Avec des collègues de l’Université de Mayence et de l’Université de Graz, Irene Weber Henking (Section d’allemand, UNIL) obtient un financement pour un projet WEAVE consacré aux expériences post-exil de traducteur·trices de la région allemande, suisse et autrichienne de l’après-guerre.
Projet
« Post-Exil:Trans » est basé sur les résultats du projet de recherche international « Exil:Trans » qui a étudié la vie et le travail des traducteur·trices en exil (1933-1945). Il se concentre sur les expériences post-exil de ces traducteur·trices jusque dans les années 1960, sur leurs réseaux professionnels et sur le destin des textes traduits en exil après la guerre. Le projet prend en compte les traducteur·trices exilé·es qui sont resté·es dans leur pays d'exil après 1945, celles et ceux qui sont retourné·es dans les pays germanophones et celles et ceux qui ont déménagé dans un pays tiers. Le contexte principal de la recherche est constitué par les pratiques de traductions scientifiques, littéraires et pragmatiques dans et en relation avec la région allemande, suisse et autrichienne de l’immédiate l'après-guerre. Elle porte en particulier sur les politiques de traduction des puissances occupantes, les aspects traductifs de la transformation subie par le marché du livre d'après-guerre, ainsi que le transfert de connaissances vers les sociétés d'après-guerre nouvellement formées par le biais de la traduction scientifique.
« Post-Exil:Trans » part du constat que l'expérience de l'exil a généré une dynamique traductive perceptible dans différents domaines de la production culturelle et académique. Il explore l'impact de ces phénomènes dans la période post-exil, c'est-à-dire des traducteur·trices exilé·es, de leurs liens avec d'autres acteurs et institutions dans la région étudiée, et de leur production, cartographiant ainsi la constitution des sociétés d'après-guerre du point de vue de l'histoire de la traduction.
Le projet est ancré dans l’histoire de la traduction et combine des approches actuelles dans ce sous-domaine des Translation Studies : la recherche biographique sur les traducteur·trices en tant qu'agent·es et la recherche sur les politiques de traduction. Pour éviter une vision étroite centrée sur la nation, une perspective transculturelle est appliquée. Le projet a une forte composante numérique, qui l’inscrit dans la continuité d’« Exil:Trans » : outre la diffusion des résultats de recherche dans des publications en libre accès, des données biographiques et bibliographiques sur les traducteur·trices continueront à être collectées dans des bases de données en ligne pérennes et librement accessibles (l'encyclopédie allemande des traducteur·trices UeLEX et la base de données bibliographique autrichienne des traductions DLBT), ainsi que dans la base de données biographiques propre au projet « Exil:Trans ». Les données biographiques sont également présentées et visualisées à l'aide d'outils d’humanités numériques.
« Post-Exil:Trans » met non seulement en évidence les continuités et les ruptures traductives survenues dans les années d'après-guerre, mais contribue également à l'historiographie générale de cette période. Il innove en offrant une compréhension des développements sociaux, culturels, politiques et scientifiques de l'après-guerre à travers le prisme de la traduction et, plus précisément, des biographies enchevêtrées des traducteur·trices de l'après-exil.
Direction du projet
Équipe de recherche
Durée du projet