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Christine Sempoux, vice-doyenne Relève académique et égalité

Médecin cheffe au sein du Service de pathologie clinique du CHUV, Christine Sempoux a rejoint le décanat de la FBM dès 2021, en continuité de son engagement dans la Commission égalité, diversité et inclusion de la FBM. Elle a rempilé pour un second mandat.

Published on 05 Mar 2025
La Pre Christine Sempoux, vice-doyenne Relève académique et égalité.
La Pre Christine Sempoux, vice-doyenne Relève académique et égalité. © Félix Imhof, UNIL

Très engagée pour le soutien à la relève et aux carrières académiques à l’hôpital, la professeure Christine Sempoux est devenue vice-doyenne sous l’ère Manuel Pascual, doyen de la Faculté de biologie et de médecine (FBM) de 2021 à 2024, où elle a mis l’accent sur l’égalité et l’ouverture.

La pathologue s’est engagée pour un deuxième mandat à la demande du nouveau doyen, Renaud Du Pasquier, conservant le même dicastère. Et la même bienveillance. Interview.

Quelles réalisations, effectuées lors de la dernière législature, souhaitez-vous mettre en avant ?

Avec mon adjointe au dicastère, Catherine Saib, nous avons constaté qu’il existait une certaine méconnaissance des procédures et des critères pour l’obtention d’un titre académique, particulièrement dans le domaine clinique. Il faut dire qu’il y a beaucoup de roulement dans notre faculté, beaucoup de nouvelles et nouveaux venu·es, il y a donc nécessairement une courbe d’apprentissage. Après avoir effectué quelques présentations, il nous est vite apparu qu’il fallait impliquer aussi le dicastère de l’enseignement : l’attribution d’un titre académique dépend en effet autant des activités de recherche que de celles d’enseignement.

Avec le professeur Patrick Bodenmann, vice-doyen à l’Enseignement et à la diversité, nous avons été invités à donner une présentation conjointe au département de chirurgie, et ce qui n’aurait pu être qu’un one-shot a fait boule de neige. Le bouche à oreille a fonctionné et nous avons déjà donné cette présentation, baptisée « Carrières académiques, mythes et réalités, enjeux et perspectives », près d’une quinzaine de fois ! C’est une jolie success story, et un bel exemple de collaboration réussie entre deux dicastères. De plus, ces présentations donnent aux plus jeunes et à leur hiérarchie l’occasion de mieux nous connaître, ce qui facilite la prise de contact et l’organisation de rendez-vous pour les conseils personnalisés que nous avons mis en place.

J’ajouterai, comme autres réalisations importantes de la dernière législature, la stabilisation de l’équipe de la relève et la mise en œuvre des recommandations de l’UNIL pour les recrutements professoraux, visant notamment à éviter les biais de genre et à diversifier la présidence et la composition des commissions en charge des concours. J’insisterai enfin sur le travail conjoint et bien coordonné avec la Direction des ressources humaines et la Direction médicale du CHUV concernant la planification des carrières hospitalo-académiques, avec un accent additionnel mis sur l’encouragement à la mixité. Notre collaboration étroite avec la Commission EDI (égalité, diversité et inclusion) a par ailleurs abouti à une tribune dans Cell, cosignée par six chercheuses de la FBM.

Quels sont les principaux enjeux de votre seconde législature ?

Tout d’abord, maintenir les principes EDI comme valeur centrale. L’erreur serait de croire que le problème est réglé. Certes, c’est un discours qui fatigue, les gens se lassent, comme cela apparait aussi avec la durabilité, autre domaine central de notre décanat. Il y a encore du travail, d’autant qu’on assiste même à un certain retour en arrière dans la société en général avec une diminution des soutiens.

Ensuite, dans notre section des sciences cliniques (SSC), il importe de détecter et retenir les talents, et de soutenir les carrières hospitalo-académiques : ce que nous faisons en collaboration étroite avec le CHUV, Unisanté et l’Hôpital ophtalmique Jules-Gonin. Dans la même logique, le décanat a clairement affirmé sa volonté de soutenir et de valoriser la filière MD-PhD, qui permet à des étudiant·es en médecine de se construire un double bagage clinique et fondamental, assurant ainsi l’avenir de l’institution. A terme, la création en SSC de postes de professeur·es assistant·es en prétitularisation conditionnelle serait la concrétisation de cette vision.

J’insisterai aussi sur la valorisation de la pratique clinique de niveau universitaire, autrement dit ces gestes techniques, cette expertise diagnostique qui ne peut s’acquérir et s’exercer que dans un environnement universitaire ; où il faut, outre un plateau technique de pointe, une formation ad hoc, et un réseau d’expert·es internes en charge d’une médecine hautement spécialisée collaborative. Celle-ci permet la constitution de cohortes qui sont aussi la base d’une recherche clinique d’excellence à côté de celles, translationnelle et fondamentale, effectuées dans nos laboratoires du CHUV et dans notre section des sciences fondamentales (SSF).

