering one of the first in-depth examinations of the political uses of Norse mythology within specific historical contexts. Tracing the changing interests and usages of Norse myths from the medieval period, via the nineteenth century and the importance of ancient Norse beliefs to both the Romantic and völkisch movements, up to the co-option of mythology and symbolism by political groups across the twentieth and early twenty-first centuries, the papers gathered here offer new and critical insights into the changing nature of historiography and the political agendas that Old Norse myths are made to serve, as well as shedding new light on the way in which ‘myths’ are conceptualized.
Hamidovic D., Les racines bibliques de l'imaginaire des pandémies : des plaies d'Egypte aux coronavirus, Paris, Bayard, 2020.
Les crises sanitaires perçues dans l'Antiquité peuvent nous donner quelques pistes de compréhension de la crise sanitaire que nous venons de vivre. L'historien David Hamidovic montre que chaque civilisation entretient son propre rapport à la mort, son propre imaginaire issu d'un long et lent processus culturel. Cet imaginaire à l'oeuvre s'appuie en partie sur des ressorts très anciens. Le Moyen Âge occidental a fourni la matrice à la perception européenne des crises sanitaires à cause de différentes épidémies dévastatrices. Mais cette perception n'est pas née en Europe au Moyen Âge. Elle repose en grande partie sur un héritage venu du Proche-Orient ancien, notamment la culture biblique prenant place dans le judaïsme ancien et le christianisme primitif. Comprendre la nature de cet héritage, c'est connaître l'imaginaire contemporain à l'oeuvre pour le mettre à distance. Comprendre notre imaginaire de la crise sanitaire, c'est aussi pouvoir agir sur celle-ci.
Francis E. et Rousseleau R. (éds.), Rāja-mandala. Le modèle royal en Inde, éditions EHESS, collection Purushartha, 2020.
Au regard de l’Occident, les Rajas indiens évoquent souvent un luxe fané, cependant que la société indienne continue d’être principalement/avant tout/plutôt appréhendée par le biais des castes ou de la tradition textuelle hindoue.
Ce recueil d’études sur la royauté en Inde n’entend pas relancer le débat sur la nature de celle-ci, mais aborder la société de cour, au-delà du roi, comme
une matrice de relations et de pratiques, autrement dit considérer la royauté comme un modèle de « civilisation ».
Comme l’ont montré Norbert Elias et, pour l’Inde, Daud Ali, les relations de cour constituent non seulement un cadre d’actions politiques, mais aussi « une arène d’activités et de savoirs » artistiques et cérémoniels, ainsi qu’un centre de diffusion de normes éthiques et comportementales.
En croisant les perspectives d’anthropologues, d’historiens de l’art, d’archéologues et d’historiens, l’ouvrage montre de quelle manière la culture de cour
permet d’expliquer des pratiques observées sur le temps long dans la société sud-asiatique, au-delà des cadres royaux qui les ont produites.
En un tour d’horizon de différentes régions d’Asie du Sud, avec une dominante concernant l’Inde méridionale et des éclairages complémentaires venant de l’est (Odisha) et du nord (Népal), ainsi qu’une incursion dans le Cambodge indianisé, le volume fait apparaître la pérennité des symboles royaux du pouvoir et détaille continuités et ruptures dans leurs usages, notamment dans le contexte de l’État démocratique contemporain.
Bauer O., Esprit du vin, esprit divin, Labor et Fides, 2020.
Après avoir lu ce livre, vous ne boirez plus votre vin comme avant. Au-delà de la terre et de la vigne, de la cave et de la bouteille, il vous aura fait découvrir au fond de votre verre des mondes dont vous ne soupçonniez peut-être pas même l’existence.
Assemblage de huit auteurs, avec huit perspectives et huit approches, il dévoile un peu des mystères du vin. Une moitié de réflexions porte sur la valeur du vin, de la vigne et des vignerons au sein du judéo-christianisme, sur l’ivresse de Noé, sur les paraboles viti/vinicoles de Jésus, sur leur relecture par les premiers théologiens, sur l’eucharistie et la cène. Mais il fallait l’équilibrer. Et c’est fait grâce à la mythologie grecque avec ce goût particulier d’un vin créateur plutôt que créé et deux cépages venus de nouveaux mondes, ceux d’un vin sans alcool islamo-compatible et d’une spiritualité biodynamique, liée à la nature et à ses rythmes. À consommer sans modération.
