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Journée Internationale de la Visibilité Trans*

Entretien avec Adèle Zufferey, psychologue et intervenante pour la Fondation Agnodice, qui soutient les enfants et adolescent·e·s trans* ainsi que leurs parents. La fondation sensibilise et forme les professionnel·le·s et le grand public à propos de la question de l’identité de genre.

Publié le 31 mars 2020
Sharon McCutcheon on Unsplash
Sharon McCutcheon on Unsplash

Le Bureau de l’égalité s’est entretenu avec Adèle Zufferey de la Fondation Agnodice, afin de se pencher sur la thématique des jeunes universitaires ou collaboratrices et collaborateurs de l’UNIL en transition, ou se questionnant sur leur identité de genre.
L’occasion de mettre en avant les besoins de ces jeunes durant leur parcours académique ou professionnel, mais aussi d’informer la communauté universitaire sur la nouvelle Directive 0.16 « Reconnaissance de l’identité de genre : utilisation du prénom d’usage et changement de formule de politesse pour les personnes trans* à l’UNIL ». 

 

Une transition de genre est liée à une réflexion profonde sur son identité de genre, autant au niveau individuel que dans l’espace social. Quelles sont les difficultés particulières auxquelles de jeunes adultes en transition, ou se questionnant sur leur identité de genre sont souvent confronté·e·s ?

Tout d’abord, la problématique la plus importante au niveau social, mais qui a aussi des implications psychologiques est la possibilité d’être reconnu·e socialement dans le genre qui est ressenti, ou aucun des deux, ou autre. Le fait d’être mégenré, par exemple, va impliquer une difficulté psychique pour la construction de soi. Dans un contexte scolaire ou académique cela impacte négativement la personne dans sa capacité à travailler, être en cours, ou encore être assidue, ce qui peut également amener à des décrochages scolaires ou académiques.

Une autre difficulté, plus environnementale, est relative aux violences qui peuvent être subies par ces personnes, que cela soit du harcèlement verbal, physique ou sexuel. Dans les études sur le sujet, les personnes LGBTIQ+ sont généralement plus à risque de subir des violences et d’avoir des traumatismes par rapport à une forme de violence oppressive. Cela peut également impliquer un stress et une anxiété plus importante.

 

Ces jeunes adultes ont-elles ou ont-ils des besoins particuliers durant un parcours académique/universitaire ?

Le besoin le plus important est un travail sur l’environnement, pour que ces jeunes soient reconnu·e·s dans leur identité. Cela veut dire pouvoir utiliser un prénom choisi, des pronoms adaptés, et cela indépendamment de comment la personne se présente en termes d’expression du genre. Il faut donc également travailler avec les institutions, pour qu’une expression non-stéréotypée n'invalide pas l’identité d’une personne. Les besoins sont donc assez « simples ». Il s’agit du respect de l’auto-définition de la personne, de ne pas remettre en cause le ressenti de la personne et ce même sans attestation médicale, ou changement à l’État civil. Cela permet une meilleure intégration académique, une meilleure intégration aussi avec les paires et évite certains risques d’outing.

Cette question est aussi liée à la notion de respect. Autrement dit, dans un établissement académique, chaque personne doit pouvoir être acceptée, respectée et traitée de la même façon, qu’importe son genre, son sexe, sa couleur de peau.

Ensuite une personne de soutien ou une permanence, vers laquelle il est possible de s’adresser, soit pour avoir de l’aide, soit obtenir des informations afin d’être accompagné·e, est également une ressource très importante.

 

Quelles mesures de soutien une institution universitaire peut-elle apporter à ses étudiant·e·s ou à ses collaboratrice et collaborateurs en questionnement, ou en transition d’identité de genre ?

La visibilité est très également très importante, même simplement à travers une affiche. Des études internationales montrent que si un établissement pose un signe montrant que chaque personne est bienvenue, cela implique une meilleure santé au travail pour le personnel LGBTIQ+, ainsi qu’une plus grande facilité à en parler. 

Une facilitation au niveau administratif, par exemple si la transition se fait pendant les années universitaires, de façon rapide et ce tout en préservant la vie privée de la personne est aussi une des mesures qu’une institution devrait permettre. 

Rester très attentif aux discriminations possibles est également crucial pour garantir la sécurité de la personne, qu’elles soient étudiant·e·s ou collaboratrices et collaborateurs, entre paires ou encore de la part de leur hiérarchie. Un plan anti-discrimination est donc une ressource qui me parait assez essentielle.

 

Depuis le 1er février 2020 l’Université de Lausanne s’est doté de la Directive 0.16 : « Reconnaissance de l’identité de genre : utilisation du prénom d’usage et changement de formule de politesse pour les personnes trans* à l’UNIL ». Celle-ci permet aux personnes dans un processus de transition d’identité de genre de changer de prénom d’usage et les formules de politesse pour les documents usuels de l’université. Cela indépendamment d’un changement officiel préalable à l’état civil et ne requiert pas la production d’un certificat ou d’une attestation médicale. 
Les documents officiels (tels que diplômes ou certificats de travail) sont, eux, modifiables, même rétroactivement, sur demande en cas de changement officiel de l’état civil. Que pensez-vous de ces mesures ?

Ces mesures sont un pas en avant et extrêmement importantes. Dans un premier temps dans la reconnaissance de l’identité des personnes, mais aussi dans l’avancée de la société. Peut-être une question qui se posera est celle de la non-binarité. Y aura-t-il peut-être une possibilité de supprimer cette formule « Madame, Monsieur » ? Il sera peut-être utile de laisser cette liberté-là. 
Pour la rétroactivité des diplômes, cela est extrêmement important et positif. Surtout pour éviter un outing auprès de ses futurs employeur·e·s et sur son lieu de travail, si un changement de genre a été fait par la suite.

Je suis contente que l’université se positionne comme cela sur ces questions. Il y a encore beaucoup de choses à faire au niveau sociétal, mais nous avançons sur la bonne voie.

 

Ressources

La Directive 0.16 s’inscrit dans l’engagement de la Direction de l’Unil d’offrir un environnement inclusif, égalitaire et respectueux de la diversité afin de permettre à toutes et tous d’y étudier ou travailler avec un sentiment de sécurité, de confiance et d’appartenance.

Le Bureau de l’égalité est à disposition pour tout conseil ou soutien dans les démarches, ainsi que pour apporter son expertise/aide pour toute difficulté rencontrée à l’UNIL en lien avec l’identité et la transition de genre.

Le Service des ressources humaines propose également de soutenir les personnes trans* dans leurs relations de travail.

 


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