La Prof. Kim Do Cuénod, professeure ordinaire à la FBM et cheffe du Centre de neurosciences psychiatriques du CHUV, est la lauréate 2017-2018 du SIRS Outstanding Basic Science Award en reconnaissance de sa contribution exceptionnelle à la recherche sur la schizophrénie.
La mission de la Schizophrenia International Research Society (SIRS) est de favoriser les échanges entre chercheurs du monde entier pour encourager la collaboration et la diffusion des enjeux et des résultats de la recherche, faciliter l'application de ces résultats à la pratique clinique et promouvoir des standards scientifiques et éthiques de la plus haute qualité.
Le Outstanding Basic Science Award est attribué tous les 2 ans en reconnaissance d'une contribution exceptionnelle à la recherche sur la schizophrénie dans le domaine des sciences de base. Cette contribution peut être préclinique ou un travail mettant l'accent sur l'interface entre recherche de base et clinique. La sélection du lauréat est basée sur la qualité de sa contribution et son impact sur l'avancement de la recherche sur la schizophrénie.
Une pionnière de la recherche translationnelle en psychiatrie
Kim Do Cuénod a développé une approche multidisciplinaire et translationnelle en vue de promouvoir la collaboration entre chercheurs en neurobiologie et cliniciens. Sa recherche est ciblée sur une meilleure compréhension des causes et des mécanismes de la schizophrénie, afin d'identifier des marqueurs de diagnostic précoce et de nouvelles cibles thérapeutiques et préventives.
Son travail pionnier "bench to bed" – du laboratoire au chevet - lui a permis de démontrer qu'un stress oxydatif (déséquilibre entre oxydations et réductions) en interaction avec l'hypofonction du récepteur NMDA, la neuroinflammation et la dérégulation du système dopaminergique représente un "hub" sur lequel convergent des facteurs de risque génétiques et environnementaux; ces mécanismes mènent à une altération de la connectivité et de la synchronisation neuronales ainsi qu’à des déficiences cognitives telles qu’observées chez les patients.
Utilisant divers modèles expérimentaux relatifs à la schizophrénie et à l’autisme, son groupe a montré qu’un stress oxydatif durant le développement du cerveau détériore la formation de la myéline et affecte de façon sélective et permanente un type spécifique de neurones. Ces anomalies peuvent être corrigées ou prévenues par l’application de substances anti-oxydantes telles que la N-acétyle-cystéine (NAC).
Sur la base de ces données, Kim Do Cuénod a réalisé deux études cliniques en collaboration avec le groupe du Prof. Philippe Conus (Service de psychiatrie générale, CHUV). Elles ont permis de mettre en évidence que l'application de NAC améliore les symptômes négatifs, les réponses auditives et la synchronisation neuronale chez les patients chroniques. Chez les jeunes patients en début de maladie, elle élève le niveau cérébral du glutathion (antioxydant produit par l'organisme humain), améliore les symptômes positifs d’un sous-groupe de patients définis par des marqueurs sanguins ainsi que l’intégrité des fibres nerveuses et certaines fonctions cognitives.
L'approche translationnelle développée par Kim Do Cuénod, faisant le pont entre neurosciences de base et clinique psychiatrique, ouvre ainsi la voie à des traitements innovants et à une prise en charge mieux ciblée des patients.