Eco‑responsible  images

Image compression reduces page weight and loading times.

Read more about it

Search in
Recherche Santé

Une thèse qui vous permet de repenser votre fin de vie

Proposant une perspective de santé publique sur la thématique de la fin de vie, Clément Meier est devenu le premier doctorant diplômé ès sciences humaines et sociales de la médecine et de la santé de l’UNIL. Portrait du chercheur récemment élu membre de la Jeune Académie Suisse.

Published on 21 Jun 2024
Clément Meier, premier doctorant diplômé ès sciences humaines et sociales de la médecine et de la santé de l’UNIL.
Clément Meier, premier doctorant diplômé ès sciences humaines et sociales de la médecine et de la santé de l’UNIL. © UNIL

Intéressé par l’économie de la santé, et plus spécifiquement par l’épidémiologie sociale et les comportements individuels vis-à-vis de la santé, Clément Meier a d’abord obtenu un Master en économie politique à la faculté des HEC de l’UNIL. Souhaitant ensuite développer cet intérêt au travers d’une recherche plus appliquée, il s’est engagé dans un doctorat en sciences humaines et sociales de la médecine et de la santé, programme pluridisciplinaire proposé par les facultés de biologie et de médecine (FBM) et des sciences sociales et politiques (SSP) de l’UNIL. Ayant soutenu sa thèse en décembre 2023, il est le premier diplômé de ce programme.

 

Fin de vie déterminée par les compétences en santé

Regroupant les données de personnes de 50 ans et plus en Suisse, sa thèse analyse la corrélation entre compétences en santé (health literacy) et décisions individuelles concernant la fin de vie. De telles compétences, qui impliquent la capacité à trouver, comprendre et utiliser des informations sur la santé pour soi-même et pour les autres, jouent en effet un rôle crucial à ce niveau, influençant les choix face aux diverses options de traitements et d’interventions.

Ces dernières s’avèrent cependant faibles au sein de la population étudiée, et les connaissances très aléatoires, avec beaucoup de croyances erronées comme l’exemplifie le chercheur : « La plupart pense que le taux de survie d’une réanimation cardiopulmonaire sur une personne de 70 ans se trouve autour de 60-70%, alors qu’il n’est qu’à 6-7%. A cause de cette croyance, beaucoup opteraient pour ce traitement. »

Son travail s’intéresse également aux aspects pouvant encourager des personnes en pleine santé à se renseigner sur les implications de la fin de vie, afin de mieux se préparer avant toute perte potentielle de discernement.

 

Communication avec le grand public

De manière plus générale, un manque de prise de conscience vis-à-vis du nombre de choix à faire lors de la fin de vie – qu’il s’agisse de la nôtre ou de celles de proches – a pu être remarquée. Bien qu’une politique de communication ciblée soit en place, celle-ci « atteint surtout les personnes déjà bien informées et qui ont envie de s’informer, donc les populations qui en ont le plus besoin passent au travers », regrette Clément Meier.

Il note aussi une nette différence entre la Suisse romande et alémanique, cette dernière ayant bénéficié de l’exposition récente de la question de la fin de vie en Allemagne. Globalement, la Suisse reste néanmoins en retard par rapport à des pays comme l’Angleterre ou la Belgique, où des semaines thématiques et des cours dans les écoles sont organisés autour du sujet.

Mais les compétences en santé dépendent aussi d’autres facteurs socio-démographiques et du parcours de vie de chacun·e, impliquant des inégalités et des iniquités que le chercheur a à cœur de combattre : « Ça me motive beaucoup, car on peut avoir un impact avec des petites choses qui, lorsqu’elles sont expliquées de façon claire et précise, peuvent apporter de grands changements. »

 

Transition d’une faculté à l’autre

Passer de l’économie aux sciences humaines et sociales de la santé n’a pourtant pas été si simple. Bien que ses études d’économie lui aient permis de maîtriser, entre autres, les statistiques et l’écriture d’articles scientifiques, sa connaissance des problématiques liées à la fin de vie était d’abord limitée. Lors de sa collaboration avec des professionnels de divers horizons, il a ainsi dû combler ses lacunes théoriques et pratiques tout en s’adaptant à différents jargons et approches, un apprentissage qu’il considère aujourd’hui comme ayant été très enrichissant.

De plus, cette limitation aurait même son avantage : « Vu que je ne suis pas du milieu, je suis obligé de le comprendre et de le retranscrire avec des mots assez simples, ce qui me permet de partager mon message plus facilement et avec plus de gens. » Il aura d’ailleurs eu l’occasion de mettre cet aspect à profit lors de sa participation à l’édition 2024 de Ma Thèse en 180 Secondes.

Par conséquent, lorsqu’on lui demande ce que serait son conseil pour de futur·e·s doctorant·e·s en sciences sociales et humaines de la médecine et de la santé, il n’hésite pas à souligner l’importance de « sortir de sa zone de confort, chose pas forcément anodine mais qui vaut vraiment le coup, et qui est nécessaire pour un doctorat comme celui-ci de par sa construction et ces cours. »

 

Après le doctorat : perspectives professionnelles

Faisant actuellement un postdoc de trois ans auprès de la faculté des HEC à l’UNIL, il prévoit deux échanges dans le cadre de ce dernier. Le premier se fera en Argentine, afin d’étudier leur shared care planning – équivalent du projet de soins anticipé (ProSA) en Suisse, mais avec une intégration de la famille bien plus prononcée. Le nombre de personnes âgées ne cessant d’augmenter et le rôle des proches aidant·e·s gagnant en importance, le chercheur s’intéresse donc beaucoup à ce système et à ses possibilités d’implémentation en Suisse. Par la suite, il prévoit un second échange aux Etats-Unis, afin de travailler avec le Pr. Ichiro Kawachi (épidémiologie sociale) à Harvard.

Il a également été élu comme nouveau membre de la Jeune Académie Suisse, une reconnaissance qu’il apprécie particulièrement étant donné l’activité prononcée de cette académie dans la communication scientifique auprès du grand public, ayant lui-même la volonté de lancer un projet de communication lié à ses recherches durant ces prochaines années.

 


View more news