Daniel Baehler et Aurélie Schmassmann se sont rendus à Copenhague en train pour participer au « 5th Cycling Research Board Annual Meeting ». Ils nous partagent leurs impressions.
Copenhague… ville cyclable, ville apaisée, ville exemplaire pour tout urbaniste. Ville parfaite ? A quoi ressemble vraiment Copenhague ? La rencontre annuelle du Cycling Research Board nous offre la possibilité de l’expérimenter avec notre regard de chercheurs-cyclistes.
Après un long voyage en train, nous nous retrouvons à la gare de Copenhague – Daniel est déjà sur place depuis quelques jours et a déjà quelques kilomètres de vélo au Danemark dans les jambes. Les Cycling Super Highways (Supercykelstier) il connaît ! Ces pistes cyclables rapides et ininterrompues sur de longues distances l’ont emmené jusqu’à Hillerød, une ville à 35 km au nord de Copenhague. Mais quelle surprise de voir ces défilés de vélos incessants devant la gare, devant notre hébergement, partout ! Nous n’attendons donc pas le début de la conférence pour louer des vélos, nous voulons rapidement nous mettre en selle et tester le modèle danois. On se mélange aux pendulaires, aux parents transportant les enfants dans les vélos-cargos, aux touristes, aux gens pressés, et à autant de types de vélos que de cyclistes ! Ici le casque n’est pas très répandu, - les Danois optent souvent pour un Hövding, une sorte d’airbag très technologique porté en tour de cou -, les cyclistes se mélangent rarement au trafic motorisé, les pistes cyclables sont séparées d’une bordure, surélevées, et souvent suffisamment larges pour nous permettre de rouler l’un à côté de l’autre, ou encore de se faire dépasser par les plus rapides. Nous adoptons un petit rythme de croisière en papotant et en découvrant la ville qui se déroule de chaque côté de nous.
Le premier jour de la conférence nous permet de découvrir davantage d’aménagements cyclables lors d’excursions organisées l’après-midi, et notamment les plus typiques tels que le Cykelslangen, le Cirkelbroen, le Lille Langebro ou encore le Inderhavnsbroen, autant de ponts qui ont permis des connexions essentielles entre les deux rives de la ville. Leur création, majoritairement issue de financements privés, a permis de relier des quartiers clés de la ville ou d’en favoriser le développement.
Nous apprenons aussi les codes propres aux cyclistes : outre les indications de direction, il faut lever la main pour indiquer un arrêt – autant dire que beaucoup de collisions sont évitées ainsi ! Toutefois, le modèle danois trouve aussi ses limites. Une traversée de carrefour en deux temps semble idéale, mais l’arrêt est peu protégé – entre le passage piéton et le stop des voitures – plusieurs bus nous ont frôlé de près ; des pistes cyclables s’interrompent ; le système de stationnement ne nous semble pas optimal ; et les voitures encore fortement présentes dans cette ville qu’on dit tant cyclophile !
Au-delà de notre expérience en tant que cyclistes, nous avons eu l’occasion de participer à un workshop ouvrant la réflexion sur la recherche sur, et surtout, avec les enfants, et dans sa continuité de présenter les résultats de la recherche menée à Yverdon-les-Bains ; d’entendre Marco te Brömmelstroet, Prof. en urbanisme à l’Université d’Amsterdam, s’approprier Imagine de John Lennon pour remettre en cause le système de mobilité trop orienté vers la productivité, oubliant complètement son aspect social ; ou encore d’être accueillis dans les locaux de la Dansk Industri avec un directeur d’entreprise défendant avec poigne les bienfaits du vélo sur ses employés.
Ces trois jours d’échanges sur la recherche sur le vélo nous auront également permis de tisser des liens avec des participant-e-s de différents pays et de souligner l’importance de l’interdisciplinarité dans nos projets de recherche. La recherche sur le vélo se doit d’aller au-delà de la seule thématique de transport ; géographes, urbanistes, sociologues, psychologues, médecins, ingénieurs, etc. ont la possibilité de croiser leurs compétences pour inverser le système de mobilité actuel. La vision de ce système doit aussi être adaptée. Parler différemment, voir au-delà des évidences, inclure l’ensemble des usagers et usagères de l’espace public, sont autant d’éléments indispensables pour ralentir, valoriser les lieux de vie, se reconnecter à l’environnement et apporter une qualité de vie apaisée pour tous, du petit écolier curieux à la femme d’affaires sérieuse.
Nous nous réjouissons des prochaines rencontres sur la recherche autour du vélo, dont les deux prochaines éditions sont déjà assurées à Amsterdam et à Wuppertal !