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Appel à contributions: D’un amalgame : études de genre et littérature comparée

Appel à contributions pour le colloque annuel du CIEL (Université de Lausanne, 19 et 20 juin 2025). Délai de soumission: 13.01.2025.

Publié le 15 oct. 2024
© Vian1980 | Dreamstime
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Organisation :

  • Francesca Catalano – Doctorante (CIEL), Université de Lausanne
  • Valérie Cossy – Professeure associée en Gender studies (section d’anglais), Université de Lausanne
  • Aurore Turbiau – Première assistante (CIEL), Université de Lausanne

Organisé au sein du Centre Interdisciplinaire d’Études des Littératures (CIEL), les 19-20 juin 2025 à l’Université de Lausanne, ce colloque comparatiste prend pour objet l’étude des rapports qui mettent en dialogue deux domaines scientifiques, à savoir : les études de genre et la littérature comparée. Ce colloque sera adossé à un atelier organisé dans le cadre de l’Association Suisse de Littérature Générale et Comparée (ASLGC/SGAVL) quant à lui destiné spécifiquement aux doctorant⋅es suisses dans le but de fournir un lieu et un espace d’échange au sujet de l’interdisciplinarité entre la littérature comparée et les études de genre. Pour plus d’informations :

  • https://news.unil.ch/display/1729000292405
  • https://www.sagw.ch/fr/sgavl/

Le titre de l’événement se veut provocateur : il suscitera désaccords et discussions, que nous appelons de nos vœux. D’une part, il s’agit d’établir un constat : il existe des liens historiques, voire fondateurs (Planté, 2018), entre la discipline littéraire et les études de genre, et ceux-ci sont souvent créés à partir d’une démarche comparatiste – que le terme soit explicitement posé ou non. Pensons, par exemple, aux travaux de Kate Millett, dont les Sexual Politics forment l’un des premiers grands textes de critique littéraire féministe (1970), à ceux d’Eve K. Sedgwick, qui donnent un socle à tout un pan des théories queer à partir d’une analyse croisée des œuvres de Proust, de Wilde, de Nietzsche (Sedgwick, 1985, 1990) ; pensons aux analyses de Gayatri C. Spivak, comparatiste de formation (Spivak, 1987, 2003), ou même à celles de Judith Butler (2005 ; Perrot-Corpet, 2018). D’autre part, il s’agit de questionner l’habitude qui semble avoir été prise peu à peu, en domaine littéraire[1] et particulièrement dans le contexte français, d’assimiler les terrains du genre et ceux de la comparée : ainsi n’est-ce pas régulièrement, désormais, que les demandes d’encadrement de mémoires « genre » en littérature y sont adressées aux enseignant⋅x⋅es comparatistes ? Inversement, les chercheur⋅x⋅ses en littérature et études de genre, en France surtout là encore, ne constatent-iels pas qu’iels sont vite supposé⋅x⋅es comparatistes par les collègues qui les connaissent mal, parfois en dépit de leurs rattachements pourtant très clairs à d’autres disciplines littéraires ? Sur ce point, les différences entre traditions universitaires nationales seront à interroger : en Suisse romande ou au Québec par exemple, ces constats paraissent moins vrais, dans la mesure où le statut disciplinaire du comparatisme pèse bien moins sur l’organisation institutionnelle de la recherche qu’en France. Mais partout, il semble qu’il y ait une différence entre la réalité statistique d’études de genre littéraires majoritairement menées dans des sections de littérature et de langue francophones, germanophones, hispanophones, etc., et les projections qui sont faites lorsque le rattachement réel du ou de la spécialiste en genre est inconnu : nous soulignons une disproportion entre la fréquence du présupposé comparatiste et la réalité statistique des rattachements.

