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Mona Gérardin-Laverge, lauréate d’une bourse Marie Curie, rejoint le STS Lab

La chercheuse Mona Gérardin-Laverge a obtenu une bourse Marie Curie de type « Global Fellowship ». Ce prestigieux financement européen lui donne l’opportunité de travailler deux ans au STS Lab à l’Université de Lausanne (UNIL), où elle y mènera ses travaux sur le caractère complexe et multidimensionnel de l’avortement. Rencontre.

Publié le 12 févr. 2025

Quel est votre parcours ?

Docteure en philosophie, j’ai soutenu en 2018 à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne une thèse sur la performativité du langage ordinaire dans la construction du genre et des luttes féministes. A travers cette recherche, récompensée en 2019 par le 1er prix de thèse de l’Institut du genre, j’ai développé une approche interdisciplinaire des discours pour comprendre leur pouvoir sur les corps et leur rôle dans la production des normes. J’ai ensuite approfondi ce questionnement dans le cadre d’un post-doctorat en philosophie à l’université de Nanterre (2019-2020), portant sur les usages idéologiques de l’idée de nature dans les débats sur les droits sexuels et reproductifs. Cette recherche m’a donné envie de m’engager concrètement en faveur des droits reproductifs, et j’ai intégré en 2021 l’association du Mouvement français pour le planning familial. Cette expérience de terrain, ainsi que mon post-doctorat, m’ont conduite à collaborer de plus en plus étroitement avec des juristes pour interroger les questions reproductives depuis une perspective de philosophie du droit, ce qui a donné lieu à une recherche post-doctorale de deux ans au Séminaire Interdisciplinaire d’Études Juridiques à l’UC-Louvain Saint-Louis Bruxelles (2022-2024).

Pourquoi avoir postulé pour la bourse Marie Curie, que va-t-elle apporter à votre carrière ?

Cette bourse va me permettre de travailler deux ans au STS-Lab à l’UNIL sous la supervision de Cynthia Kraus avant de retourner à l’UC-Louvain Saint-Louis Bruxelles pendant un an. Ces trois ans de recherche seront suivis d’une phase de « non-academic placement » de six mois à la Fédération des Centres Pluralistes de Planning Familial à Bruxelles (FCPPF). Ce prestigieux financement européen me donne surtout l’opportunité de développer un projet de recherche ambitieux au sein de centres de recherche dynamiques, favorisant à la fois l’interdisciplinarité et l’internationalisation de mes travaux. Par ailleurs, la bourse Marie Curie soutiendra mon développement de carrière en me permettant de me consacrer pleinement à la recherche et à sa diffusion, tant académique (publications, monographie, colloques) que grand public (podcast, articles, vulgarisation scientifique). Elle va également me permettre de développer des compétences spécifiques en matière de gestion de projet et de demande de financement, que je mobiliserai dans d'autres contextes. Enfin, elle va me permettre de développer mes perspectives de carrière, que ce soit dans le secteur académique ou non académique.

Présentez-nous votre recherche en quelques mots.

Mon projet de recherche vise à ressaisir l’avortement dans son caractère complexe et multidimensionnel, en articulant les perspectives historique, juridique, politique, scientifique et technique, afin de repenser les droits reproductifs à l’aune d’une nouvelle compréhension du corps. Dans un premier temps, j’interroge l’avortement d’un point de vue corporel, c’est-à-dire à la fois biologique et médical, mais aussi expérientiel et vécu. Cela me permet de repenser le corps des femmes comme objet et sujet de la médecine, et de développer une approche globale de l’avortement, qui l’intègre au continuum de la santé sexuelle et de l’expérience reproductive. Dans un deuxième temps, j’articule une approche historique et philosophique sur le droit, pour comprendre comment l’avortement est construit par la loi et mesurer l’impact social et politique de cette construction. Dans un troisième temps, je mène une enquête de terrain dans les centres de planning familial de la FCPPF pour tester les hypothèses élaborées précédemment : rend-on mieux compte de l’expérience de l’avortement si l’on considère le corps comme le produit d’interactions entre le biologique et le social, plutôt que dans une perspective constructiviste dualiste ? Peut-on faire place à cette expérience vécue du corps dans les législations sur les droits reproductifs, et quel impact ces législations ont-elles en retour sur le vécu de l’avortement ? En collaboration avec la FCPPF, j’animerai un réseau pour faire dialoguer les secteurs académiques, associatifs et politiques. Mes résultats de recherche seront présentés dans plusieurs articles scientifiques, une monographie intitulée Abortion, Law and Nature, un podcast sur l’avortement et des recommandations à destination des institutions européennes.


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