Le prix David Solomons 2015 a été attribué à Anette Mikes et ses deux co-auteurs pour l'article intitulé «How do risk managers become influential? A field study of toolmaking in two financial institutions» publié en mars 2015 dans MAR, et sa contribution à la recherche en matière de comptabilité de gestion.
Comment les gestionnaires de risques et les spécialistes gagnent-ils·elles en influence au sein des entreprises ?
Sur la base de deux études de cas menées au sein de grandes banques à Londres entre 2006 et 2011 (soit avant, pendant et après la crise financière), les auteurs ont cherché à comprendre comment et pourquoi des fonctions de gestion de risques aux potentiel et à la capacité d'influence initialement identiques avaient atteint différents degrés d'influence. Dans le premier cas, le groupe de gestion des risques a participé activement à des travaux critiques au sein de l'entreprise jusqu'en 2011. Dans le second cas, le groupe a été divisé en deux entités vaguement connectées, chacune spécialisée dans des domaines distincts de la vie organisationnelle, et s'est retrouvé ainsi passablement éloigné des prises de décision importantes hors de ces domaines. Comment ces deux équipes et leurs responsables ont-ils obtenu des résultats aussi divergents ?
L'étude attentive de ces deux cas a été riche d'enseignements pour les autres spécialistes en quête d'influence (des comptables aux départements RH, des auditeurs internes aux spécialistes marketing). Les auteurs ont recensé les compétences fondamentales - le toolmaking* faisant partie des compétences centrales - que les gestionnaires de risques et autres cadres peuvent développer afin d'augmenter leurs chances d'avoir une influence large et durable. Il ressort de cette étude que les gestionnaires de risques, en vue d'accroître leur niveau d'influence, doivent non seulement s'efforcer d'analyser leurs relations interpersonnelles avec les autres responsables, mais aussi observer si et dans quelle mesure le toolmaking fait partie de leurs activités.
«En tant que chercheuse et enseignante à HEC Lausanne, je pense que la recherche a un impact significatif tant dans les discussions qui se tiennent aujourd'hui sur la culture du risque, qu'au niveau des efforts des entreprises pour améliorer cette culture dans le secteur des services financiers et en dehors. » commente Anette Mikes. Elle ajoute : « La recherche m'aide aussi à enseigner aux futur·e·s dirigeant·e·s et responsables, les compétences nécessaires au développement de nouveaux outils permettant d'instaurer une culture de la gestion responsable et qui tient compte des risques.».
* Le toolmaking est le processus de création, de déploiement et de reconfiguration de certains outils à l'interne. Les gestionnaires de risque et cadres qui intègrent dans leurs instruments non seulement leur expertise, mais aussi les suggestions des utilisateurs, se montreront plus influents que ceux qui déploient des outils qu'ils sont seuls à pouvoir comprendre et développer.