En 1995, Margaret R. Higonnet affirmait même, en contexte anglophone, que les études de genre devraient toujours être comparatistes (Higonnet, 1995, p. 155) : il ne s’agit alors pas seulement d’un constat de récurrence, mais d’une injonction épistémologique. L’amalgame n’est d’ailleurs sans doute pas parfaitement équilibré : il fonctionne dans le sens d’une injonction faite aux études de genre, plus qu’aux études comparatistes. En tout cas, il semble bien que dans certains cas, situés par des contextes institutionnels spécifiques, la comparée soit comprise comme un « par défaut » du genre : pas exactement comme un pré-requis, puisqu’on reconnaît aisément que nombre de classiques du genre ne sont pas spécialement comparatistes[2] – mais comme une sorte d’évidence a priori. Tant qu’il n’est pas démontré le contraire, il peut y avoir un présupposé comparatiste dans l’identification « genre », en littérature ; celui-ci semble varier en fréquence et force selon les traditions universitaires nationales et locales.

La raison s’en trouve sans doute en partie dans la nature foncièrement transdisciplinaire des études de genre, qui nécessitent l’interaction de différentes « littératies » scientifiques et culturelles (Plate, 2018) : les liens entre littérature, histoire, psychanalyse, anthropologie, sociologie, structurent nombre de travaux en études de genre depuis les années 1980. Or de larges pans de la discipline comparatiste travaillent précisément les enjeux, implications et bénéfices, pour la critique et la théorie littéraires, de l’interdisciplinarité. Nous souhaiterions ainsi voir interrogé ce trio comparée-genre-interdisciplinarité lors du colloque, pour son histoire et parce qu’il semble que les dynamiques qui le constituent soient actuellement en pleine transformation. De nombreux chantiers apparaissent qui reproblématisent encore ces relations. Par exemple, du fait d’être de plus en plus marquées par des réflexions épistémologiques – parce qu’elles parlent de littérature en termes de savoirs situés, empruntant à Harding (1983, 1993), Hartsock (1983), Hill Collins (1990) et Haraway (2007) des outils d’analyse riches pour la littérature –, les études de genre en littérature réactivent actuellement le travail comparatiste mené sur les liens entre littérature et philosophie des sciences. Il semble, d’un côté, que ce soit à l’aune de réflexions épistémologiques qu’est progressivement réinterprétée la dimension interdisciplinaire des études de genre (Husson et al., 2018), et, d’un autre côté, que la réflexion méthodologique et épistémologique sur ce qu’implique l’interdisciplinarité, soit un terrain encore urgent des études de genre en littérature comme de la comparée.

Si un certain amalgame peut avoir lieu entre études littéraires du genre et domaine comparatiste, c’est aussi en raison du caractère largement international de l’histoire des féminismes, des mouvements LGBT ou queer et des autres luttes de classe liées à celle du genre (antiracismes, écologie, etc.), sur lesquelles se sont construits les terrains universitaires de recherche sur le genre. Le genre est une question « glocale » (Haensler et al., 2022) : un domaine de recherche qui nécessite à la fois qu’on se concentre sur les enjeux et formes locales, singulières et contextualisées, des inégalités genrées, et qu’on les étudie comme déterminées par des forces globales – échelles locale et globale sont ainsi liées et complices (Plate, Zoberman, 2014, p. 3, citant Friedman, 1998). On l’a souligné souvent, parfois en déformant quelque peu la réalité généalogique des mouvements (Hurtig et al., 1991), les recherches francophones sur le genre, y compris en littérature, puisent largement à celles qui se sont développées d’abord du côté des États-Unis et du Royaume-Uni : non seulement il y a une évidence transatlantique nord des études de genre, de ce point de vue, mais en outre cela entraîne naturellement une tension comparatiste dans les recherches faites. Cependant, il demeure important d’en décentrer les études, pour interroger les apports critiques des pensées nées par exemple en Amérique latine (Castillo, 2009 ; Sparling, 2014, p. 3), au sein des Premières Nations (Gould, 1992 ; Bradette, 2019 et Paquette, 2019), ou d’une manière générale dans tous les territoires minorisés de l’espace mondialisé des dominations. Sur ce point, enjeux disciplinaires du genre et de la comparée se ressemblent sans se confondre forcément. Il faut, en dépit des difficultés multiples que cela représente, à la fois diversifier et décentrer (Levitt et al., 2022 ; Roig-Sanz, 2022), à la fois re-confirmer l’importance critique des méthodes comparatistes pour traiter de cultures et mouvements transnationaux, sans ni les essentialiser (voir O’Neill et Braz, 2011 et notamment Durnin et Huang ; Chaturvedi, 2021), ni réduire la singularité de leurs ancrages contextuels (ni ceux de ces mouvements, ni ceux des études qui s’y penchent, voir Guerellus, 2022). Cette similarité entraîne que les recherches à la fois inscrites en comparée et en genre interrogent de plus en plus, d’un point de vue doublement méthodologique et politique, la pertinence de déterritorialiser les sujets politiques, reproblématisant ainsi les éléments traditionnels d’une réflexion comparatiste sur la notion de littérature « mondiale » ou « globale » ; parallèlement, d’autres recherches discutent les présupposés méthodologiques mêmes de la discipline comparatiste, en raison des besoins épistémologiques spécifiques de recherches à la fois féministes et décoloniales (Orihuela, 2022 ; Ray, 2013 ; dans les recherches en cours, voir notamment Hammar, 2022).