Au sein de cette dernière, nous portons actuellement une attention particulière à la diversité et au renouvellement des profils et thématiques de recherche, et à conseiller les professeur·es boursier·ères qui souhaitent « s’établir ». Ce n’est normalement pas ce qui est prévu, ces scientifiques sont censés venir pour quelques années puis repartir, mais les aspirations changent, et ce statut est difficile, assez précaire. Il faut donc aussi réfléchir à leur offrir des perspectives. Nous venons en outre de finaliser l’actualisation du guide des bonnes pratiques dans le recrutement professoral pour la section, attendue depuis longtemps et nécessaire à un fonctionnement moderne et mieux adapté des commissions en SSF.

Comment arriver à une « identité » FBM, à combiner harmonieusement biologie et médecine ?

Il faut mettre les gens en relation, c’est mon idée fixe. Je fais beaucoup de suivi et évaluation de professeur·es en prétituralisation conditionnelle en SSF: ce sont de jeunes chercheur·euses, en majorité des fondamentalistes, qui mènent des recherches passionnantes, dont beaucoup ont ou pourraient avoir un lien avec la clinique. Ils et elles travaillent sur des mécanismes moléculaires, génétiques, voire comportementaux, proches ou communs aux animaux et aux humains ! Parfois, c’est plus éloigné, on parle d’écologie, de plantes ou d’informatique, mais le lien existe aussi, surtout avec la durabilité, la santé globale, thématiques dont le vice-doyen Nicolas Senn a la charge au sein du décanat. Globalement, le potentiel de collaborations est énorme et très diversifié.

Je suis un peu peinée d’être une des seules à avoir l’opportunité de vivre cela, et j’imaginerais volontiers un forum rassemblant des clinicien·nes et des biologistes travaillant autour de thématiques connexes. Nous pourrions construire quelque chose sur le modèle du Forum féminin, que nous organisons déjà depuis plusieurs années, ou sur celui du Collège académique des professeur·es qui existait avant le Covid. Mais, dans ce cas, en élargissant le public et en se concentrant sur les plus jeunes et la relève. Très pratiquement, je m’astreins déjà à mêler ces profils SSC et SSF dans la composition des commissions de nomination pour leur permettre de se rencontrer à l’occasion des nouveaux recrutements.

Nous avons, en tant que faculté de biologie et de médecine, une originalité incroyable, et cela ne peut être qu’une force. Certes, c’est souvent compliqué au quotidien, puisqu’il faut gérer des procédures hétérogènes, découlant des différents rattachements institutionnels. Mais si l’on prend un peu de recul, si on voit la « big picture », il y a ici un magnifique terrain – de jeu et d’entente.

Et vous, qu’est-ce qui vous fait vibrer, en tant que chercheuse ? Ou en tant que professeure ?

Je ne pourrais pas travailler ailleurs que dans un hôpital universitaire. J’ai besoin de cette autorisation à la curiosité, de cette effervescence de savoirs, et de tous ces échanges. Il y a peu de routine dans un CHU : les jeunes collègues en formation et les progrès dans les connaissances, révélés aussi par les interactions constantes avec d’autres disciplines que les nôtres, nous remettent en permanence en question et nous amènent continuellement à progresser.

En tant que pathologue, mon travail c’est d’abord l’observation : je regarde des coupes au microscope – ou des coupes digitalisées comme cela devient la norme aujourd’hui – et j’interprète les modifications identifiées pour poser un diagnostic. Or ce qui est intéressant, c’est que dans ce qu’on considère au départ comme une même entité, par exemple celle des adénomes hépatiques, ou celle des maladies vasculaires du foie, on observe plusieurs patterns, plusieurs motifs différents. C’est l’observation minutieuse de ces variations phénotypiques qui mène à l’identification des bases moléculaires spécifiques, avec un impact thérapeutique et/ou pronostique.

Mes collègues britanniques du Royal College of Pathologists ont une définition de notre discipline que je m’approprie volontiers : la pathologie, c’est « the science behind the cure », la science à l’origine du remède. Autrement dit, en tant que pathologues, nous ne nous bornons pas à poser un diagnostic mais, en partant d’une observation, de l’aspect morpho-moléculaire d’une entité, nous allons la disséquer pour mieux la comprendre et ainsi influencer sa prise en charge. En ce sens, les progrès de l’intelligence artificielle seront un soutien précieux à notre pratique pour autant que nous en soyons les guides !

Et parce qu’il n’y a pas que le travail dans la vie… une passion, un hobby qui vous permet de vous ressourcer ?

J’aime énormément la lecture, pour l’évasion qu’elle procure, et l’histoire, comme porte ouverte vers le passé pour comprendre le présent. Mais je reste, fondamentalement, une observatrice, même si mon « objet d’étude » ne se trouve plus sur une lame de microscope. J’aime marcher, observer la nature, les textures, l’harmonie et la variation de couleurs des feuillages, des paysages de campagne ou de montagne, de la mer du Nord et du Léman que je photographie sans jamais m’en lasser. Ma propre version de la philosophie contemplative. Et ce goût pour le visuel, l’émerveillement dans chaque détail qui me procure la joie profonde d’être vivante, m’amène naturellement à l’art. Quand je voyage pour un congrès, j’essaie toujours de planifier au moins une courte visite d’un musée, d’une exposition. C’est comme une parenthèse, un moment de rêve et de recul que je m’offre … mais toujours après mon talk, bien sûr, avant je ne serais pas assez détendue !

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