L’activité physique est essentielle pour la santé et le bien-être tout au long de la vie. La diminution de l’activité physique moyenne avec l’âge est donc problématique. L’étude SOPHYA, qui inclut la participation du professeur Bengt Kayser de l'Université de Lausanne, a montré qu’en Suisse, le sport organisé, soutenu par programme fédéral Jeunesse+Sport (J+S), joue un rôle important pour contre-carrer cette tendance. Les enfants qui participent aux activités sportives J+S ont beaucoup plus de probabilité de conserver un style de vie actif à mesure que les années passent. Ces résultats ont été publiés le 10 octobre dans la revue scientifique à comité de lecture Swiss Medical Weekly.
Une activité physique régulière est bénéfique pour la santé à de nombreux égards. Elle diminue notamment le risque de maladies chroniques et elle améliore la santé psychique, la qualité de vie et les fonctions cognitives, ce qui se traduit positivement dans les résultats scolaires. Encourager les jeunes à bouger et à demeurer fidèles à l’activité physique toute leur vie pour en retirer des bénéfices pour leur santé est donc une priorité de santé publique. Néanmoins, les études scientifiques montrent que les jeunes tendent à devenir plus sédentaires à mesure qu’ils avancent en âge. Bien que la diminution de l’activité physique moyenne avec l’âge soit un phénomène naturel que l’on observe aussi chez les animaux, elle est contraire aux objectifs de la promotion de l’activité physique et de la santé.
Dans le cadre de l’étude longitudinale SOPHYA, réalisée avec le soutien pratique et financier de l’Office fédéral du sport (OFSPO), les chercheurs et chercheuses de Swiss TPH ont analysé l’évolution de l’activité physique de quelque 430 enfants et jeunes de 6 à 16 ans dans toute la Suisse sur une période de cinq ans. Les résultats ont été publiés le 10 octobre dans la revue à comité de lecture Swiss Medical Weekly.
Une diminution moindre de l’activité physique grâce au sport organisé
Comme attendu, l’activité physique des 6 à 16 ans a diminué durant les cinq années sous revue, tandis que la durée de leurs activités sédentaires augmentait. «Toutefois, malgré le déclin de l’activité physique avec l’âge, qui est probablement pour partie un phénomène biologique, nous avons pu identifier dans notre étude des enfants et des jeunes qui n’ont pas confirmé cette tendance et qui ont conservé un degré d’activité physique stable, voire qui sont devenus plus actifs», affirme Johanna Hänggi, collaboratrice scientifique chez Swiss TPH et première auteure de la publication.
Les chercheurs ont constaté que la participation des enfants et des jeunes aux activités sportives du programme J+S avait fortement influé sur leurs habitudes en matière d’activité physique durant la période concernée. Les enfants participant à des activités sportives organisées se sont révélés plus susceptibles de maintenir leur degré d’activité physique en grandissant que ceux qui ne prenaient pas part à des activités J+S.
En Suisse, le sport organisé bénéficie depuis plus de 50 ans du soutien de Jeunesse+Sport, le principal programme d’encouragement du sport de l’OFSPO, qui s’adresse aux enfants et aux jeunes de 5 à 20 ans. J+S soutient plus de 85 sports et plus de 600 000 participants avec un budget annuel de 100 millions de francs suisses. Il était déjà établi que les enfants et les adolescents ont une activité physique accrue grâce à J+S. En revanche, c’est la première fois que l’impact du programme sur leurs comportements à long terme est étudiée. «L’étude SOPHYA montre que participer aux cours et aux camps J+S a une influence durable sur l’activité physique et que notre investissement porte ses fruits» se félicite Pierre-André Weber, le responsable du programme J+S à l’OFSPO.
Importance des études de cohorte de long terme
L’étude longitudinale décrite ici s’inscrit dans l’étude SOPHYA, la première étude de cohorte de long terme menée sur un échantillon représentatif de la population suisse pour mesurer objectivement l’activité physique des enfants et des jeunes. Elle a été réalisée par Swiss TPH en collaboration avec l’Institut des Sciences du Sport de l'Université de Lausanne (ISSUL) et l’Université de la Suisse italienne (USI). Observer de manière suivie quelque 2300 enfants et jeunes dans toute la Suisse entre 2014 et 2019-2020 a permis de tirer des conclusions représentatives sur l’évolution à long terme de leur activité physique.
«Les études représentatives de long terme sont essentielles pour évaluer la pérennité des bénéfices des interventions de santé publique – comme on le voit bien en l’occurrence» explique Nicole Probst-Hensch, qui a supervisé l’étude SOPHYA et est l’auteure senior de la publication. «Les études représentatives de long terme fournissent en fin de compte des informations importantes aux décideurs pour la mise en œuvre des politiques qui visent à améliorer la santé et le bien-être de la population et pour l’évaluation de leur l’impact.»