D’autres éléments peuvent encore contribuer à expliquer l’amalgame qui concerne, en domaine littéraire, le genre et la comparée. Certains objets leur sont historiquement communs : il en va ainsi pour les terrains des études culturelles, qui sont traditionnellement interdisciplinaires et multimédiatiques, souvent comparatistes d’un point de vue géo-linguistique par surcroît, et qui sont toujours particulièrement féconds pour comprendre les enjeux du genre en littérature (voir par exemple les articles réunis dans la section genre de Dominguez Leiva et al., 2010). La tradition en est longue, depuis les analyses de Germaine Greer en 1970, un des premiers essais de critique féministe s’appuyant sur des références de littérature populaire (Berthier, 2020), ou celles de Tania Modleski en 1982. On pense aussi plus récemment, par exemple, aux travaux de Diana Holmes sur la littérature « middlebrow » (2018), qui croisent une catégorie d’analyse socio-littéraire anglaise (le « middlebrow »), un corpus d’étude français (la littérature de la Belle Époque) et une question très comparatiste dans l’esprit (le canon).

En dehors du cas des études culturelles, d’aucun⋅x⋅es avancent aussi l’idée – contestée par ailleurs – que la discipline comparatiste serait plus naturellement encline à accueillir des travaux politiquement engagés que d’autres domaines littéraires dont la vocation patrimoniale serait par nature plus conservatrice. La définition du « politique » qui s’y joue pourrait être plus proche du sens large de ce terme tel qu’il est employé dans d’autres domaines des sciences humaines (Van Delden et Grenier, 2009, p. 237), et le genre apparaît comme l’un des ferments de mise en évidence de cette nature éthique et politique de la comparée (Perrot-Corpet, 2021 ; Sparling, 2014, p. 2-3).

Enfin, le rapprochement récurrent entre genre et comparée peut être dû au facteur commun d’une relative minorisation au sein des départements d’études littéraires, question non seulement disciplinaire mais aussi institutionnelle. On l’a souligné, l’amalgame entre les études de genre et la littérature comparée est sûrement plus accentué dans certaines aires géographiques, comme la France ou les États-Unis, que dans d’autres. Un facteur d’explication est peut-être institutionnel. Les centres comparatistes de Suisse, par exemple, sont petits – transversaux, ils comptent beaucoup d’associé⋅x⋅es, mais en propre, très peu de personnes directement actives. Difficile dès lors de généraliser le moindre propos sur les rapports que ces centres entretiennent, ou non, avec les études de genre : les statistiques sont peu pertinentes. Les études comparatistes et les études de genre représentent deux domaines de recherche dont l’importance transversale et internationale est à la fois bien reconnue et mal traduite en termes matériels, puisqu’ils restent la plupart du temps minoritaires en nombre et moyens par rapport aux sections réservées aux langues et littératures nationales. À cet égard, genre et comparée ont en commun d’être deux domaines monstres : ambitieux, gourmands en compétences et réseaux, ils ont une envergure générale (Kondrat et Manara, 2023), et sont en même temps si vastes qu’ils en semblent parfois désarticulés – déliés et changeants.