Meylan N., Religion, mythe et politique en Islande médiévale, Presses Universitaires de Liège, 2020
La religion des Vikings fascine depuis longtemps. Toutefois, si l’on connaît les aventures de Thor ou d’Odin, les conditions dans lesquelles leurs mythes furent transmis n’ont pas fait l’objet d’un même type d’attention. Or, un constat s’impose : dans leur très grande majorité, les sources qui nous renseignent sur cette religion sont le fait d’auteurs chrétiens, qui les mirent par écrit des siècles après la conversion dans des contextes sociopolitiques précis. C’est dire que ces textes — mythes, sagas, poèmes, lois — posent problème pour la reconstruction de l’histoire de la religion de la Scandinavie préchrétienne. Adoptant un point de vue critique, ce volume problématise l’ancrage chrétien, et donc tardif, des sources et propose une analyse articulant les représentations religieuses « païennes » d’avant la conversion au contexte de leur production. Il s’agit ainsi de se demander comment et pourquoi des Islandais médiévaux mobilisèrent les esprits de la terre, le sacrifice humain, la magie, le destin, ainsi que Thor ou sa mère la Terre.
Fondé sur une étude détaillée de sources provenant de l’Islande des xiie et xiiie siècles, attentive aux désaccords entre celles-ci, ce volume propose également une réflexion sur les méthodes, les objets et les visées d’une histoire des religions critique. Prenant le contrepied de travaux synthétiques sur la religion préchrétienne, il accorde une place centrale aux conflits qui traversent les sociétés scandinaves et montre comment les discours religieux, « païens » aussi bien que chrétiens, sont instrumentalisés pour maintenir ou, au contraire, bouleverser les configurations sociopolitiques, à une époque où la royauté norvégienne opère violemment sa centralisation et manifeste ses visées impérialistes sur une Islande secouée elle aussi par les ambitions de ses chefs.
Bauer O., 500 ans de Suisse romande protestante (1526-2019). Alphil Presses universitaires suisses, 2020
D’où vient la frontière entre Jura sud et Jura nord? Pourquoi le train Yverdon-Sainte-Croix ne circulait-il pas le dimanche? Depuis quand le Conseil œcuménique des Églises est-il installé à Genève? Qu’est-ce qui lie les Dames de Morges à la communauté de Grandchamp? Pourquoi peut-on faire ses courses à Bulle le lundi du Jeûne? D’où venait le bois utilisé pour construire la chapelle des Mayens de Sion? Pourquoi Henri Druey, James Fazy et Alexis-Marie Piaget ont-ils nationalisé les Églises réformées?
Cet ouvrage répond à ces questions, à d’autres que vous vous posez, à celles que vous n’osez pas imaginer. Il vous mène du premier culte célébré en 1526 par Farel jusqu’au synode de l’Église réformée évangélique de Suisse en 2020. Il vous conduit d’Aigle à Porrentruy, à Saxon, à Morat, aux Ponts-de-Martel, à Corgémont ou à Genève. Il offre une vision panoramique et détaillée de chacun des six siècles de l’histoire protestante dans les sept cantons suisses francophones ou bilingues. Il met en lumière six fortes personnalités — trois hommes et trois femmes —, six beaux gestes, mais aussi six grandes hontes du protestantisme romand.
Kulik A., Boccaccini G., DiTommaso L., Hamidovic D., Stone M. (dir.), A Guide to Early Jewish Texts and Traditions in Christian Transmission, Oxford University Press, 2020.
The Jewish culture of the Hellenistic and early Roman periods established a basis for all monotheistic religions, but its main sources have been preserved to a great degree through Christian transmission. This Guide is devoted to problems of preservation, reception, and transformation of Jewish texts and traditions of the Second Temple period in the many Christian milieus from the ancient world to the late medieval era. It approaches this corpus not as an artificial collection of reconstructed texts—a body of hypothetical originals—but rather from the perspective of the preserved materials, examined in their religious, social, and political contexts. It also considers the other, non-Christian, channels of the survival of early Jewish materials, including Rabbinic, Gnostic, Manichaean, and Islamic. This unique project brings together scholars from many different fields in order to map the trajectories of early Jewish texts and traditions among diverse later cultures. It also provides a comprehensive and comparative introduction to this new field of study while bridging the gap between scholars of early Judaism and of medieval Christianity.
La recherche présentée dans le volume s’est effectuée dans le cadre de l’European Research Council (FP7/2007-2013 / ERC grant agreement 263293) sous les auspices de l’Université hébraïque de Jérusalem (A. Kulik), l’Université de Lausanne, Faculté de théologie et de sciences des religions, Institut romand des sciences bibliques (D. Hamidovic), l’Université Concordia à Montréal (L. DiTommaso), et l’Université du Michigan (G. Boccaccini).