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L'entretien de la FBM: Inès Baleydier

A la rentrée 2018 a été lancé le nouveau programme Passerelle, permettant à des étudiant·e·s en possession d’un Bachelor en biologie, ou d’un Bachelor en ingénierie des sciences du vivant de l’EPFL, de rejoindre la première année du Master de médecine, moyennant une année «Passerelle», autrement dit une année de mise à niveau.

Published on 01 Oct 2019
Inès Baleydier © Studioregard
Inès Baleydier © Studioregard

Dix étudiant·e·s sur 20 candidat·e·s ont participé à cette première édition, après réussite d’un examen d’admission. Ils ont rejoint la volée de 3e année du Bachelor en médecine (BMed3), avec une majorité de cours en commun, d’autres en groupe restreint. À commencer par quatre semaines de cours de mise à niveau avant la rentrée académique, qui ont mobilisé une trentaine d’enseignants.

A la clé, pour ces dix étudiant·e·s qui ont tous réussi leurs examens de BMed3, non pas un Bachelor en médecine mais une attestation, un «ticket d’entrée» leur permettant d’accéder au Master en médecine. Inès Baleydier, étudiante de l’EPFL a fait partie de cette première volée. Elle donne son sentiment sur le programme.

Vous venez de terminer avec succès cette première année de Passerelle: quels sont, selon vous, les ingrédients pour y parvenir?

Il faut avant tout être très motivée. Et ce, particulièrement pour l’année de préparation précédant l’année de Passerelle. Celle-ci est très lourde, une sorte de parcours du combattant: il faut à la fois terminer son Bachelor – dans mon cas en ingénierie des sciences du vivant à l’EPFL – et rattraper une bonne partie des deux premières années de médecine en vue de l’examen d’admission au programme Passerelle. Il y a quelques cours dédiés à l’EPFL, mais cela passe essentiellement par de l’auto-apprentissage, dans des livres - des pavés! - de référence; il faut donc avoir la capacité de s’organiser et d’étudier de manière autonome. En comparaison, l’année de Passerelle proprement dite a été plus aisée, puisqu’on a été suivi et encadré.

Avez-vous trouvé l’encadrement adapté?

Les quatre semaines de mise à niveau avant la rentrée ont été très profitables. Ce n’était pas trop intensif, ce qui était appréciable: après l’année que nous venions de passer, nous avions besoin de souffler, de profiter un peu de notre été! Nous avions tous des parcours différents et ce mois de cours nous a permis de nous mettre «à la même page». En plus de ça, nous avons eu des cours en petit groupe tout au long de l’année: nous avons apprécié la disponibilité des enseignants, qui se sont montrés à notre écoute, y compris quand il s’agissait de prendre en compte nos remarques pour affiner le programme.

Quelles étaient vos motivations pour faire cette année de Passerelle?

J’ai toujours voulu être médecin. Mais au gymnase, j’ai pris goût aux maths, à la physique, au raisonnement scientifique en général; j’aimais le défi intellectuel, j’aimais aller au bout des choses. Quand j’ai appris qu’il existait un programme qui permettait de combiner EPFL et médecine (ndlr: il s’agissait de l’ancienne version de la Passerelle, très orientée vers la recherche), cela m’a paru une option très complète. Tout bénéfice même, puisque cela m’offrait la possibilité d’acquérir de bonnes bases scientifiques et de m’ouvrir au monde de la recherche, avant de découvrir celui de la médecine. J’ai donc commencé l’EPFL avec l’intention de devenir médecin. C’était un petit détour délibéré.

Comment s’est passée l’intégration dans la volée de 3e année de médecine?

Être dans un petit groupe de dix étudiants à l’Université, dans une «classe», c’est assez inhabituel. Entre nous, le courant a très bien passé. Nous sommes restés solidaires tout au long de l’année, et je pense qu’il va en rester quelque chose. Avec les autres étudiants de la volée, qui se côtoyaient depuis deux ans, il faut bien admettre que nous nous sommes un peu regardés en chiens de faïence au début. Il y avait peut-être un peu de méfiance à notre égard. Mais au fur et à mesure, quand on s’est mélangé et qu’ils ont pris conscience que notre filière n’était pas une voie facilitée, les choses se sont très bien passées. Personnellement, je me suis sentie bien intégrée.

Comment voyez-vous votre futur de médecin?

J’aimerais utiliser ce que j’ai appris à l’EPFL, valoriser toute cette ouverture vers la technologie, l’innovation. Je me vois à l’interface entre la médecine et l’ingénierie, à travers l’application des nouvelles technologies. Cela dit, mon rêve d’enfant, c’était d’être médecin de montagne; cela reste un rêve, mais je ne vois pas trop comment combiner cela avec mon bagage de l’EPFL. Aujourd’hui, je suis très attirée par la gynécologie, un domaine qui a l’avantage d’être ouvert à la recherche et que je trouve très complet. Bien sûr, cela peut changer! J’ai par exemple passé deux journées dans un cabinet de généraliste et contre toute attente, j’ai beaucoup apprécié cette expérience, pour l’éclectisme – on fait un peu de tout – et pour la qualité de la relation avec le patient.

Pensez-vous vous lancer dans un MD-PhD?

Dans un MD, définitivement. Dans l’absolu, j’aimerais faire un MD-PhD, mais je ne pense pas m’engager là-dedans. La vie n’est pas infinie et j’ai aussi envie de valoriser ma vie privée!

PROGRAMME PASSERELLE

Des étudiant·e·s presque comme les autres

10 sur 10: sur dix étudiant·e·s, tous sont arrivés au bout de la Passerelle. Un beau résultat, d’autant plus, commente le Prof. Pierre-Alexandre Bart, directeur de l’Ecole de médecine, qu’il y a un équilibre entre les institutions, une quasi parité entre candidats de l’EPFL et de l’UNIL. «C’est ce qu’on souhaitait, et cela s’est fait naturellement.» On attend maintenant les résultats des 12 candidats de l’édition 2019-2020.

Au départ, le programme Passerelle était la réponse de l’UNIL à l’appel d’offre du Conseil fédéral, 100 millions mis sur la table pour augmenter rapidement la capacité de formation des médecins. «C’était au début un enjeu très politique, mais je pense qu’on en a fait quelque chose de bien», ajoute le professeur Bart, qui se remémore la levée de bouclier qu’avait déclenchée le projet auprès des étudiant·e·s et de l’AEML: «Il y avait le soupçon d’un privilège, d’une filière au rabais». Mais quand ils se sont rendu compte de la difficulté de ce programme, «il y a eu une meilleure acceptation».

Les étudiant·e·s Passerelle sont-ils pour autant des étudiant·e·s comme les autres? Pas exactement, puisqu’ils n’ont pas obtenu de Bachelor après avoir suivi les cours de la 3e année de médecine, mais uniquement une attestation leur permettant de passer en Master. Autres différences: ils ne peuvent partir en Mobilité en 1ère année de master (MMed1) ni être promus conditionnellement.

Une année après le coup d’envoi, les têtes pensantes du projet manquent forcément de recul: «Il sera intéressant de voir ce que deviennent ces étudiants, vers quel type de carrière ils s’orientent», avance le professeur Blaise Genton, responsable académique du programme. Il ajoute qu’il n’est pas exclu, à terme, d’ouvrir la Passerelle à des étudiant·e·s venant d’autres horizons, comme ceux de psychologie ou de pharmacie, par exemple.


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