La prestigieuse revue Nature a interrogé deux chercheur·euses de l’Université de Lausanne (UNIL) afin qu’ils partagent leur expertise sur la problématique des achats compulsifs en forte augmentation à travers le monde.
Dans cet article de Nature, les travaux de Joël Billieux et Maèva Flayelle, chercheur·euses en psychologie clinique à l’UNIL, apportent un éclairage sur les achats compulsifs sous l’angle des mécanismes de conception des sites web et des applications.
Avec l’essor du commerce en ligne, certaines entreprises comme Amazon, Temu ou Shein intègrent parfois des stratégies inspirées du jeu pour inciter à l’achat. « Des fonctionnalités telles que le social shopping, les systèmes de récompense par points, les offres promotionnelles et les comptes à rebours créent une pression temporelle qui pousse à la consommation et réduit la maîtrise de soi chez les consommateur·trices les plus vulnérables », explique Maèva Flayelle dans l'article publié dans Nature. Les chercheur·euses ont en effet analysé les mécanismes psychologiques par lesquels les caractéristiques technologiques des plateformes et applications en ligne influencent les capacités d’auto-contrôle des utilisateur·trices, favorisant ainsi l’émergence de conduites problématiques, voire addictives, et ont, dans cette perspective, proposé une classification de ces caractéristiques.
Un autre développement du e-commerce est l’intégration de « boîtes à butin » dans certains jeux vidéo. Ces petits coffres virtuels sont payants à l’ouverture et contiennent un objet numérique aléatoire, potentiellement précieux, pouvant être revendu à d’autres joueur·euses. En combinant jeu, achat et jeu d’argent, ces « boîtes à butin » offrent une expérience attrayante, voire irrésistible, pour certaines personnes, précise l'article.
A l’heure actuelle, la réglementation encadrant ces innovations technologiques reste très limitée. Les entreprises privilégient les stratégies incitant à la consommation plutôt que la mise en place de mesures de prévention contre l’addiction au shopping.
En attendant, les personnes sujettes aux achats compulsifs doivent s’attaquer seules à ce problème, avec l’aide d’un·e professionnel·le ou par leurs propres moyens.