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Des métaphores algorithmiques

Sarah Kenderdine, professeure de muséographie digitale à l’EPFL, codirige le projet «Code/poésie (Digital Lyric)» visible du 9 juin au 4 juillet au château de Morges. Selon elle, l’intelligence artificielle ouvre de nouvelles perspectives pour les poètes.

Publié le 09 juin 2020
Sarah Kenderdine est la directrice du laboratoire artistique ArtLab EPFL (© Fondation ArtTech / Alain Herzog).
Sarah Kenderdine est la directrice du laboratoire artistique ArtLab EPFL (© Fondation ArtTech / Alain Herzog).

Elle est l’auteure de plus de 80 expositions à travers le monde. La directrice du laboratoire artistique ArtLab EPFL Sarah Kenderdine a été invitée par Antonio Rodriguez, professeur en littérature française à l’UNIL, à codiriger avec lui le projet « Code/poésie (Digital Lyric) » présenté au château de Morges jusqu’au 4 juillet. Ensemble, les deux chercheurs ont coordonné des experts issus de leurs institutions respectives, ainsi que de la Haute école d'ingénierie et de gestion du Canton de Vaud et de la Haute école d'art et de design de Genève. « Cet évènement a pu naître grâce à une constellation unique qui existe en Suisse. Nous avons travaillé avec des hautes écoles scientifiques et artistiques, c’était un véritable exploit de mener tous ces groupes provenant d’horizons différents, mais nous avons réussi ! sourit la professeure de muséologie numérique à l’EPFL. Antonio Rodriguez avait une vision très claire de ce qu’il voulait sur le plan conceptuel. Mon équipe et moi l’avons simplement soutenu dans le travail de codage et de visualisation de certaines œuvres », assure-t-elle.

Art combinatoire

Parmi ses contributions, la « Roue poétique », un dispositif interactif adapté d’une œuvre qu’elle avait réalisée pour une exposition à Shanghai en 2014. Cette création donne l’occasion au visiteur de recomposer les performances de l’auteur singapourien Edwin Nadason Thumboo, qui récite ses poèmes à travers 27 vidéos. « La recombinaison permet de faire émerger des métaphores nouvelles et des sens multiples, à la façon de l’OuLiPO (Ouvroir de littérature potentielle). Un art auquel l’informatique se prête bien, commente-t-elle. Si vous utilisez un algorithme pour écrire vos vers, vous pouvez également obtenir ce genre de résultats. »

Celle qui croit « très fortement » au concept Human-in-the-loop (un modèle qui tire parti de l’intelligence à la fois humaine et artificielle pour créer des logiciels d’apprentissage automatique) rappelle l’importance des collaborations multidisciplinaires à notre époque. « Des outils pertinents pourraient être développés pour la création de nouvelles formes de poésie grâce à des associations entre chercheurs en informatique et poètes. Il est temps que les auteurs commencent à s’approprier ce langage et à explorer ses possibilités avant que des entreprises comme Google ne l’exploitent dans un but uniquement mercantile », conclut la muséologue.


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