Pourtant, si le genre est parfois assimilé à un domaine de la littérature comparée, la comparée n’est pas, elle, identifiée comme un domaine particulièrement structuré par le genre. En dehors du fait que certaines des réticences les plus vivement formulées envers les études de genre sont parfois formulées au sein de contextes comparatistes (Perrot-Corpet, 2018 ; Plate, 2020 ; Hénin et al., 2022), il est parfois remarqué que les catégories d’analyse du genre peuvent contribuer à fausser, en les homogénéisant, les approches comparées de l’histoire littéraire (Higonnet, 2009, p. 136-137 ; Hoogenboom, 2013). En outre, on observe que les recueils qui se consacrent à une réflexion sur ce qu’est la discipline comparatiste ménagent assez rarement une vraie place aux études de genre. Par exemple, la revue comparatiste de référence en Suisse, Colloquium Helveticum, qui couvre une grande diversité de sujets transversaux de la discipline depuis 1985, n’a jamais consacré de numéro à un sujet « genre ». Autre exemple : la somme bilingue dirigée par Anne Tomiche en 2017 sur Le Comparatisme comme approche critique, en dépit des spécialisations de recherche de la directrice de publication, ne réserve aucune section au domaine des études de genre (mais bien des articles ponctuels, en revanche, voir notamment Arambasin, Marik ou Yacoub Khlif). On constate le même phénomène dans les sommes publiées dans différentes sphères linguistiques et nationales de développement de la comparée : du côté italophone (Gnisci, Sinnopoli, 2004 ; Boitani, Rocco, 2013), du côté germanophone (Zima, 2011 ; Zemanek, Nebrig, 2012 ; Dysernick 2015, Steigerwald et al., 2021), lusophone (Carvalhal, 2006 ; Eiras, 2013 et 2016 ; Faria, 2020) ou encore hispanophone (Sullà et. al, 2019). Certains cas sont intéressants : par exemple, dans Letterature comparate (Cristofaro, 2020), la table des matières semble d’abord annoncer la saisie d’une intersection entre comparée et genre. Une sous-partie du premier chapitre est en effet intitulée « Turbamenti delle identità » (troubles dans les identités, selon le jeu de mot convenu renvoyant à Butler) ; cet élément est suffisamment rare pour être souligné, et cependant ce ne sont que deux pages qui sont finalement réellement consacrées au sujet, ce qui reste assez décevant.

Si des numéros des revues comparatistes internationales Comparative Critical Studies, Comparative Literature Studies ou Intertexts se consacrent régulièrement à des sujets « genre », c’est la plupart du temps en suivant cette règle implicite et unilatérale de l’amalgame (ce que la comparée permet de penser en termes de genre). Ce que, réciproquement, le genre comme approche critique peut apporter à la discipline comparatiste, n’est pas interrogé directement, mais plutôt par la bande[3] : lorsqu’en sont questionnés des domaines spécifiques, par exemple la rhétorique (Plate, Zoberman, 2014), la traduction (Bazzoni, Paoli, 2023), l’approche comparée de deux autrices phares des études de genre (Adkins et al., 2022). Les numéros qui font exception sont, de manière notable, ceux qui se présentent comme directement rattachés au travail du comité de recherche en études de genre de l’International Comparative Literature Association (ICLA/AILC) (Higonnet, 2009 ; Spurlin, 2014). Ce phénomène a un corollaire inversé : les numéros qui s’emparent d’une réflexion disciplinaire sur la comparée en général – sur la critique comparatiste (Reynolds et al., 2015 ; Blakesley et al., 2023) et les valeurs qu’elle brasse comme celle de littérarité (Mattana, Rossi, 2020), ou de littérature mineure (Roig-Sanz, 2022), sur l’occidentalo-centrisme et la lecture trans-culturelle comparatistes (Singh, Iyer, 2016 ; Zhang, Lauer, 2017 ; Armillas-Tiseura, Garland Mahler, 2021), sur l’indiscipline comparatiste (Edmond, 2016), etc. – n’abordent que très peu les questions de genre.

