Parution d'un article écrit par Florian Jaton, dans la revue “RESET – Recherches en sciences sociales sur Internet”.
Article disponible en Open Access ici.
Résumé
Les multiples fonctionnements numériques – algorithmes inclus – qui participent à nos actions quotidiennes se doivent de passer, d’une manière ou d’une autre, par les mains expertes de programmeur·euse·x·s capables de traduire désirs, plans et intuitions en listes d'instructions exécutables par une machine informatique. Pour autant, ce travail concret de façonnage de programmes n’a que peu fait l’objet d’études de terrain détaillées. Si l’on compare les quelques rares enquêtes, importantes mais isolées, à la massivité de la programmation en tant qu’activité située dont les produits ne cessent d’irriguer nos sociétés informatisées, le contraste est inouï : tout reste à faire, ou presque. Prenant acte de la situation, cet article propose quelques outils et analyses pour tenter de la changer. Dans un premier temps, il expose une technique d’investigation, ainsi qu’un formalisme, permettant de rester au plus près du déroulement séquentiel des situations de programmation. Dans un deuxième temps, il analyse des matériaux récoltés selon cette méthode d’enquête – nommée ici sociologie de l’activité de programmation – et suggère qu'une part importante des pratiques de codage consiste, parfois, à aligner des inscriptions afin de renseigner l’état d’entités distantes (interpréteurs, compilateurs, processeurs) et, en retour, indexer un emplacement au sein d’un document numéroté. L’article finit par discuter les perspectives nouvelles sur l‘étude sociale du code induites par cette démarche analytique.