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Une nouvelle mutation génétique associée à l’encéphalite herpétique

Le Pr Pierre-Yves Bochud et la Dre Stéphanie Bibert, du Service des maladies infectieuses du CHUV, ont identifié une cause génétique d’une faille du système immunitaire. Celle-ci permet d’expliquer certains cas graves d’encéphalite par le virus de l’herpès.

Publié le 15 mai 2024
Le Pr Pierre-Yves Bochud et la Dre Stéphanie Bibert. Photo DR
Le Pr Pierre-Yves Bochud et la Dre Stéphanie Bibert. Photo DR

Le virus de l’herpès provoque généralement des infections désagréables mais bénignes, connues sous le nom de boutons de fièvre, qui disparaissent spontanément. Cependant, chez quelques rares individus, estimé à 3 personnes par million et par an, l’infection par le virus de l’herpès peut s’étendre au système nerveux central et causer une encéphalite, c’est-à-dire une grave inflammation du cerveau. Le diagnostic chez de jeunes enfants est souvent difficile à établir, et en l’absence de traitement antiviral administré de manière précoce, l’encéphalite peut entrainer de lourdes séquelles neurologiques ou conduire au décès. Depuis quelques années, les scientifiques savent que des prédispositions génétiques liées à la production d’interféron, associées à d’autres facteurs, sont la cause des rares cas d’encéphalite herpétique.

Le rôle de l’interféron dans l’immunité

Dans une étude publiée dans Nature Communications, la Dre Stéphanie Bibert et Pierre-Yves Bochud, professeur associé de l’UNIL, tous deux au Service des maladies infectieuses du CHUV, ont mis en évidence une nouvelle mutation génétique associée à l’encéphalite herpétique chez une enfant de deux ans. L’identification a été permise par une analyse bio-informatique des séquences d’ADN réalisée par l’équipe du Pr Carlo Rivolta de l’Université de Bâle. Les chercheurs du CHUV ont montré que cette mutation entraîne un déficit de la production d’interféron par un mécanisme bien spécifique et jamais lié jusqu’ici à cette maladie.

L’interféron joue en effet un rôle essentiel dans la défense contre les infections virales. Il est produit par les cellules infectées pour protéger les cellules avoisinantes et limiter la propagation du virus dans le corps. Sans interféron, l’herpès peut se propager dans le cerveau, où les mécanismes immunitaires sont restreints.

L’utilisation de cellules souches pluripotentes induites

Dans l’impossibilité de prélever des neurones sur la patiente pour étudier ces mécanismes, les chercheuses et chercheurs ont utilisé une technique novatrice mise au point par une équipe japonaise et adaptée par le laboratoire de neuro-immunologie de Renaud Du Pasquier, professeur ordinaire de l’UNIL et chef du Service de neurologie au CHUV. Une simple prise de sang permet d’obtenir des cellules pluripotentes, qui peuvent ensuite se transformer en n’importe quel type de cellules, en l’occurrence des neurones.

En les étudiant, l’équipe de recherche a découvert une mutation au niveau d’un gène qui code pour une enzyme dont la fonction est de dégrader des protéines portant une étiquette appelée « ubiquitine ». Or, à la différence des mutations génétiques identifiées jusqu’ici, la mutation en question entraîne une hyperactivité de cette enzyme. Il en résulte une dégradation non contrôlée de l’ubiquitine qui, en temps normal, se fixe sur le récepteur du virus et joue un rôle essentiel dans la production d’interféron et donc la protection contre l’infection.

Une meilleure compréhension des cas rares

Cette découverte enrichit le catalogue des tests génétiques qui peuvent être proposés à des profils à risque. Elle permettra peut-être de mieux comprendre la survenue d’encéphalite ou d’autres infections rares et de mieux prendre en charge ces maladies.

Cette étude a été réalisée en collaboration avec plusieurs investigateurs du CHUV (Services de pédiatrie, neurologie, génétique médicale, microbiologie), de l’UNIL (Groupe de modélisation moléculaire, Centre de compétence en bio-informatique) et de l’Université de Bâle (Biologie computationnelle).

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