On voudrait alors construire ce colloque de manière à prolonger le travail de celleux qui se sont emparé⋅x⋅es explicitement, parfois depuis longtemps, de cet amalgame paradoxal – variable, surprenant, unilatéral – entre genre et comparée en domaine littéraire. Les questionnements quant à la proximité des deux domaines ne sont pas nouveaux. En Italie et Suisse italienne, ils ont donné lieu à des travaux nombreux depuis la fin des années 1990 (voir Borghi, 1998 ; Gajeri, 1999 ; Agostini et al., 2004 ; Fortunati, 2005) ; dans le monde germanophone, des travaux reliant la littérature comparée et les études de genre se développent eux aussi à partir de la même époque (Öhlschläger 2005 ; Strate 2022 ; Nieberle 2013). Notons aussi que c’est, de même, dès 2002 que l’AILC se dote du comité de recherche en études de genre cité plus haut (voir Plate, 2020). Plus récemment, la journée d’étude « Littérature comparée et Gender » organisée par Anne-Isabelle François et Pierre Zoberman (2018) a contribué à réouvrir et réinterroger directement le sujet en France. Ces discussions sont amenées à être complétées très prochainement par de nouvelles mises au point liées à l’AILC, abordant par un angle comparatiste des questions queer, passées, futures et contemporaines (Zoberman, 2024 ; Zoberman, Heydari, 2024), et les études de genre sont citées parmi les ferments de renouvellement de la littérature comparée lorsqu’il est question de dresser de nouveaux bilans disciplinaires (Collectif, 2024-2025). Bref, il est temps de réactiver ces questions, de prendre à bras le corps cette lâche proximité qui interroge, pour un état des lieux actualisé.

 

Pistes (non exhaustives) pour les propositions de communication :

  • Pertinence ou désaccord avec cette idée d’amalgame : variations selon les traditions de recherche et d’enseignement locales et nationales, comparaison des comparatismes ; impacts des traditions anglo et franco-centrées sur ce type de réflexions.
  • Il y a une impression de « jeunesse », associée à celle de marginalité et de minorité, qui semble toucher à la fois les disciplines genre et comparée, en dépit de leur longue histoire ; d’où vient-elle, est-elle juste ?
  • Passés et présents comparatistes du genre. Histoire des liens entre les disciplines littéraires et les études de genre ; bibliographies, généalogies ; éventuelles divergences entre généalogies nords-suds, nords-nords, suds-suds ; place actuelle des méthodes littéraires comparatistes dans le champ du genre.
  • Trio comparée – interdisciplinarité – genre : quelles convergences, quelles difficultés méthodologiques ? Des spécificités du genre ? Quel rôle joué notamment par les études culturelles et par les pans transmédiatiques des études comparatistes ? Quels nouveaux chantiers interdisciplinaires ? Quels nouveaux chantiers comparatistes ? Quels remaniements épistémologiques ?
  • Jeux d’échelles : genre et catégories de la littérature « mondiale » ; enjeux continentaux ou transnationaux du genre ; impasses ou bénéfices méthodologiques du comparatisme face aux enjeux croisés du genre et du décolonial ; inversement, impasses ou bénéfices méthodologiques du genre et de ses généalogies scientifiques face aux enjeux comparatistes d’études transnationales.
  • Politiques de la littérature comparée : cohabitation des enjeux épistémologiques, scientifiques et militants, quels enjeux, quelles histoires, quelles difficultés, quelles réticences ? Épistémologies et éthiques du genre et de la comparée. Quels liens, extrinsèques, intrinsèques ; notamment pour ce qui concerne le genre, peut-on parler d’une politique de la littérature comparée comme on parle de politiques de la littérature, comme directions données aux études, saisie d’enjeux et dynamiques propres à une discipline ?
  • Genres du genre et généralités du genre : le genre est-il (et comment) une question « générale » (dans la littérature générale et comparée) ?
  • Enseignements du genre en littérature comparée ; « diriger » des études en études de genre.
  • Devenirs comparatistes du genre, devenirs genre de la comparée. Examen des convergences et similarités des méthodes et enjeux, comme des injonctions disciplinaires ou institutionnelles. Ressources institutionnelles du genre : rôle, leviers et freins des groupes et comité « genre » au sein des institutions de recherche.

