La Suisse figure parmi les pays avec la plus haute espérance de vie dans le monde. Aujourd’hui, les personnes très âgées, y compris les centenaires, représentent le groupe démographique à la croissance la plus rapide. Mais que sait-on de nos aîné·es? Sur leur bien-être, leur mode de vie ou encore les défis rencontrés au quotidien? Pour en savoir plus sur ce sujet encore méconnu, une étude nationale a recueilli les témoignages de 446 centenaires de 2020 à 2024.
Dans un contexte bouleversé par la pandémie, l’équipe de recherche*, dirigée par la Prof. Daniela Jopp de l'UNIL, a d’abord réalisé une étude téléphonique de 2020 à 2021 auprès de 169 centenaires et leurs familles, provenant de 22 cantons. Cette première étude exploratoire a permis de montrer que les personnes vivant en EMS (64%) présentaient un risque plus élevé de développer des symptômes dépressifs pendant la pandémie que celles vivant à domicile (36%), sans différence entre hommes et femmes. Les mesures d’isolement social et de quarantaine, ainsi que la réduction des activités de loisirs dans les institutions, signalées par un grand nombre de centenaires, ont été identifiées comme des raisons ayant contribué à l’augmentation des sentiments dépressifs durant cette période de crise sanitaire.
Le secret pour devenir centenaire
Dès 2022, l’équipe de recherche a réalisé son étude principale en menant plusieurs entretiens en face à face avec 277 centenaires et leurs familles dans trois régions linguistiques (Berne, Bâle Ville, Genève, le Tessin, Vaud et Zurich). Parmi eux, 60 étaient des hommes et 217 des femmes. Les questions portaient sur leurs caractéristiques de base, comme l’éducation et la situation de vie, la santé, les relations sociales et le bien-être.
Les résultats de cette étude confirment une tendance déjà observée dans d'autres recherches: la génétique n'est pas le principal facteur de longévité. Elle représente seulement 25 à 30% de l'équation, tandis que la majorité des autres facteurs est liée au mode de vie, comme la nutrition, les activités physiques régulières ou les relations sociales. Ces éléments sont essentiels pour devenir centenaire et maintenir une bonne qualité de vie à un âge avancé.
Une autre caractéristique retrouvée chez de nombreuses et nombreux centenaires est la présence d'une passion. «Qu’il s’agisse d’une passion pour la famille, comme passer du temps avec ses petits-enfants, d’une passion pour la politique ou pour l’art, le fait d’être fasciné·e par un domaine particulier peut contribuer à vivre plus longtemps», explique Daniela Jopp.
Un autre constat frappant est la satisfaction de vie très élevée exprimée par les personnes centenaires, malgré des soucis de santé: «92% d'entre elles se disent satisfaites de leur vie. C’est plus que dans les autres pays industrialisés», souligne Daniela Jopp. «Par ailleurs, elles sont nombreuses à avoir traversé de rudes épreuves au cours de leur vie. Au moins un tiers d’entre elles a perdu un enfant. Ces expériences de vie difficiles semblent avoir renforcé leur résilience, un facteur pouvant contribuer à la longévité», ajoute la chercheuse.
La suite du projet «SWISS100»
A l’heure actuelle, le projet se poursuit jusqu’à fin février 2025. Une exposition sur les centenaires est planifiée, avec des présentations dans plusieurs villes, notamment à Lausanne et Genève en automne 2025 et printemps 2026, afin de sensibiliser le grand public à cette thématique. Enfin, un ouvrage présentant les résultats de l’étude et brossant le portrait des centenaires est aussi prévu.
*Composition de l’équipe de recherche :
Financement :
Parus en 2024 dans les médias :