Une nouvelle étude du BEAM Lab, publiée dans la revue Cerebral Cortex, explore pour la première fois l'impact des conditions aléatoires lors d'une tâche de pointage sur les processus attentionnels et mnésiques.
Le principe de l'interférence contextuelle repose sur l'observation selon laquelle les variations d'une habileté motrice, telles que les distances de lancer d'une balle, produisent des effets d'apprentissage supérieurs lorsqu'elles sont pratiquées dans un ordre aléatoire plutôt que bloqué. Afin de mieux comprendre les différences cérébrales entre ces deux conditions de pratique, les chercheurs du BEAM Lab ont utilisé l'électroencéphalographie haute densité (HD-EEG) en combinant pour la première fois plusieurs analyses complémentaires.
Dans le cadre de sa thèse de doctorat à la Faculté des SSP, Alexandre Cretton a appliqué des analyses topographiques, des estimations de sources et des mesures de connectivité fonctionnelle afin d'examiner avec précision la dynamique des processus attentionnels et mnésiques sur de très courtes fenêtres temporelles, difficilement dissociables avec d'autres outils tels que l'IRM fonctionnelle.
Trente-cinq participants ont réalisé une tâche de pointage manuel à trois distances distinctes, dans des conditions d'apprentissage aléatoires et bloquées, selon un design croisé. Les résultats ont révélé que les topographies associées aux processus perceptifs/attentionnels (N1, P3a) et à la mémoire de travail (P3b) étaient significativement plus prononcées dans la condition aléatoire. Les analyses d'estimation des sources ont confirmé ces observations, mettant en évidence une activation accrue de la voie perceptive ventrale, du cortex cingulaire antérieur et des régions pariétales. La connectivité fonctionnelle est accrue au sein des réseaux alpha ventral et theta fronto-pariétal, favorisant l'engagement attentionnel et le contrôle cognitif pendant la pratique aléatoire.
Ces résultats suggèrent qu’exécuter une tâche motrice avec des variations aléatoires des conditions de réalisation stimule plus intensément les processus cognitifs liés à la préparation de l’action, notamment la perception, l’attention et la mémoire de travail. Ce travail a permis de préciser et de clarifier les hypothèses formulées jusqu’alors dans la littérature scientifique, en apportant des preuves empiriques sur les mécanismes neurocognitifs sous-jacents à l’interférence contextuelle.