Pendant le mois de mai 2024, l’UNIL - comme d’autres institutions universitaires en Suisse et à l’étranger – a été le théâtre de mobilisations en faveur de la cause palestinienne. Ces événements ont provoqué quantité de positions diverses à l’échelle cantonale et nationale, au sein de la communauté de l’UNIL mais également de la part des médias, du monde politique ou sur les réseaux sociaux. En complément à plusieurs communications qu’elle a déjà faites, la Direction de l’UNIL juge opportun de rappeler sa position et informer sur les travaux qu’elle a entrepris.
La souffrance de la population palestinienne est source de profonde préoccupation et d’indignation, tout comme la situation des personnes israéliennes détenues en otages. Le nombre de personnes de part et d’autre qui ont perdu la vie, ont été blessées ou détenues, ou dont l’existence est déracinée ou bouleversée par la perte ou la disparition de proches continue d'augmenter chaque jour. Soulignant qu’il ne lui appartient pas de se positionner à l’égard de parties belligérantes, l’UNIL exprime tout particulièrement sa consternation face à l’ampleur des destructions des structures de formation à Gaza. Elle partage l’inquiétude des rapporteur·e·s des Nations Unies dont les communications relatent la destruction de la totalité des bâtiments universitaires et la mort ou blessure de milliers d’étudiant·e·s et professeur·e·s, avec un effet dévastateur sur le système universitaire palestinien.
Face aux appels à un boycott généralisé des institutions universitaires israéliennes en réaction à cette situation, l’UNIL se doit de rappeler que sa mission première est d’offrir en Suisse à ses chercheur·e·s et étudiant·e·s un environnement qui favorise l’émergence et la transmission de savoirs fondés sur des méthodes critiques et rigoureuses, la confrontation des idées, la réflexion éthique et le respect de la déontologie scientifique. Elle ne peut y arriver qu’en garantissant et défendant la liberté académique.
Dans le cadre ainsi posé, la Direction considère qu’une interruption immédiate et généralisée de ses relations ou de celles de ses chercheur·e·s avec des institutions ou chercheur·e·s israélien·ne·s contreviendrait à la liberté académique ; elle priverait également de leurs moyens des chercheur·e·s et étudiant·e·s dont les travaux étaieraient une approche critique des événements en cours dans la bande de Gaza.
La Direction n’entend cependant pas se soustraire à son devoir de diligence. Elle s’est donc engagée à créer une cellule d’expert∙e∙s qui évaluera les collaborations avec des instituts scientifiques en contexte de conflit armé ou d’autres contextes sensibles qui présentent un risque élevé en termes d’éthique, d’intégrité scientifique, de respect du droit international et de liberté académique. Elle incite également ses chercheur·e·s à faire preuve de la plus grande vigilance dans leurs collaborations scientifiques en pareilles situations. Les travaux ont déjà commencé avec le bureau de la commission d’éthique de la recherche (CER-UNIL) comme cela a été communiqué le 28 mai dernier. L’objectif est que ce nouveau dispositif soit opérationnel dans le courant de l’été.
En outre, l’UNIL est membre depuis plusieurs années du réseau Scholars at risk, qui vise à proposer des séjours de recherche pour des chercheur·e·s dont la vie, la liberté et le bien-être sont menacés dans leur pays. L’UNIL appelle ses chercheur·e·s, selon les modalités de ce dispositif, à s’en saisir en faveur de collègues palestinien·ne·s.
De manière similaire, des étudiant·e·s palestinien·ne·s qui viendraient en Suisse pour poursuivre leur cursus que les conditions à leur domicile rendraient impossible, peuvent bénéficier des dispositifs de soutien et d’accueil développés à l’UNIL, dès l’obtention de leur autorisation de séjourner en Suisse.
Finalement, consciente des nombreux obstacles à toute mobilité auxquels sont confrontés les membres des universités palestiniennes, la Direction va développer un programme de soutien des capacités académiques dans des régions détruites par la guerre, via notamment le soutien d’échanges scientifiques, aides à la formation de la relève scientifique, programmes doctoraux ou autres solutions.
La circulation d’un rapport sur les liens entre l’UNIL et les institutions israéliennes a également suscité de nombreuses réactions. La Direction précise qu’elle n’est impliquée en aucune manière dans la production de ce document. Bien que les informations qu’il contient sur les collaborations scientifiques soient du domaine public, la Direction réitère sa condamnation de la publication de noms de chercheur·e·s de l’UNIL dans ce document. Elle déplore également le fait que les auteur·ice·s du rapport restent anonymes. La Direction continuera d’offrir toute forme de soutien aux chercheur·e·s concernés.
La Direction de l’UNIL réitère combien elle est consciente de l’émotion que la situation au Moyen-Orient peut générer, et dans quelle mesure celle-ci impacte les prises de position de membres de sa communauté. Elle est également consciente que l’agitation occasionnée sur le campus, sur les réseaux sociaux et dans les médias a pu générer de l’anxiété ou de la frustration chez certains des membres de la communauté, ce qu’elle comprend et regrette vivement. En ce sens, elle invite toute personne en prise avec une situation interpersonnelle problématique sur le campus de l’UNIL (agression, harcèlement, violence psychologique, discrimination, antisémitisme, islamophobie) à contacter Aide | UNIL, le dispositif de protection du climat de travail et d’études de l’UNIL, qui pourra lui proposer une écoute, des conseils et un accompagnement personnalisé en toute confidentialité. Tous les actes et discours répréhensibles qui auront été signalés seront pris en considération et pourront faire l’objet d’une investigation.
La Direction invite chaque membre de la communauté de l’UNIL à faire preuve de retenue et respect favorisant le vivre ensemble dans ces circonstances difficiles et douloureuses.