Giulia Bovo nous décrit ci-dessous son activité professionnelle, ses motivations dans le choix de ses études et de son métier, ainsi que son parcours post-études
En quoi consiste votre travail actuel ?
Concrètement, un bureau d’ingénieurs en environnement privé est mandaté par des tiers (privés, communes, cantons, CFF, OFROU, Armasuisse, etc.) pour accompagner la réalisation de projets respectueux de l’environnement. Cela englobe l’élaboration d’études d’impact (phase préparatoire), le suivi environnemental pendant la réalisation (chantier) ou encore l’investigations de sites pollués. Mon rôle est d’interagir et collaborer avec divers acteurs du projet (mandataire, bureau de génie civil, autorité communale, cantonale voir fédérale, bureau de géotechnique, paysagiste, etc.) pour garantir la conformité avec les lois en vigueur en matière de protection de l’environnement, mais aussi d’aller sur terrain pour tout ce qui concerne la partie pratique des investigations et suivis (échantillonnages de sols, etc.).
Quelles ont été vos motivations dans le choix de votre formation ?
De nature curieuse et naturellement avide d’apprendre, j’ai développé un intérêt particulier pour l’interdisciplinarité durant mon bachelor. Les cours de différentes branches environnementales m’ont rapidement fait comprendre, que toutes les thématiques environnementales relèvent de processus interdisciplinaires et multifactoriels. J’ai retrouvé dans le master en sciences de l’environnement cet aspect interdisciplinaire, qui a fait pencher la balance vers la poursuite de mes études à Lausanne. La possibilité d’aborder une problématique dans son intégralité de l’échantillonnage au traitement en laboratoire, jusqu’à l’interprétation et la modélisation des résultats était unique en Suisse. Je trouvais également positif de ne pas avoir à me spécialiser dans un domaine précis, ayant de l’intérêt et de la curiosité pour différents aspects de l’étude de l’environnement.
Quel a été votre parcours après le master ?
Pendant mon master, en assistant à une conférence sur les sites pollués en milieu karstique j’ai saisi l’opportunité de rencontrer un professeur de Neuchâtel qui m’avait aidée pour des tests hydrauliques liés à mon travail de mémoire. A cette occasion, j’ai obtenu un accès à la liste de tous les participants, y compris les bureaux actifs en Suisse, ce qui m’a permis de constituer une première base de données des employeurs potentiels. Lors de mes recherches d’emploi, j’ai ensuite ciblé les annonces de ces bureaux.
Pour ma première candidature, j'ai sollicité le SOC pour avoir leur feedback sur mon CV et ma lettre de motivation. Lors de l’entretien qui a suivi, j’ai simplement été moi-même, ce qui a payé. J’ai ainsi eu la chance d’être directement embauchée dans un bureau d’ingénieurs-conseils, où j’ai travaillé pendant un peu plus de 3 ans. Ce premier succès je le dois à un mélange de chance, de timing et d’expérience. Mon travail de mémoire portait sur un cas réel qui m’a permis d’interagir avec le canton, la commune et des bureaux privés, initiant ainsi la constitution de mon réseau professionnel. Par ailleurs, le bureau en question venait de gagner un projet au Tessin dans le cadre de sites pollués, sans avoir d'employés italophones. Quoi de mieux qu’une tessinoise avec des bases en sites pollués ?!
J’ai continué à me perfectionner en cours d’emploi, en suivant des cours d’allemand d’entente avec mon employeur et en me spécialisant dans le domaine de la gestion des sites pollués via le CAS SIPOL offert conjointement par les Universités de Neuchâtel et de Berne.
J’ai été très surprise d’avoir été embauchée dès ma première postulation ! Je me souviens qu’à l’époque j’espérais juste avoir l’occasion de pouvoir décrocher un entretien en raison du parcours général en sciences environnementales, qui ne me semblait pas très connu dans le monde du travail par rapport à l’EPFL ou l’HEIG/HEPIA par exemple.
Aujourd’hui, je travaille en tant que cheffe de projet en environnement et sites pollués chez CSD Ingénieurs et j’ai également la casquette de responsable d’activité études d’impact pour la Romandie. Pour décrocher ce deuxième emploi, mes compétences professionnelles et linguistiques ont clairement été un atout non-négligeable.
Quelles compétences acquises durant vos études vous sont utiles actuellement ?
Avant tout, l’esprit critique développé tout au long de mes études. Sur un plan plus concret et technique, l’utilisation des SIG, ou les cours de chimie sur la migration des polluants sont des connaissances de base que je mobilise quotidiennement.
En poussant le parallélisme à l’extrême, chaque projet peut globalement être comparé à un travail de mémoire : le besoin ou l’objectif du client peut être assimilé à la question de recherche, qui doit être résolue selon un planning et un budget défini. Cela étant, je ne veux pas non plus vendre du rêve : il existe un décalage important entre le monde du travail et celui des études.
Quels aspects de votre travail vous plaisent le plus ?
Difficile de répondre en quelques mots ! Probablement le côté très interdisciplinaire et la diversité de chaque projet en raison du contexte qui le rend unique en soi et jamais complètement reproductible. D’un autre côté, j’ai la chance de pouvoir intervenir à différents stades des projets (élaboration, construction, réalisation) et de pouvoir ainsi aller régulièrement sur terrain.
Quels conseils donneriez-vous aux futur.e.s diplômé.e.s de master ?
C’est un réel “plus“ d’être pro-actif et de s’intéresser au monde professionnel déjà durant le master : identifier les employeurs potentiels dans les domaines qui vous intéressent, établir des liens et créer un réseau. Il faut également admettre que le poste de travail parfait n’existe pas, qu’il faut toujours oser et trouver des compromis.
Quels sont vos objectifs pour la suite de votre activité professionnelle ?
Au niveau professionnel, je me considère comme très chanceuse et plutôt épanouie dans mes projets variés. Un sujet qui me tient à cœur et qui retient de plus en plus mon intérêt, concerne mon implication dans des associations qui traitent des projets internationaux en matière d’environnement. A voir comment cela se traduira dans le futur.