Toutes les propositions sont bien sûr bienvenues, cette liste n’étant pas définitive.

 

Les propositions de communication attendues compteront environ 500 mots (espaces compris, hors bibliographie) ; elles seront accompagnées d’une notice bio-bibliographique. Le français est privilégié comme langue de communication, mais les contributions peuvent aussi être proposées et prononcées en anglais, en italien ou en allemand.

Vous pouvez les envoyer avant le 13 janvier 2025, aux adresses suivantes : francesca.catalano@unil.ch et aurore.turbiau@unil.ch.

Certains frais pourront être pris en charge par l’UNIL ; en cas de contrainte particulière, vous pouvez nous le signaler. Les frais de la première journée concernant les doctorant⋅es qui participeront à l’atelier ASLGC seront pris en charge.

 

Comité scientifique :

  • Hans-Georg Von Arburg, Université de Lausanne
  • Alain Ausoni, Université de Lausanne
  • Céline Berdaguer, Université de Genève
  • Romain Bionda, Université de Lausanne
  • Gabriela Cordone, Université de Lausanne
  • Sophie Jaussi, Université de Fribourg
  • Marie Kondrat, Université de Lausanne
  • Irène Le Roy Ladurie, Université de Lausanne
  • Joëlle Légeret, Université de Lausanne
  • Hélène Martinelli, ENS Lyon
  • Danielle Perrot-Corpet, Sorbonne Université
  • Marie Rosier, Université de Lausanne
  • Anne-Frédérique Schäpfler, Université de Fribourg
  • Anne Tomiche, Sorbonne Université
  • Marie-Jeanne Zenetti, Université Lumière Lyon 2

Notes :

[1] La précision est importante : hors du domaine spécifiquement littéraire, l’amalgame auquel sont le plus souvent sujettes les études de genre semble être plutôt celui qui les associe à la sociologie.

[2] En contexte francophone, parmi les premiers travaux à avoir pris à bras le corps le lien entre littérature et genre se trouvent par exemple La Petite Sœur de Balzac, de Christine Planté (1989), Lectures du genre d’Isabelle Boisclair (2002), Des femmes en littérature, de Martine Reid (2010), Comment faire des études-genres avec de la littérature de Guyonne Leduc (2014) : ceux de Planté et Reid sont résolument ancrés en études littéraires françaises, tandis que ceux de Boisclair et Leduc sont plus marqués par l’interdisciplinarité que par le comparatisme, bien qu’on en trouve des éléments au sommaire.

[3] Du reste, cette observation vaut sans doute pour tous les champs de recherche connexes à la comparée, pas seulement pour le genre : de même pour les études transmédiales, post ou décoloniales, culturelles, etc.

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